Sixième Sens
États-Unis : 1999
Titre original : The Sixth Sense
Réalisation : M. Night Shyamalan
Scénario : M. Night Shyamalan
Acteurs : Bruce Willis, Haley Joel Osment, Toni Collette
Éditeur : Hollywood Pictures Home Video
Durée : 1h47
Genre : Fantastique
Date de sortie cinéma : 5 janvier 2000
Date de sortie BR4K : 18 décembre 2024
Le docteur Malcolm Crowe, psychologue pour enfants, est hanté par son échec vis-à-vis d’un jeune patient perturbé qu’il n’a pas réussi à aider. Lorsqu’il rencontre Cole Sear, un garçon de 8 ans aux mêmes symptômes, il se promet de tout faire pour l’aider. Mais le secret de Cole est terrible : son imaginaire est visité par des esprits menaçants. La recherche d’une explication rationnelle guidera l’enfant et le thérapeute vers une vérité foudroyante…
Le film
[4/5]
La carrière de M. Night Shyamalan a véritablement explosé avec Sixième Sens (1999), son troisième film en tant que réalisateur. Acclamé par la critique et le public, il continuerait sur sa lancée avec Incassable (2000) et Signes (2002), deux autres énormes succès qui étaient parvenus à mettre tout le monde d’accord. Ces trois films ont largement contribué à créer une véritable « légende » autour du cinéaste, considéré comme un prodige du 7ème Art, et régulièrement comparé à Alfred Hitchcock. Par la suite, la réputation de M. Night Shyamalan a rapidement périclité : ses films continuent à faire des entrées dans le monde entier, mais la critique dénonce la « recette » un peu trop éprouvée qu’il s’évertue à renouveler long-métrage après long-métrage. Pour autant, il y a tout juste 25 ans, M. Night Shyamalan était salué comme l’un des cinéastes les plus inventifs de son temps, et tout ça, en gros, grâce à la façon assez brillante dont il avait orchestré un époustouflant « twist » narratif1 dans les dernières minutes de son Sixième Sens en 1999. Un tour de force qui l’avait hissé en un éclair aux plus hauts échelons de l’industrie cinématographique américaine, et que l’on redécouvre aujourd’hui dans toute sa splendeur au format Blu-ray 4K Ultra HD.
On se rafraîchit la mémoire avec le pitch de Sixième Sens, « LE » film dont il ne faut pas révéler la fin : quelques mois après avoir vécu un drame avec l’un de ses anciens patients s’étant introduit chez lui par effraction, le psychologue pour enfants Malcolm Crowe (Bruce Willis) commence à travailler avec un jeune garçon perturbé du nom de Cole Sear (Haley Joel Osment), qui souffre d’anxiété aiguë. Au terme de plusieurs séances, ce dernier finira par lui révéler son secret : il voit « des gens qui sont morts ». Tout le temps, partout, ne voyant que ce qu’ils choisissent de voir, et ne se voyant pas les uns les autres. Et alors qu’il commence à découvrir que les visions du jeune garçon sont bel et bien réelles, le psychiatre doit faire face au fossé qui, depuis l’effraction, ne cesse de se creuser entre lui et sa femme Anna (Olivia Williams)… Car derrière l’histoire de fantômes, qui occupe la quasi-totalité de l’intrigue du film, Sixième Sens nous propose également, en arrière-plan, l’histoire d’un amour perdu, qui pourra être considéré comme une métaphore de l’importance d’embrasser la vie et les personnes que l’on aime avant de ne plus pouvoir le faire. L’arc narratif entre Malcolm et Anna est certes secondaire, mais leur relation est une des forces motrices de l’intrigue imaginée par M. Night Shyamalan.
Pour le reste, et au-delà des scènes de flippe régulièrement efficaces, Sixième Sens fonctionne essentiellement à travers les interactions entre Malcolm et Cole. Ceux dernières permettent au psychiatre, qui retrouve dans les problèmes du jeune homme ceux de celui qu’il n’a pas réussi à sauver, de corriger les erreurs de son passé. La mélancolie, qui baigne tout à la fois l’intrigue de fantômes et l’amour entre les personnages, est brillamment reliée à l’évolution des protagonistes principaux à la révélation qui survient à la fin du film. La façon dont M. Night Shyamalan démêle sans effort les fils d’une intrigue relativement complexe par le biais de petites touches subtiles et d’indices contextuels présents dans de nombreux plans de Sixième Sens est absolument remarquable. Pour autant, et si le film fonctionne toujours parfaitement après plusieurs visionnages, il comporte néanmoins au moins une grosse incohérence, qui nous était clairement apparue à notre prime découverte du film il y a 25 ans, et qui nous a à nouveau sauté au visage aujourd’hui : pour ceux que cela intéresse, rendez-vous au prochain paragraphe !
