Panic Room
États-Unis : 2002
Titre original : –
Réalisation : David Fincher
Scénario : David Koepp
Acteurs : Jodie Foster, Kristen Stewart, Forest Whitaker
Éditeur : Sony Pictures
Genre : Thriller
Durée : 1h52
Date de sortie cinéma : 24 avril 2002
Date de sortie DVD/BR/4K : 26 mars 2025
Meg Altman, la trentaine, a très mal vécu la séparation avec son mari et angoisse à l’idée de devoir élever seule sa fille Sarah. Afin de commencer une nouvelle vie loin de ses craintes, Meg achète une immense et splendide maison située dans un quartier huppé à l’ouest de New York. Son ancien propriétaire y a fait construire au dernier étage une pièce de sûreté dans laquelle on peut se réfugier en cas de menace extérieure et rester enfermé de nombreux jours grâce aux provisions qu’elle contient. Cependant, Meg n’aurait jamais pensé s’en servir dès le premier soir. En effet, trois cambrioleurs, Burnham, Raoul et Junior, ont pénétré dans la maison avec la ferme intention de dérober une somme de quatorze millions de dollars cachée par l’ancien maître des lieux. Tout porte à croire que ce butin est dissimulé dans la pièce de sûreté, là où se sont réfugiées Meg et Sarah…
Le film
[4/5]
Avec une vingtaine d’années de recul, on aurait tendance à considérer Panic Room comme le mètre-étalon du film de « Home Invasion » – souvent imité, mais jamais réellement égalé, que cela soit en termes de mise en scène ou, d’une façon plus générale, d’intensité dramatique. Pourtant, à sa sortie en 2002, et en dépit d’un confortable succès dans les salles obscures, le film de David Fincher avait été accueilli plutôt tièdement par la critique. Les raisons ayant amené les cinéphiles à bouder le film apparaissent aujourd’hui de façon claire : c’est tout simplement parce qu’il s’agissait d’un film de David Fincher, et qu’il avait été jugé globalement plutôt à l’aune de ce qu’on attendait de la part du cinéaste prodige plutôt que sur ce qu’il était réellement.
Il faut dire qu’à l’époque, le cinéaste prodige avait transformé en or tout ce qu’il avait touché : ses trois longs-métrages précédents, Se7en (1995), The Game (1997) et Fight Club (1999) s’étaient imposés comme de véritables « game-changers » au cœur du cinéma Hollywoodien – des films révolutionnaires qui, plus de vingt-cinq ans après leurs sorties respectives, restent encore aujourd’hui ce qu’il se fait de mieux dans le domaine du thriller. Et forcément, si soigné soit-il, Panic Room ne tient probablement pas la comparaison avec ses films précédents. Pour autant, il semble qu’il soit grand temps de réhabiliter Panic Room, et sa sortie au format Blu-ray 4K Ultra HD semble être l’occasion idéale de réexaminer cette œuvre, et la marque qu’elle a laissée dans le cinéma de divertissement du début du Vingt-et-Unième Siècle.
Panic Room, c’est l’Art du minimalisme made in David Fincher. Tout y est resserré, façon claustrophobe, à l’image de son intrigue se déroulant volontairement dans un lieu clos. L’intrigue, la caractérisation des différents personnages, et la narration en elle-même s’imposent comme des modèles du genre – on en sait juste ce qu’il faut sur les différents lieux et protagonistes, et pourtant, ces derniers débordent d’humanité, du duo de demoiselles en détresse (Jodie Foster et Kristen Stewart) au gang de cambrioleurs, tous semblent réellement exister bien au-delà des ellipses savantes du scénario de David Koepp. Et que dire de la photo claustrophobe de Conrad W. Hall et Darius Khondji, ou des mouvements de caméra magistraux imaginés par David Fincher ? Des années après la sortie du film, on est toujours en admiration devant sa mise en scène intelligente, ses compositions de plans, son timing impeccable et son sens du suspense… Du travail d’orfèvre !
La redécouverte de Panic Room vingt-trois ans après sa sortie permet également de se laisser aller à de nouvelles interprétations de l’intrigue, que l’on qualifierait volontiers de post #MeToo ou néo-féministes, dans le sens où les deux héroïnes du film, qui représentent deux âges de la vie d’une femme, sont confrontés à trois cambrioleurs qui s’imposent comme trois stéréotypes différents de masculinité et/ou de virilité plus ou moins toxique : Junior (Jared Leto), l’éternel adolescent, impulsif et manipulateur, Raoul (Dwight Yoakam), le prédateur, pervers narcissique et violent, et Burnham (Forest Whitaker), qui s’avère meurtri et plein de remords devant son propre échec moral. Et que dire de l’image du père véhiculée par le film, à travers le personnage de Patrick Bauchau ?
