Smile 2
États-Unis : 2024
Titre original : –
Réalisation : Parker Finn
Scénario : Parker Finn
Acteurs : Naomi Scott, Rosemarie DeWitt, Kyle Gallner
Éditeur : Paramount Pictures
Durée : 2h07
Genre : Fantastique, Horreur
Date de sortie cinéma : 16 octobre 2024
Date de sortie DVD/BR/4K : 19 février 2025
Sur le point de se lancer dans une nouvelle tournée mondiale, la sensation pop mondiale Skye Riley commence à vivre des événements de plus en plus terrifiants et inexplicables. Accablée par les horreurs qui s’intensifient et les pressions de la célébrité, Skye est forcée d’affronter son sombre passé pour reprendre le contrôle de sa vie avant qu’elle ne sombre dans le chaos…
Le film
[4/5]
Lors de sa sortie sur les écrans du monde entier en 2022, Smile était parvenu à titiller durablement l’attention des amateurs de cinéma horrifique. Certes, le film s’appuyait encore beaucoup sur l’horreur « concept » popularisée par Jason Blum et Blumhouse Productions, mais contre toute attente, il avait réussi à apporter une véritable bouffée d’air frais dans le monde assez formaté du genre. Comme on l’avait souligné dans notre critique il y a deux ans, on avait été assez impressionné par la façon dont le scénariste / réalisateur Parker Finn s’était affranchi des codes d’un cinéma généralement plutôt orienté « ados » pour nous proposer une œuvre viscérale, dérangeante et extrêmement violente, qui n’hésitait à secouer le spectateur dans son fauteuil. En effet, le moins que l’on puisse dire, c’est que Smile n’avait pas volé sa classification « R » aux États-Unis (« interdit aux moins de 17 ans non accompagnés d’un adulte »), même si en France, il n’avait finalement écopé que d’une interdiction aux moins de 12 ans… Que l’on ne parvient toujours pas réellement à s’expliquer.
La réussite de Smile avait contribué à placer d’entrée de jeu Parker Finn dans la catégorie des réalisateurs à suivre, en raison de son refus des concessions et de sa façon d’envisager l’horreur sous un angle plus « adulte » que la plupart de ses contemporains. De ce fait, le scénariste / réalisateur de 37 ans était attendu au tournant pour son deuxième film, et comme il fallait s’y attendre, c’est avec Smile 2 qu’il revient aujourd’hui sur le devant de la scène. Alors, est-il parvenu à réitérer l’exploit de son premier film avec ce retour à l’univers qui a fait son succès ? On ne va pas tourner autour du pot, la réponse est oui : Parker Finn nous propose en effet avec Smile 2 un film en tout point supérieur à son modèle, et un véritable uppercut de cinéma qui prouvera aux plus cyniques parmi les cinéphiles que le cinéma d’horreur en a encore sous le pied, et qu’avec des cinéastes tels que Mike Flanagan, les frères Philippou ou Parker Finn, la relève du genre semble aujourd’hui clairement assurée.
Smile 2 commence pile six jours après les événements du premier film. Dans les premières minutes, on retrouvera le héros de Smile, Joel (Kyle Gallner), au cœur d’une tétanisante scène d’ouverture tournée en plan-séquence, qui marque d’entrée de jeu la volonté de Parker Finn de proposer au spectateur un récit ambitieux aussi bien d’un point de vue narratif que d’un point de vue formel. Violente et expéditive, cette introduction permettra à Joel de transmettre « l’entité » à Lewis (Lukas Gage), un dealer à la petite semaine. Le public est par la suite amené à rencontrer l’héroïne du film, Skye Riley, une star de la pop incarnée par Naomi Scott. Se situant artistiquement quelque-part entre Lady GaGa et Rihanna, Skye a connu les affres de la vie de star : drogues, alcool et excès en tous genres, qui l’ont finalement mené à un accident de voiture ayant causé la mort violente et extrêmement médiatisée de son petit ami Paul (Ray Nicholson).
Un an après cet événement tragique et après avoir enchaîné les cures de désintox, Skye Riley tente un come-back artistique en se lançant dans une nouvelle tournée. Profondément marquée psychologiquement par le drame, elle l’est aussi dans sa chair, et lutte contre des douleurs dorsales dues à l’accident, qu’elle contrôle tant bien que mal à l’aide de vicodin, un analgésique qu’elle se procure auprès de… Lewis, celui-là même que nous avions découvert dans la première séquence de Smile 2. Bien sûr, Lewis ne tarde pas, en mode Grand-Guignol, à transmettre l’entité à Skye, qui devra faire face à ce traumatisme du corps et de l’âme tout en tentant de recoller les morceaux de sa vie et sa carrière. Tel est donc le point de départ de ce récit ambitieux et convaincant, qui dépasse largement le cadre simplet de son concept du « sourire flippant » et nous propose en réalité une intéressante réflexion sur les blessures du passé, et plus particulièrement celles qui ne parviennent jamais vraiment à se refermer.
