Robin des Bois, prince des voleurs
États-Unis : 1991
Titre original : Robin Hood – Prince of Thieves
Réalisation : Kevin Reynolds
Scénario : Pen Densham, John Watson
Acteurs : Kevin Costner, Morgan Freeman, Alan Rickman
Éditeur : ESC Éditions
Genre : Aventures
Durée : 2h23
Date de sortie cinéma : 7 août 1991
Date de sortie DVD/BR/4K : 18 décembre 2024
XIIe siècle, en Angleterre. En l’absence du roi Richard, le shérif de Nottingham règne en tyran sur le pays, aidé par son cousin Guy de Gisbourne, la sorcière Mortianna et le corrompu évêque de Hereford. Lors de son retour en Angleterre aux côtés d’Azeem, Robin revient au château de son père. Mais ce dernier a été tué par les hommes du shérif après avoir refusé de se joindre à eux. Robin jure de venger son père…
Le film
[3,5/5]
Les adaptations cinématographiques ou télévisuelles des aventures de Robin des Bois semblent à un tel point innombrables qu’il parait assez difficile, de nos jours, d’en dresser une liste réellement exhaustive. Elles paraissent même tellement nombreuses qu’il est littéralement inimaginable qu’un cinéphile tombant sur cette page au hasard de ses pérégrinations sur le Net n’en ait pas vu au moins une : Robin de Loxley, Belle Marianne, sans oublier Frère Tuck, Petit Jean ou l’infâme shérif de Nottingham sont gravés de manière indélébile dans la psyché collective, de même que le récit de leurs exploits, intemporel s’il en est.
Et vous alors, cher lecteur ? Quelle version des aventures de ce vénérable héros légendaire et archétypal a votre préférence ? Pencherez-vous plutôt du côté de la version de 1938, avec Errol Flynn, des celles produites par la Hammer Films dans les années 50, ou de la version 70’s avec Giuliano Gemma ? Préférerez-vous l’ambiance bon enfant de la version produite par les studios Disney en 1973, les bons sentiments de la version Kevin Costner, la sécheresse de la vision de Ridley Scott, ou encore les versions parodiques de la légende ? Le choix est vaste.
En tous les cas, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’à sa sortie en 1991, Robin des Bois, prince des voleurs a su séduire le public du monde entier. Avec 390 millions de dollars de recettes et presque cinq millions d’entrées en France, le film des « deux Kevin » (Kevin Reynolds derrière la caméra / Kevin Costner devant) a en effet trouvé un bel écho auprès du public. Cet engouement s’explique, en partie, par le fait que le public était probablement ravi de retrouver Kevin Costner sur grand écran six mois à peine après l’immense succès de Danse avec les loups, mais également parce qu’il s’agissait d’un bon vieux récit d’aventures très familial, rempli de rebondissements, à cheval entre le récit traditionnel et une certaine modernité.
L’exemple le plus frappant de cette volonté de « rajeunir » le récit est bien entendu d’avoir associé, au cœur de l’intrigue de Robin des Bois, prince des voleurs, un acolyte musulman à Robin des Bois, ici présenté comme un chrétien. Ce personnage, appelé Azeem, et interprété par Morgan Freeman, constitue une des originalités du scénario du film, que l’on doit à Pen Densham et John Watson. Leur autre ambition semble être de débarrasser le mythe de Robin des Bois de ses collants verts et de ses affrontements éculés en mode « cape et épée », afin de remplacer ces éléments désuets par des intrigues et des personnages plus complexes, le tout étant évidemment saupoudré de scènes d’action plus intenses.
Ainsi, en dépit de sa durée (presque 2h30 tout de même), Robin des Bois, prince des voleurs possède un grand sens du rythme et du spectacle. Bien sûr, le film de Kevin Reynolds est loin d’être parfait : il est parfois un peu too much, et il comporte une poignée d’intrigues secondaires inutiles et/ou peu intéressantes, telles que, par exemple, celle qui suit l’évolution de la relation entre les personnages de Kevin Costner et de Christian Slater. Cependant, dans l’ensemble, le film comporte suffisamment de bons moments pour qu’on en oublie ses menus défauts, et même trente ans après sa sortie, Robin des Bois, prince des voleurs demeure une aventure palpitante qui a encore le pouvoir de capter et de maintenir l’attention du spectateur tout au long de son récit, globalement bien ficelé.
L’interprétation de Kevin Costner dans le rôle-titre est certes tout ce qu’il y a de plus classique, mais il est bien soutenu par des seconds-rôles très solides, à l’image de Morgan Freeman, impeccable dans la peau de l’allié mystique à la loyauté à toute épreuve, ou de Mary Elizabeth Mastrantonio, qui parvient à allier la fragilité de la traditionnelle « demoiselle en détresse » à la détermination sans faille de la féministe contemporaine. Mais une grande partie de l’impression de « modernité » qui se dégage de Robin des Bois, prince des voleurs vient en réalité de la performance extraordinaire d’Alan Rickman dans le rôle du shérif de Nottingham. Bouffant littéralement tous ses petits camarades de jeu dès qu’il apparaît à l’écran, l’acteur compose ici un méchant cruel et impitoyable tout droit sorti d’une bande dessinée : un bad guy grandiloquent, qui ferait passer le Hans Gruber de Piège de cristal pour un enfant de cœur, et qui ferait – et fera à coup sûr – oublier au spectateur toutes les incarnations passées ou futures du shérif de Nottingham.