Le Blu-ray 4K Ultra HD
[5/5]
Quand on vous disait, en début d’article, que Panic Room était un peu boudé par les cinéphiles, on n’exagérait pas : il s’agit d’ailleurs du seul film de David Fincher qui n’était pas encore sorti au format Blu-ray – ni en France, ni même aux États-Unis d’ailleurs. De fait, le film sautera directement une génération de format, en sortant directement en Blu-ray 4K Ultra HD. Le fossé technique qui sépare cette nouvelle édition de la précédente est donc, fort logiquement, absolument immense, d’autant que ce transfert est tiré d’un nouveau scan 4K du film, et a été approuvé par le réalisateur. On notera cela dit qu’à l’origine, le film avait été tourné en 2K, et que la principale différence entre le film en Katka et le Blu-ray également disponible dans le boîtier se situera moins dans la finesse de la définition que dans l’apport des technologies Dolby Vision et HDR10, même si la palette de couleurs relativement froide du film ne leur permettra d’apporter qu’une poignée d’améliorations discrètes, mais notables, surtout dans la gestion des lumières et des contrastes, plus naturels. Côté son, l’upgrade par rapport au DVD de 2002 est tout aussi saisissant, avec une VO mixée en Dolby Atmos (qui sera décodé en Dolby TrueHD 7.1 par les amplis non-compatibles) et nous proposant un spectacle acoustique aux dimensions tout simplement épiques : l’immersion est optimale pour le spectateur, la spatialisation joue la carte de l’ambiance, de l’efficacité et de la finesse, et la musique d’Howard Shore se faufile d’une scène à l’autre avec une classe absolue : une pure démo acoustique. De son côté, la VF ne bénéficie d’un mixage DTS-HD Master 5.1, également très solide et proposant une excellente immersion au cœur du film. La spatialisation est précise et très efficace et les dialogues sont toujours clairs et intelligibles.
Du côté de la section interactivité, cette édition Blu-ray 4K Ultra HD de Panic Room ne contient aucun bonus, mais les deux Blu-ray également présents dans le boîtier reprennent l’intégralité des suppléments de l’édition DVD « Collector » de 2004. On commencera par trois commentaires audio (VOST). Le premier est assuré par les acteurs, Jodie Foster, Dwight Yoakam et Forest Whitaker. Les trois intervenants ont été enregistrés séparément, et ils ont été guidés dans leurs propos par des séries de questions qui leur permettent d’aborder chacun des sujets spécifiques Visiblement grande fan de David Fincher, Jodie Foster parle longuement du talent du cinéaste, et de la façon dont il réalise des films « techniquement parfaits ». Elle évoquera également la prestation de Nicole Kidman, qui devait, à l’origine, jouer le rôle principal mais a dû annuler sa participation au bout de 18 jours de tournage en raison d’une blessure au genou. Jodie Foster, qui abandonnerait la présidence du jury du festival de Cannes 2001 pour tourner avec Fincher, parlera des différences entre leurs approches d’un même personnage, ainsi que de la façon dont David Fincher les a dirigées. Elle parlera également de sa grossesse, et de ses seins, personnages du film à part entière. Le deuxième commentaire audio est celui du réalisateur David Fincher. Il commencera en qualifiant son film de « série B », assumant clairement la nature de divertissement grand public de Panic Room. Il évoquera ensuite les attentes du public, avant d’axer ses propos sur les aspects purement techniques du tournage : objectifs, éclairages, préparation des scènes et des acteurs. Il évoquera longuement les différences entre Jodie Foster et Nicole Kidman. Il révélera également avoir failli confier à Jodie Foster le rôle de Sean Penn dans The Game, et reviendra sur les remplacements qu’il a effectués pendant le tournage de Panic Room – et notamment celui du chef opérateur Darius Khondji. Enfin, le troisième commentaire audio est assuré par le scénariste David Koepp, qui sera accompagné pour l’exercice d’un autre scénariste, William Goldman (1931-2018). Il s’agit d’une discussion amusante, ayant tendance à partir dans tous les sens. Les différences entre Jodie Foster et Nicole Kidman sont à nouveau abordées, de même que le projet qui occupait David Koepp à l’époque, à savoir Fenêtre secrète (2004).