Avec cette entité qui se nourrit des traumatismes passés, Smile 2 explore les plus sombres recoins de la psyché humaine, la terreur se mêlant à la douleur, aux angoisses, aux doutes, aux complexes ou à la culpabilité. Même sans dire un seul mot, les personnages qui sourient à Skye remuent en elle – et chez le spectateur – un malaise diffus, qui ne tardera pas à se muer, comme chez les autres « infectés », en une panique intense suivie d’un bon gros craquage, souvent accompagné de dommages corporels spectaculaires et/ou grotesques. Smile 2 se situe ainsi, et d’une façon assez unique, entre deux conceptions de l’horreur que l’on se plaît habituellement à opposer, à savoir le « gore » et l’horreur psychologique. Pourtant, c’est bel et bien le cas : il s’agit en effet d’un film extrêmement gore, mais qui reste toujours sur les rails du premier degré, et s’impose de fait également comme un film d’horreur psychologique sombre, profond et dérangeant.
Toute la narration de Smile 2 est d’ailleurs basée sur le malaise psychologique grandissant de son héroïne Skye, savamment orchestré par Parker Finn. Avec son directeur de la photographie Charlie Sarroff, qui officiait déjà sur le premier opus, le cinéaste parvient à utiliser à merveille les angles, les éclairages et les décors qui ont été mise à leur disposition, et tout est mis en œuvre de manière à plonger le public plus profondément dans la psyché perturbée de son héroïne. D’ailleurs, on ne pourra que saluer la performance de Naomi Scott, absolument merveilleuse dans le rôle de Skye, la chanteuse pop dont l’esprit et le corps déjà fragiles et fatigués sont tourmentés par « l’entité ». La jeune actrice / chanteuse nous livre une performance exceptionnelle, n’hésitant jamais à aller loin, très loin dans le grotesque et les excès. On lui souhaite que ce premier rôle remarqué fasse enfin décoller sa carrière, de la même façon que Midsommar a pu faire exploser celle de Florence Pugh !
Le Blu-ray 4K Ultra HD
[4/5]
A la sortie de Smile au format Blu-ray 4K Ultra-HD il y a deux ans, on avait trouvé qu’il s’agissait sans aucun doute de l’un des plus beaux disques 4K qu’il nous ait été permis de découvrir depuis les début du support. Valeur sûre du catalogue de Paramount Pictures, la franchise créée par Parker Finn est indéniablement soignée par l’éditeur en termes de définition et d’encodage. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Smile 2 s’avère un véritable régal en Katka, rendant vraiment justice à la sublime photo de Charlie Sarroff, jouant énormément sur les contrastes très forts, volontairement extrêmement saturés. A l’image, le résultat est assez époustouflant : le niveau de détail est tout simplement hallucinant, et même si le film se déroule le plus souvent dans le noir ou dans l’obscurité, la palette colorimétrique HDR-10 est extraordinaire, et les contrastes – de même que la tenue des noirs – sont réellement impressionnants. C’est tout simplement magnifique.
Côté son, Paramount nous propose de redécouvrir Smile 2 dans une version originale mixée en Dolby Atmos (avec un « core » Dolby TrueHD 7.1), qui fait honneur à l’ampleur et l’ambition du film de Parker Finn. Les ambiances sont restituées de façon impressionnante, d’un dynamisme et d’une force tout simplement bluffantes. La version française devra quant à elle se contenter d’un mixage Dolby Digital 5.1, mais ce dernier s’avère souvent tonitruant, moins extraordinaire que la VO en termes de finesse et de précision, mais proposant tout de même un confort d’écoute tout à fait appréciable pour les fans de VF.
Du côté des suppléments, Paramount Pictures nous propose, outre le traditionnel commentaire audio assuré par le réalisateur Parker Finn, un ensemble de featurettes à la fois divertissantes et informatives. On commencera par la classique petit making of (5 minutes), qui reviendra sur le succès du premier film et les défis à relever pour cette suite. On continuera avec un sujet centré sur le personnage de Skye Riley (6 minutes) et sa personnalité pour le moins trouble, et on abordera ensuite la musique du film (5 minutes), que l’on doit au groupe Take a Daytrip ainsi qu’à Idarose, alias Alexis Kesselman.
Les featurettes suivantes sont consacrées à des scènes du film en particulier : on commencera avec l’ouverture du film (6 minutes), à savoir le retour du personnage de Joel et la mise en place du long plan-séquence, on continuera avec la scène finale (6 minutes), qui détaille les effets pratiques déployés sur le plateau afin de donner naissance au monstre, on embrayera avec la scène de l’appartement de Lewis (5 minutes), qui nous montrer dans le détail les différentes étapes du changement de visage du personnage, et on terminera avec un focus sur le tournage de la scène de l’accident de voiture (5 minutes). Enfin, on terminera avec une petite sélections de scènes coupées et/ou alternatives (7 minutes) : l’intégralité du clip de la chanson « Grieved You » de Skye Riley, une version longue de la scène de répétitions de danse et une scène prenant place après les événements de la soirée caritative et mettant face à face Skye et sa mère.