Test Blu-ray 4K Ultra HD : Sugarland Express

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Sugarland Express

États-Unis : 1974
Titre original : The Sugarland Express
Réalisation : Steven Spielberg
Scénario : Steven Spielberg, Hal Barwood, Matthew Robbins
Acteurs : Goldie Hawn, Ben Johnson, William Atherton
Éditeur : Universal Pictures
Durée : 1h50
Genre : Policier
Date de sortie cinéma : 12 juin 1974
Date de sortie DVD/BR/4K : 4 décembre 2024

Clovis Poplin s’apprête à être libéré de prison. Mais sa femme l’incite à s’évader pour aller récupérer leur enfant dans la ville de Sugarland. S’engage alors une course poursuite effrénée entre le duo, qui prend en otage un policier, et les autorités…

Le film

[4/5]

Sugarland Express est régulièrement considéré comme le premier film de Steven Spielberg : bien sûr, le film est sorti deux ans après Duel, mais avant de se voir exploité dans les salles un peu partout dans le monde, ce dernier avait, à l’origine, été tourné pour la télévision. De fait, il est exact que Sugarland Express est le premier vrai film « de cinéma » de Spielberg, doublé de la confirmation que le jeune réalisateur était bel et bien l’un des talents cinématographiques les plus innovants des années 70 aux États-Unis.

Car avec Sugarland Express, le cinéaste alors âgé de 28 ans démontrait non seulement qu’il avait les capacités de superviser une grosse production impliquant des dizaines de véhicules, des centaines de figurants et une poignée de scènes d’action efficaces, mais également qu’il était en mesure de développer un remarquable sens du cadre et de la lumière. Bien sûr, une partie de la réussite formelle du film est à porter au crédit de son directeur de la photo Vilmos Zsigmond, qui nous livrait sur ce film un travail absolument superbe.

Pour l’essentiel, Sugarland Express est un « chase movie », c’est-à-dire un film de poursuite, même s’il comporte de nombreux détours et pauses en cours de route, et même si l’essentiel de la poursuite s’y fera au « ralenti ». Le film s’attarde sur les déboires d’un jeune couple, Lou Jean et Clovis Poplin, ce dernier ayant curieusement été renommé Gilbert dans la version française. Elle est tout juste sortie de prison, lui vient à peine de s’en évader. Incarnés à l’écran par Goldie Hawn et William Atherton, ils cherchent à récupérer leur fils, qui a été placé dans une famille d’accueil. Pour aller chercher leur progéniture, les deux héros du film prendront en otage un jeune flic (Michael Sacks), ce qui leur vaudra d’être pris en chasse par des dizaines de voitures de police, menées par le bienveillant capitaine Tanner (Ben Johnson). Au fur et à mesure que le cortège progresse dans le paysage texan, les Poplin deviennent des célébrités dans les petites villes qu’ils traversent, ce qui donne à Lou Jean, en particulier, un sentiment renouvelé de confiance dans la justesse de sa cause.

L’intrigue de Sugarland Express est librement inspirée d’un incident réel survenu en 1969. Telle qu’elle nous est racontée, l’histoire est globalement dépourvue de sentimentalisme, et la tonalité de l’ensemble s’avère assez sombre, notamment dans son dénouement, ce qui rompt assez clairement avec les films que tournera Steven Spielberg tout au long des décennies suivantes. Pour autant, le film marque déjà tout le savoir-faire technique et narratif du cinéaste : le rythme, l’humour et l’émotion sont bel et bien là, de même que quelques thèmes qui deviendront récurrents dans son œuvre, tels que la famille décomposée ou l’idée de « traque ». D’une façon assez amusante, le film prend également le parti-pris inverse de Duel, dans lequel la menace était « mécanique » ; ici au contraire, la voiture représente le confort et la sécurité, tandis que l’extérieur est synonyme de danger (la scène des toilettes, la fusillade dans le garage…).

Il n’échappera à personne qu’en dépit des qualités du casting dans son ensemble, le véritable héros de Sugarland Express, c’est le capitaine Tanner, interprété avec une gravité taciturne par l’excellent Ben Johnson. Bien conscient que Clovis et Lou Jean ne sont que deux gamins paumés qui ne réalisent pas tout à fait la merde dans laquelle ils se sont fourrés, il fera tout pour les épargner et tenter de leur sauver la peau. Mais sous la pression d’un trop grand nombre de personnes et, osons l’affirmer, d’un trop grand nombre d’armes à feu, l’espoir d’une résolution pacifique s’éloignera peu à peu dans l’esprit du vieux flic, ce que Spielberg illustre à l’image par une série de nuages sombres tourbillonnant autour de son visage buriné par le temps.

Le Blu-ray 4K Ultra HD

[4/5]

Disponible au format Blu-ray 4K Ultra HD sous les couleurs de Universal Pictures, Sugarland Express s’offrece mois-ci un petit ravalement de façade 4K, et le résultat s’avère globalement assez payant en termes de finesse et de restitution du grain cinéma : le rendu visuel est excellent, fidèle à l’aspect original du film, et l’upgrade 4K permet principalement de réhabiliter la légère granulation du film, ainsi bien sûr que la précision éblouissante de certains plans d’ensemble, absolument bluffants et rendant pleine justice à la superbe photo de Vilmos Zsigmond. Au final, le rendu proposé ici par Universal est solide, même si on pourra noter quelques abus de dégrainage par ci, par là, qui l’empêchent d’atteindre la perfection attendue. Côté son, l’éditeur nous propose une VO mixée en Dolby TrueHD 5.1, propre, sans souffle, bénéficiant d’une spatialisation assez discrète. Essentiellement frontal, le mixage préserve heureusement l’esprit du film et nous propose au final une excellente immersion au cœur de l’intrigue. Ceux qui ont découvert le film en VF dans leurs jeunes années pourront se rabattre sur la version française en DTS 2.0, avec les voix de Michèle Bardollet, Bernard Murat, Jean Martinelli, Sylvain Joubert et beaucoup d’autres..

Du côté des suppléments, on trouvera un sujet sur la restauration du film (13 minutes), qui nous permettra de faire une petite visite guidée des archives de la Universal : nombre de sujets sont abordés, tels que l’importance du stockage et de l’entretien des bobines. La restauration de Sugarland Express et d’une poignée d’autres films est abordée, et des informations concernant la restauration, la réparation des plans abimés, le HDR ou encore la correction des couleurs nous sont livrées, et s’avèrent intéressantes, notamment en ce qui concerne le film de Spielberg et la « normalisation » des couleurs du ciel pour des scènes censées se dérouler à quelques minutes d’intervalle. On terminera enfin avec la traditionnelle bande-annonce.

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