Ninja Turtles – Teenage Years
États-Unis : 2023
Titre original : Teenage Mutant Ninja Turtles – Mutant Mayhem
Réalisation : Jeff Rowe, Kyler Spears
Scénario : Seth Rogen, Evan Goldberg, Jeff Rowe
Acteurs (VO) : Nicolas Cantu, Micah Abbey, Shamon Brown Jr
Éditeur : Paramount Pictures
Durée : 1h39
Genre : Animation, Fantastique, Action, Comédie
Date de sortie cinéma : 9 août 2023
Date de sortie DVD/BR/4K : 7 décembre 2023
Après des années passées loin du monde des humains, les frères Tortues entreprennent de gagner le coeur des New-Yorkais et d’être acceptés comme des adolescents normaux grâce à des actes héroïques. Leur nouvelle amie April O’Neil les aide à s’attaquer à un mystérieux syndicat du crime mais ils se retrouvent dépassés par les événements lorsqu’une armée de mutants se déploie contre eux…
Le film
[4,5/5]
Initialement conçu comme un pastiche des comics en mode « Dark New-Yorkais » à la Daredevil, le comic book Les Tortues Ninja créé par Kevin Eastman et Peter Laird en 1984 remporta rapidement un grand succès, qui encouragea les deux auteurs à entamer une série régulière. Quelques années plus tard, désireux d’agrandir l’horizon de la licence, Kevin Eastman et Peter Laird passèrent un accord avec un fabricant de jouets californien, Playmates Toys, qui décida de lancer la production d’une série TV d’animation, afin de toucher un maximum de public. La série animée, diffusée à partir de l’hiver 1987 aux États-Unis, marqua le début d’un phénomène mondial – presque d’un phénomène de société.
Depuis 1987, Les Tortues Ninja se sont déclinées sous de multiples formes, des jouets en passant par les jeux vidéo en passant par les vêtements, les bonbons PEZ, les affaires scolaires, tasses, assiettes, chaussures, portes clés… Et bien sûr, il y a eu plusieurs séries de comics, plusieurs vagues de dessins animés, et une petite dizaine de films de cinéma et de DTV. Sur ces dix films, on notera qu’une bonne moitié a été produite dans les dix dernières années, dans le but d’attirer non seulement les enfants, mais également les adultes qui ont aujourd’hui un peu plus de 40 ans et qui ont grandi avec la franchise. Les résultats au cinéma avaient jusqu’ici été plutôt mitigés, mais avec Ninja Turtles : Teenage Years, Paramount Pictures et Nickelodeon ont eu la bonne idée d’aller chercher deux scénaristes de 41 ans, ayant grandi avec la série animée et la connaissant sur le bout des doigts : Seth Rogen et Evan Goldberg.
Seth Rogen et Evan Goldberg avaient déjà prouvé leur attirance pour la comédie d’action avec The Green Hornet en 2011, mais les problèmes rencontrés lors du tournage du film de Michel Gondry les avaient tenus éloignés du genre pendant une dizaine d’années. Se sentant probablement rassurés par le fait qu’un film d’animation limiterait l’interventionnisme de la production dans leur travail, ils nous livrent avec Ninja Turtles : Teenage Years une véritable lettre d’amour aux Tortues Ninja, tout en leur permettant de rentrer dans une ère plus moderne. On retrouve dans leur récit ainsi que dans leurs dialogues tout l’esprit iconoclaste, frondeur et gentiment destroy des deux scénaristes, grands enfants devant l’éternel. Grâce à leur enthousiasme et à l’humour débridé développé tout au long du film, ils parviennent ici sans problème à faire passer la pilule d’une énième Origin Story, qui passe ici comme une lettre à la poste, car Seth Rogen et Evan Goldberg connaissent parfaitement les pièges à éviter dans ce genre d’histoire vue et revue cent fois auparavant.
Que l’on soit bien d’accord : Ninja Turtles : Teenage Years ne nous propose au final rien de véritablement révolutionnaire dans son contenu. Il s’agit d’une Origin Story reprenant les bases de l’histoire des Tortues Ninja : le contact avec le mutagène dans les égouts, l’éducation et l’entraînement aux côtés de Splinter, et les premiers pas des quatre tortues dans la lutte contre le crime. Dans l’absolu, le film ne nous propose donc rien que les fans n’aient pas déjà lu ou vu il y a trente ans, mais c’est dans la façon dont tous ces éléments sont amenés au public que Ninja Turtles : Teenage Years fait toute la différence. L’histoire du film est modernisée, dans le sens où elle se déroule clairement en 2023, et la narration prend en compte non seulement les avancées technologiques, mais également l’évolution des sensibilités, à tous points de vue.
