Test Blu-ray 4K Ultra HD : Scream

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Scream

États-Unis : 1996
Titre original : –
Réalisation : Wes Craven
Scénario : Kevin Williamson
Acteurs : Neve Campbell, David Arquette, Courteney Cox
Éditeur : Paramount Pictures
Durée : 1h51
Genre : Horreur, Comédie
Date de sortie cinéma : 16 juillet 1997
Date de sortie BR/4K : 1 décembre 2021

Terrorisée par un serial killer s’inspirant des plus grands films d’horreur pour exécuter ses crimes, une petite ville devient le terrain d’une vaste enquête où tout le monde est suspect… Qui se cache derrière le « masque de mort » ? A vous de voir, mais surtout ne répondez pas au téléphone et n’ouvrez pas la porte…

Le film

[4/5]

Depuis toujours, il semble qu’il y ait un grand malentendu autour de Scream, et de sa perception en général. Une large partie du public – on inclut dans le lot notre chroniqueur Mayeul qui en signa une critique en 2013 – tend en effet à considérer le film de Wes Craven comme un énième slasher de série B de plus. Ce n’est pas le cas. Si le succès de Scream a effectivement relancé la machine pour quelques années, à l’époque, le slasher – de même que le fantastique en règle générale – n’était pas un genre très populaire.

De plus, dès sa sortie en 1996 (États-Unis) / 1997 (France), beaucoup de spectateurs – sans doute peu habitués au slasher et à ses codes – ont volontiers occulté la dimension humoristique bien réelle de Scream, liée à sa nature de pastiche de l’univers du film de tueur masqué. Même le masque du tueur, et son côté ouvertement ridicule, était une façon de se moquer gentiment d’un genre devenu désuet. A ce sujet, on pouvait déjà s’étonner en 2000 de la mise en chantier d’un long-métrage tel que Scary Movie, dans le sens où il parodiait un film qui tendait déjà doucement lui-même vers la parodie.

Pourtant, quand Scream a pris d’assaut le public il y a vingt-cinq ans, l’aspect rigolard du film était flagrant – cette façon dont le script de Kevin Williamson se délectait des clichés du cinéma d’horreur faisait en partie le charme du film. Le script était d’ailleurs si décalé que nombre de cinéastes s’y seraient cassé les dents : Wes Craven réalisait pour le coup un véritable tour de force en parvenant à livrer au spectateur un film d’une efficacité étonnante en puisant quasi-uniquement dans les clichés les plus éculés du genre. Ainsi, il fallait oser tourner une scène de flippe montée en parallèle avec le Halloween de Carpenter tout en réutilisant la musique du film de 1978 !

Scream a inauguré ce qu’on a par la suite appelé le « Néo-Slasher », qui vaudrait aux spectateurs du monde entier une immense vague de films d’horreur conscients d’eux-mêmes et intentionnellement ironiques durant les années qui suivraient. Vingt-cinq ans plus tard, ce second degré et le clin d’œil permanent au spectateur sont devenus des composantes importantes du genre, au point qu’il paraisse aujourd’hui un peu plus difficile de se rendre compte à quel point Scream avait pu représenter, en son temps, une surprise aussi vivifiante et agréable.

Tous les personnages de Scream sont donc parfaitement informés des tenants et aboutissants des conventions du cinéma d’horreur, et c’est en partie cette conscience qui donne au film de Craven son côté délicieusement comique. Pour autant, cette conscience apporte également une certaine efficacité au récit, dans le sens où malgré le fait que ses scènes soient non seulement prévisibles mais clairement annoncées, Scream parvient la plupart du temps à renverser la vapeur, à jouer sur le fait que le spectateur sache parfaitement ce qui va arriver – de fait, Wes Craven joue avec une poignée de coups d’avance sur les peurs conscientes du public, pour finalement toujours bel et bien leur porter un coup fatal et jouissif, mais sans jamais frapper au moment où il était attendu.

Bien sûr, si Wes Craven parvient aussi bien à manipuler le public, c’est parce que Scream bénéficie de l’écriture précise et remarquable de Kevin Williamson, qui, en véritable amoureux du genre, analyse avec soin ses figures, ses rebondissements, ses excès récurrents. Bien conscient que la peur et le rire sont souvent étroitement liés, le scénariste combine avec Scream les deux éléments dans un récit parfaitement homogène – déconnant mais juste assez sérieux pour conserver une poignée d’enjeux dramatiques suffisamment immersifs pour le spectateur. Du beau travail.

Le Blu-ray 4K Ultra HD

[4/5]

C’est sous les couleurs de Paramount Pictures que sort aujourd’hui Scream au format Blu-ray 4K Ultra HD, et une chose est sûre : l’upgrade 2160p / Dolby Vision du film de Wes Craven est clair et net. Le film bénéficie en effet d’une présentation fine et équilibrée, fidèle à la granulation d’origine tout autant qu’aux tonalités de l’image, qui ne sont pas poussées dans leur retranchements mais parfaitement naturelles. Le piqué est fin et précis, le niveau de détail vraiment excellent, et la copie est naturellement en excellent état. S’il ne s’agit certes pas d’une redécouverte absolue, la solide image 4K mettra clairement un coup de vieux au master du Blu-ray édité par StudioCanal en 2013. Côté son, la VO mixée en DTS-HD Master Audio 5.1 est impériale, fine et intense, bien spatialisée et vraiment spectaculaire durant les nombreuses scènes de flippe décidément efficaces. L’immersion est totale, c’est du très bon travail. Comme souvent avec Paramount, la VF ne bénéficie pas de traitement de faveur, se verra en revanche uniquement proposée en Dolby Digital 2.0 : le rendu acoustique de l’ensemble est efficace, mais très en dessous de la version originale. Dernière remarque pour les puristes qui auraient découvert Scream il y a vingt-cinq ans en Laserdisc NTSC : il ne s’agit pas ici de la version « Director’s Cut », et il manque toujours les vingt secondes de plans gore que Wes Craven avait dû couper suite au passage du film devant le comité de censure américain. Peut-être ce montage réapparaîtra-t-il à l’occasion des 50 ans de Scream ?

Dans la section suppléments, Paramount recycle, pour l’essentiel, d’anciens bonus : on commencera avec un commentaire audio du réalisateur Wes Craven et du scénariste Kevin Williamson. Les deux intervenants reviendront essentiellement sur la genèse du scénario du film – fait amusant, on y apprendra notamment que le titre original du scénario de Williamson était Scary Movie. On continuera ensuite avec une petite sélection de featurettes d’époque, dont la durée totale est légèrement inférieure à 20 minutes. Quelques entretiens avec Wes Craven, les membres du casting s’exprimant sur leurs films d’horreur préférés, une poignée de moments volés sur le tournage, le rôle de Drew Barrymore… Intéressant mais trop court. Une toute nouvelle featurette (7 minutes) nous proposera également de revenir sur le film 25 ans plus tard par le biais du casting du nouveau film de la saga Scream, qui sortira le 12 janvier dans les salles.

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