Rio Bravo
États-Unis : 1959
Titre original : –
Réalisation : Howard Hawks
Scénario : Jules Furthman, Leigh Brackett
Acteurs : John Wayne, Dean Martin, Ricky Nelson
Éditeur : Warner Bros.
Durée : 2h21
Genre : Western
Date de sortie cinéma : 21 octobre 1959
Date de sortie DVD/BR/4K : 6 décembre 2023
John T. Chance, shérif d’une petite ville du Texas, arrête pour meurtre Joe Burdette. Le frère de Burdette, puissant propriétaire terrien, va tout faire pour sortir son frère de prison. Pour lutter contre Nathan Burdette, le shérif est aidé par Dude, un alcoolique, et Stumpy, un vieil infirme…
Le film
[5/5]
En 2008, l’American Film Institute a publié sa liste des 10 meilleurs westerns de tous les temps, au cœur de laquelle on pouvait trouver des films tels que L’Homme des vallées perdues, Cat Ballou ou John McCabe. On conçoit aisément que l’une des raisons d’être de ce « Top 10 » était sans doute de contribuer à faire se confronter les points de vue, dans le but de réhabiliter une poignée d’œuvres moins connues que d’autres. Cependant, de notre côté de l’Atlantique, il semble assez sidérant de voir les trois films que l’on vient de citer orner les rangs de cette liste alors que n’y figuraient pas d’immenses chefs d’œuvre tels que 3h10 pour Yuma, L’Homme qui tua Liberty Valance, Danse avec les loups, L’étrange incident ou encore Little Big Man.
D’une façon assez surprenante, Rio Bravo fait également partie des grands absents du Top 10 de l’American Film Institute, alors même que de nombreux amateurs de western auraient bien du mal à composer un « Top 3 » du genre sans faire appel au film d’Howard Hawks. Parmi tous les géants du western, Rio Bravo s’impose d’entrée de jeu par la somme de talents au générique du film, de John Wayne à Dean Martin en passant par Ricky Nelson ou Walter Brennan, le tout avec Howard Hawks derrière la caméra. Le générique du film est ainsi constitué de véritables légendes Hollywoodiennes, menées par un John Wayne au somment de son Art.
Alors bien entendu, John Wayne fait du John Wayne dans Rio Bravo. Il insuffle au personnage du shérif John T. Chance sa démarche, son sourire, sa dégaine, sa voix immédiatement reconnaissable, et bien sûr sa confiance en lui, qui contribue à faire de son personnage, et ce dès les premiers plans du film, « LE » héros du film, le pilier de sa communauté, le Seigneur en son domaine. Un solide gaillard d’apparence bourrue, assez dirigiste et capable de faire face à n’importe quelle situation, mais prêt à tomber l’armure lorsqu’une femme lui tient suffisamment tête pour trouver le chemin de son cœur. Pour autant, le John T. Chance de Rio Bravo n’est pas tout à fait le Tom Doniphon de L’Homme qui tua Liberty Valance, pas plus qu’il n’est le Ethan Edwards de La Prisonnière du Désert – on touche ici du doigt l’un des grands talents de John Wayne : sa capacité à avoir enchainé des rôles similaires tout au long de sa carrière, tout en leur conférant toujours une autre personnalité et une autre histoire.
Le point de départ de Rio Bravo est simple : le film d’Howard Hawks met en scène un groupe de personnages retranchés devant faire face aux assauts d’un groupe de bandits armés, qui comptent bien faire libérer leur chef, enfermé dans la prison de la ville. Ni plus, ni moins. Le reste, ce sont les personnages. Soixante ans après la sortie de Rio Bravo dans les salles obscures, ce type de récit a été repris / réadapté à de nombreuses reprises, à commencer bien sûr par Howard Hawks lui-même, qui reprendrait le même point de départ dans El Dorado (1966) ainsi que dans Rio Lobo (1970), pour lequel il déplacerait l’intrigue à bord d’un train. Quelques années plus tard, John Carpenter nous en proposerait une version modernisée avec Assaut (1976).
Derrière la caméra, Howard Hawks est au sommet de son Art, développant en quelques minutes les bases d’une intrigue au cœur de laquelle le danger est littéralement à chaque coin de rue. Ce sentiment sera renforcé par une atmosphère remarquable, qui se consolidera encore au fur et à mesure que le spectateur fera connaissance avec les personnages du film. Le rythme est nerveux et solide, nous proposant un bon équilibre entre l’action, la comédie et le drame (avec une pincée de romance dans la relation John Wayne / Angie Dickinson). Les personnages ne sont pas foncièrement originaux, mais ils sont définis de façon habile, et même les « anti-héros » (Dean Martin, Walter Brennan) contribuent à l’homogénéité de l’ensemble, qui s’avère extrêmement bien construit de la première à la dernière image. Ainsi, en dépit d’une durée conséquente (2h21), Rio Bravo ne provoquera jamais le moindre ennui, même durant ses scènes les plus calmes, qui ne manquent jamais de captiver d’une manière ou d’une autre. Chef d’œuvre.
Le Blu-ray 4K Ultra HD
[5/5]
Petit à petit, Warner Bros. restaure ses grands films de catalogue au format Blu-ray 4K Ultra HD, et pour notre plus grand bonheur, Rio Bravo est l’un des derniers à avoir connu les joies d’une nouvelle restauration 4K. Cette cure de jouvence donne à l’écran des résultats nettement supérieurs à l’édition Blu-ray de 2007, qui n’était déjà franchement pas trop mal dans son genre. Pour autant, ce nouveau transfert 2160p, amélioré par la technologie HDR, nous offrira une présentation encore plus satisfaisante, claire, nette et naturelle. La résolution, le niveau de détail sont en effet améliorés de façon sensible, avec un joli grain Technicolor respecté, des couleurs éclatantes et des contrastes profonds. On notera par ailleurs que le film d’Howard Hawks retrouve par la même occasion son format d’origine 1.85 (le Blu-ray était proposé en 1.78). Du côté des enceintes, on trouvera un solide mixage DTS-HD Master Audio 2.0 pour la VO, et le traditionnel Dolby Digital 1.0 pour la VF. Point de mauvaise surprise à l’horizon : l’ensemble est propre et clair dans les deux cas. On notera que la version française nous donne à entendre pas mal de voix connues des amateurs, telles que celles de Raymond Loyer, Claude Bertrand, Nelly Benedetti ou Paul Villé.
Du côté des suppléments, le Blu-ray 4K Ultra HD ne contient qu’un commentaire audio de John Carpenter et Richard Schickel (VO). Le cinéaste et le critique y échangeront des propos assez intéressants sur les aspects techniques et thématiques du film, qu’ils replacent régulièrement dans son contexte historique. Pour les autres bonus, il faudra se rabattre sur le Blu-ray du film, également disponible dans le boitier de cette édition. On commencera avec un hommage au film intitulé « Commémoration : Rio Bravo et Howard Hawks » (33 minutes), qui nous permettra notamment d’entendre les propos de Walter Hill, John Carpenter et Peter Bogdanovich sur le film. Les propos des cinéastes portent sur la carrière et le style d’Howard Hawks, sur le parallèle avec Le Train sifflera trois fois, sur le tournage à Tucson, le rôle des femmes chez Hawks, la séquence d’ouverture sans dialogue et, bien sûr, l’héritage du film. Enfin, on terminera avec une featurette nous présentant l’histoire des studios d’Old Tucson, où Rio Bravo a été tourné (9 minutes).
On notera également que le Blu-ray 4K Ultra HD de Rio Bravo édité par Warner Bros. est présenté dans un superbe Steelbook aux couleurs du film.