Pour autant, la remise à niveau de Ninja Turtles : Teenage Years ne se fait pas de façon putassière ou en mode « Cancel Culture », comme beaucoup de reboots de films des années 80 l’ont malheureusement fait ces dernières années. Le récit de Seth Rogen et Evan Goldberg est écrit et stylisé d’une manière qui reflète incontestablement notre époque, mais on sent que les deux scénaristes ont travaillé dur pour s’efforcer de construire un film qui soit à la fois fidèle à l’histoire et aux personnages originaux, tout en comblant le fossé entre hier et aujourd’hui. Pour illustrer leur propos, le début du film confronte les Tortues Ninja à un film extrêmement représentatif des années 80, à savoir La Folle journée de Ferris Bueller, qu’ils commentent de façon mi-nostalgique, mi-ironique : « If you’re in High School you can jack a Parade… »
Bien entendu, l’autre gros point fort de Ninja Turtles : Teenage Years se situe dans son style d’animation, qui rompt clairement avec tous les autres films ayant mis en scène les Tortues Ninja depuis presque quarante ans. Le film utilise en effet une technique d’animation très stylisée et badass, héritée de Spider-Man : New Generation. Ce style visuel époustouflant tend à donner vie à ces personnages de bande dessinée de la façon la plus brute et punchy qui soit. L’ensemble est sans doute un peu « rough », mais permet aux réalisateurs Jeff Rowe et Kyler Spears d’insuffler une bonne dose de caractère à leur film. De plus, ce style visuel novateur accentue la réalité sombre et crue de la vie urbaine, de l’aliénation des Tortues – et plus largement des New-Yorkais – mais aussi de la criminalité. Le rendu général est saisissant, c’est vraiment de toute beauté, et mine de rien, cette claque visuelle contribue, autant que le scénario habile de Seth Rogen et Evan Goldberg, à rendre le film absolument indispensable.
Le Blu-ray 4K Ultra HD
[4/5]
Ninja Turtles : Teenage Years vient de débarquer au format Blu-ray 4K Ultra HD sous les couleurs de Paramount Pictures, et comme on pouvait s’y attendre, la galette UHD du film de Jeff Rowe et Kyler Spears nous propose une expérience 2160p / Dolby Vision absolument renversante. La finesse de l’animation, des détails et des couleurs est bluffante, et l’étalonnage Dolby Vision en rajoute encore une couche supplémentaire dans l’excellence visuelle. Le punch et la vivacité des couleurs est amplifiée de manière significative, apportant plus de vie et de profondeur aux verts des tortues et, tout aussi important, aux couleurs de leurs masques. Les couleurs d’arrière-plan des rues de la ville et des égouts bénéficient également de noirs d’une profondeur et d’une précision abyssales, et pas le moindre souci d’encodage n’est à déplorer : c’est magique. Côté son, le film bénéficie également d’un mixage Dolby Atmos (avec un « core » en Dolby TrueHD 7.1) absolument tonitruant : en dépit des nombreuses scènes agitées, l’ensemble fait preuve d’une clarté acoustique phénoménale, et renforce le sentiment d’immersion ressenti par le spectateur. Le dynamisme général est étourdissant, et chaque effet s’offre un placement clair et net. Bref, il s’agit là d’une piste complète et homogène avec laquelle la VF simplement proposée en Dolby Digital 5.1 aura bien du mal à rivaliser, malgré d’évidentes qualités. Les dialogues sont clairs, bien placés, et le doublage français est sympathique ; on y reconnaîtra notamment la voix de l’excellent Gérard Darmon.
Du côté des suppléments, Paramount Pictures nous propose de nous plonger dans trois featurettes dévoilant les coulisses du tournage : on y abordera longuement les personnages de Ninja Turtles : Teenage Years, en commençant par les quatre Tortues Ninja (6 minutes), puis en s’attardant sur les autres mutants (9 minutes). Leurs personnalités seront évoquées, par les scénaristes ainsi que par les acteurs qui les interprètent. On abordera ensuite l’univers visuel du film (6 minutes), en revenant sur les principaux éléments esthétiques et le production design de l’ensemble, mais le sujet est malheureusement bien trop court. On terminera enfin avec un tutoriel de dessin (21 minutes) destiné à nous apprendre à dessiner Leonardo.