[Attention #Spoilers] Si vous avez vu le film, vous connaissez parfaitement la nature du personnage incarné par Bruce Willis, et il faut reconnaître que M. Night Shyamalan a fait énormément d’efforts afin d’éviter que Malcolm ait des interactions avec l’entourage de Cole. Pour autant, un élément nous amène à penser que la prise de conscience de Malcolm, qui n’apparaît qu’à la toute fin du film, aurait pu/du se dérouler bien plus tôt. En effet, la deuxième rencontre entre Malcolm et Cole se déroule quand le jeune garçon rentre de l’école. On le voit passer la porte de sa maison, et découvrir sa mère (Toni Collette), assise dans le canapé, Malcolm confortablement installé en face d’elle. Alors soit, les deux adultes n’échangent aucun mot durant la séquence, ce qui, dans l’absolu, colle parfaitement avec la révélation finale. Sauf que… Comment Malcolm est-il arrivé dans le fauteuil ? La logique nous mène à penser qu’afin de s’installer dans un fauteuil qui n’est pas le sien, il a préalablement du sonner à la porte et se présenter à la maman comme le thérapeute de son fils. Cependant, si une telle situation s’était produite, il y a de fortes chances que le Dr se soit rendu compte de sa situation bien avant la fin du film… [Fin des #Spoilers]
Le Blu-ray 4K Ultra HD
[4,5/5]
Sorti au format Blu-ray en 2008 (la préhistoire !), Sixième Sens avait bel et bien besoin d’une restauration 4K, et c’est précisément ce que nous propose aujourd’hui Hollywood Pictures Home Video (Buena Vista). L’image de ce Blu-ray 4K Ultra HD du film, qui bénéficie de la technologie HDR10, nous propose un rendu visuel aussi sobre qu’époustouflant. Le niveau de détail est excellent, et même si le film se déroule le plus souvent dans le noir ou dans l’obscurité, la palette colorimétrique est extraordinaire, et les contrastes – de même que la tenue des noirs – sont réellement impressionnants. Pour parachever le tout, le grain cinéma a été scrupuleusement respecté, apportant à l’image une touche argentique du meilleur effet : c’est tout simplement magnifique – un des upgrades les plus beaux et les plus spectaculaires qui nous ait été donné de voir concernant un film de « catalogue ». Même constat d’excellence du côté du son : immersive, puissante, en un mot grandiose, la piste son en version originale, mixée en DTS-HD Master Audio 5.1, fait honneur à l’ampleur et l’ambition du film de M. Night Shyamalan. Les ambiances sont restituées de façon impressionnante, d’un dynamisme et d’une force tout simplement bluffantes. La version française n’est pas en reste, puisqu’elle bénéficie d’un mixage DTS-HD Haute-Résolution Audio 5.1, mais le mixage s’avère excellent, presque aussi extraordinaire que la VO en termes de finesse et de précision, et proposant un confort d’écoute tout à fait appréciable pour les fans de VF.
Pour ce qui est des suppléments, il faudra se rabattre sur le Blu-ray du film, également disponible dans le boîtier. On y retrouvera l’intégralité des bonus de l’édition Blu-ray de 2008, en commençant par un intéressant making of (39 minutes). Ce dernier nous donnera à voir et à entendre les principaux acteurs – Bruce Willis, Toni Collette, Haley Joel Osment, Olivia Williams, Donnie Wahlberg – ainsi que le réalisateur M. Night Shyamalan, pour un regard plus approfondi sur la réalisation du film. Le cinéaste reviendra sur la genèse de son projet, et ses propos sont les plus intéressants du lot, dans le sens où les acteurs soutiennent ses commentaires mais nous proposent « leur » vision des thèmes du film et de l’évolution de leurs personnages. Les propos de Donnie Wahlberg reviennent sur son dévouement et son implication pour se mettre dans la peau d’un personnage dont le temps de présence à l’écran sera finalement très court, mais qui sert véritablement de « catalyseur » à l’intrigue. On continuera ensuite avec un documentaire sur le paranormal (37 minutes), auquel participent le célèbre écrivain William Peter Blatty, accompagné de diverses sommités en la matière. On embrayera avec une featurette sur le storyboard du film (15 minutes), une autre sur la musique (7 minutes) avec Shyamalan et le compositeur James Newton Howard, une autre consacrée au public rencontré lors des premières (4 minutes), et enfin, une dernière dédiée aux indices disséminés au cœur du film (480p, 5:59) qui peuvent laisser entrevoir la teneur de la révélation finale. On ajoutera à cela une sélection de trois scènes coupées ainsi qu’une fin alternative (15 minutes), avec introduction de M. Night Shyamalan.
1 pour ne pas choquer nos lecteurs les plus sensibles, précisons que ce que l’on nomme ici un « twist narratif » peut également être appelé « retournement de situation ».