Le Combo Blu-ray 4K Ultra HD + 2 Blu-ray + Livre
[5/5]
En l’espace de quelques années, ESC Éditions est devenu un des acteurs les plus incontournables de l’édition et de la distribution en France. Parfaitement conscient que l’avenir de la vidéo physique passera forcément par les éditions collector et les « beaux objets » prenant la forme de coffrets ou de Steelbooks, l’éditeur nous propose aujourd’hui de redécouvrir Robin des Bois, prince des voleurs dans une « Édition Légendaire », un sublime coffret comprenant le Blu-ray 4K Ultra HD du film, deux Blu-ray et un livret collector revenant sur « 100 ans de Robin des Bois à l’écran ». Et contrairement aux éditions précédentes du film, le film des deux Kevin nous est ici proposé en 4K (Katka), au choix dans sa version cinéma (2h23) et dans sa version Longue (2h35), et dispose de la VF d’origine, à laquelle de nombreux cinéphiles français sont attachés. Comme d’habitude, le packaging de cette édition – un beau digipack deux volets surmonté d’un étui cartonné – constitue sans aucun doute ce qui se fait de mieux dans l’hexagone en matière de soin éditorial apporté à un coffret. Bref, on est en présence d’une édition de grande classe que l’on sera très fier de voir trôner sur nos étagères.
Techniquement, l’éditeur n’est pas en reste puisque le transfert du Blu-ray 4K Ultra HD s’avère vraiment de toute beauté. Le travail de remasterisation s’avère réellement impressionnant : Robin des Bois, prince des voleurs s’impose avec faste et élégance, dans des conditions complètement inédites, d’autant plus que le film nous est proposé à la fois en Dolby Vision et HDR10. La granulation d’origine a été préservée (le grain est en effet extrêmement présent), mais le niveau de détail et la profondeur de l’image sont excellents, en particulier sur les scènes tournées en lumière naturelle. Le piqué est d’une précision étonnante, et les gros plans sont particulièrement payants à ce niveau ; les contrastes sont stables tout au long du film, et les couleurs sont éclatantes. Côté son, VF et VO sont encodées en DTS-HD Master Audio 5.1 et font le boulot sans problème, avec des dialogues – et des cris – toujours parfaitement clairs et distincts. Le doublage français d’époque, qui nous est proposé en DTS-HD Master Audio 2.0 (version « cinéma » uniquement), est assez savoureux. On notera que ce doublage est en partie assuré par Bernard Lanneau, Vincent Ropion et Raymond Gérôme, et qu’il date de 1991, et non de 1993 comme l’indique de façon erronée le menu du Blu-ray 4K Ultra HD.
Comme à son habitude, ESC Éditions ne néglige pas non plus la section suppléments, puisqu’en plus du livret inédit de 52 pages signé par l’incontournable Marc Toullec, l’éditeur nous propose tout d’abord de retrouver l’intégralité des bonus déjà présents sur l’édition Blu-ray éditée par Warner Bros. en 2009. On commencera avec un Commentaire audio de Kevin Costner et Kevin Reynolds, ainsi qu’avec un autre Commentaire audio de Morgan Freeman, Christian Slater, Pen Densham et John Watson, les deux étant proposés en VO sans sous-titres français, et donc à réserver à un public parlant couramment anglais. On enchaînera ensuite avec une série d’entretiens d’époque avec les acteurs (20 minutes). Kevin Costner, Alan Rickman, Morgan Freeman, Mary Elizabeth Mastrantonio et Christian Slater y reviendront brièvement sur le film ainsi que sur leurs personnages. On aura également droit à un documentaire sur les adaptations de Robin des Bois (32 minutes). Présenté par Pierce Brosnan et probablement produit pour la télévision nous propose de nombreux extraits de films sans réellement chercher à explorer les raisons de sa popularité. Enfin, on terminera avec une prestation « live » de Bryan Adams et de son tube de 1991 « (Everything I Do) I Do It for You ».
Mais ce n’est pas tout : en plus de ces suppléments vintage présentés dans leur jus, ESC Éditions nous propose également une poignée de bonus inédits. On commencera par les sublimes dessins de Colin Murdoch réalisés pour cette édition (2 minutes), pour enchaîner avec une présentation du film par Antoine Desrues (29 minutes) qui, en bonne midinette totalement fan de Kevin Costner, reviendra sur l’implication de l’acteur dans le projet, la place qu’occupe le film au sein de sa carrière, « sa » vision du personnage de Robin des Bois avec bien sûr une ouverture sur le reste de sa filmographie. On terminera enfin avec une présentation du film par Hervé Dumont (13 minutes). Ce dernier, en bon historien du cinéma, ne semble pas partager la passion priapique de l’intervenant précédent vis-à-vis de Kevin Costner. Il reviendra néanmoins de façon fort judicieuse sur une poignée de films consacrés à Robin des Bois avant Robin des Bois, prince des voleurs, et abordera ce en quoi le film des deux Kevin diffère des précédents. Il évoquera également les problèmes rencontrés sur le tournage, le personnage de Morgan Freeman, et bien sûr l’incroyable succès du film. Seul problème de ce sujet passionnant : il est trop court ! On aurait aimé écouter Hervé Dumont approfondir encore un peu plus son sujet.