Le reste des suppléments sera composé de nombreuses featurettes et à des suppléments couvrant la préproduction, la production et la post-production, c’est-à-dire l’ensemble du processus de fabrication de Panic Room. Le contenu de ces éléments est très intéressant, même si l’impressionnante quantité de bonus pourra clairement rebuter les cinéphiles les moins courageux. Concernant la préproduction, on reviendra sur la phase de tests (17 minutes), notamment concernant la lumière, avec Conrad Hall, ainsi que les effets spéciaux, avec le coordinateur des effets spéciaux Joe Viskocil. On continuera ensuite avec la démonstration d’une ouverture et d’un vol de coffre-fort (13 minutes) ainsi qu’un sujet sur les vraies safe rooms (6 minutes). Un autre petit sujet rigolo nous donne à voir Jodie Foster essayant de casser un miroir avec une masse (2 minutes). On passera ensuite aux prévisualisations du scénario, en commençant par la création des pré-visuels (10 minutes), qui nous montre comment fonctionne cette méthode de scénarisation par ordinateur et comment Fincher et son équipe ont utilisé l’imagerie générée par ordinateur pour planifier chaque scène dans ses moindres détails en amont. On aura ensuite droit à une démonstration de prévisualisation (4 minutes), disponible avec ou sans commentaire. On aura également droit à la prévisualisation de la scène de poursuite sur plusieurs étages au début du film (1 minute) et à une featurette multi-angles (2 angles avec 4 pistes audio, 38 minutes), qui vous permettra de comparer les séquences finies avec les segments de la prévisualisation et du story-board. On continuera ensuite avec un passionnant making of (53 minutes), qui abordera sans langue de bois tous les aspects du tournage. Donnant souvent l’impression de nous offrir de véritables moments volés sur le tournage, ce doc couvre tous les événements survenus sur le plateau, du remplacement du directeur de la photographie Darius Khondji par Conrad Hall aux séances de répétitions, en passant par les taquineries entre acteurs sur le tournage ou le tournage de la fin d’origine. L’un des moments forts est une vue en accéléré de la construction du plateau de tournage, d’une valeur de six millions de dollars. Enfin, le dernier sujet présent sur le Blu-ray du film sera consacré aux maquillages (9 minutes), avec une anecdote amusante sur les doigts démembrés de Dwight Yoakam.
Mais avec Sony Pictures, quand il n’y en plus, y’en a encore ! Figurez-vous m’sieurs dames que le Blu-ray 4K Ultra HD de Panic Room, qui nous est par ailleurs présenté dans un superbe SteelBook aux couleurs du film, contient un deuxième Blu-ray de suppléments, consacré au processus de post-production du film. On commencera avec une large série de featurettes sur les effets visuels (82 minutes), en compagnie du superviseur des effets visuels Kevin Haug et de la coordinatrice des effets visuels Leslie McMinn. Les plus intéressantes d’entre elles sont celles consacrées au générique de début du film, avec notamment une poignée d’idées rejetées, et celle revenant sur la mise en place du plan-séquence qui traverse toute la maison, plantant le décor du cambriolage, qui a nécessité plus d’un an de boulot. L’aspect le plus fascinant de cette featurette est probablement la comparaison entre les séquences brutes et le plan final lissé numériquement. Le retour sur la scène, tournée au ralenti, durant laquelle Jodie Foster court vers son téléphone portable, est également très intéressant. On passera ensuite à la bande-son (13 minutes), avec une série de sessions d’enregistrement de la musique, en multi-angles, pour quatre séquences clés du film. Vous pourrez ainsi voir un certain nombre d’angles différents sur l’orchestre, Howard Shore diriger ses musiciens, ou avec des images du film. On reviendra sur le « Sound Design » de Panic Room (15 minutes) avec le concepteur sonore Ron Klyce, ainsi que sur la notion d’Intermédiaire digital (11 minutes), qui revient sur le processus de synchronisation des couleurs. Les passionnés de technique pourront lire 35 pages de textes en français sur le Super 35, qui reviendront également sur les formats de films, les lentilles anamorphiques, le matage, le pan & scan, le Super 35, et le stock 3perf vs. 4perf. Enfin, on terminera avec quatre analyses de séquences (script / storyboard / plans secondaires / images brutes / essais) : un supplément tout à fait captivant qui vous permettra d’explorer la création de quatre séquences clés sous plusieurs angles. Vous pourrez donc soit lire le scénario, soit visionner des story-boards et des tests vidéo, soit visionner des séquences sur le plateau de tournage, ou encore visionner des rushes. Vach’tement intéressant !