Test Blu-ray 4K Ultra HD : Monkey Man

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Monkey Man

États-Unis, Canada, Singapour, Inde : 2024
Titre original : –
Réalisation : Dev Patel
Scénario : Dev Patel, John Collee, Paul Angunawela
Acteurs : Dev Patel, Sharlto Copley, Pitobash
Éditeur : Universal Pictures Home Entertainment
Genre : Action
Durée : 2h02
Date de sortie cinéma : 17 avril 2024
Date de sortie DVD/BR/BR4K : 28 août 2024

En Inde, un jeune homme sort de prison. Il se retrouve dans un monde où règne la cupidité des chefs d’entreprise et, à l’inverse, l’érosion des valeurs spirituelles…

Le film

[4/5]

En apparence, Monkey Man est un film d’action qui suit la quête de vengeance d’un homme suite à la mort de sa mère et, dans sa dernière demi-heure, nous propose un déchaînement de violence en mode « One Man Army ». C’est cette raison qui a poussé la critique à systématiquement comparer le film de Dev Patel à John Wick, et même parfois à pousser le vice en qualifiant de « John Wick indien ». Sauf que, objectivement, comparer Monkey Man à John Wick, c’est opérer le genre de raccourcis que ceux qui, dans les années 80, comparaient Jackie Chan et Bruce Lee, Akira et Goldorak, et ne faisaient pas la différence entre Rocky et Rambo. C’est votre grand-mère qui désignait toutes les BD de la Terre sous la dénomination « Petits Mickeys ».

Contrairement à la saga John Wick, qui a rapidement abandonné tout enjeu narratif pour enchaîner les scènes d’action en mode « Keanu Reeves contre le reste du monde », sous la surface, Monkey Man cache une histoire véritablement incarnée, remplie de symboles liés à la légende d’Hanuman, l’homme singe, personnage mythique et véritable incarnation de la force et du courage en Inde. Le contexte social joue également un rôle important dans le film de Dev Patel, puisque la quête initiatique du « Kid » comporte clairement deux niveaux de lecture : bien sûr, le personnage central cherche à se venger des dirigeants corrompus qui ont assassiné sa mère, mais ces derniers sont également ceux qui tiennent le pays d’une main de fer, et maintiennent les pauvres et les plus vulnérables de la société dans une constante précarité.

L’espoir pour le petit peuple d’accéder un jour à des conditions de vie plus dignes est au cœur de Monkey Man, même si le film semble clairement désenchanté à ce niveau-là. Les disparités économiques au cœur de l’Inde contemporaine sont également au centre de plusieurs scènes d’action, et notamment celle, assez inédite, durant laquelle le héros est forcé de fuir à bord d’un petit Tuk-Tuk alors que ses poursuivants disposent de voitures et de motos. Parallèlement, tout au long de sa quête, le Kid recevra de l’aide d’autres personnes issues des classes les plus défavorisées du pays, même si les motivations des différents personnages sont différentes les unes des autres, et lors d’une scène de combat clandestin particulièrement intense, il deviendra, un masque de singe sur le visage, le héros de tous parias, celui dont tout un pays scande le nom comme pour retrouver un espoir en quelque chose.

Mine de rien, Monkey Man pointe également du doigt l’effondrement des valeurs religieuses dans l’Inde du Vingt-et-unième Siècle. Comme le beugle le personnage de Tiger, brillamment interprété par Sharlto Copley, le seul « Dieu » des laissés-pour-compte de la société est dorénavant la roupie indienne. La religion, représentée dans le film par le personnage de Baba Shakti (Makrand Deshpande), est montrée comme une arme servant à opprimer, diviser et à inspirer la peur. Au contraire, dans Monkey Man, ce sont les parias qui sont les plus saints, incarnant et vivant des principes essentiels tels que l’aide aux nécessiteux, l’acceptation et la charité, tandis que Baba Shakti, chef religieux auto-proclamé, vit dans l’opulence et aspire au pouvoir total, peu importe le nombre de victimes collatérales.

Mais qu’on se rassure : Monkey Man reste aussi et surtout un putain de gros film d’action, extrêmement brutal et graphique. Elle tape dur, les scènes de combat sont filmées et chorégraphiées de manière parfois innovante, et s’avèrent superbement exécutées : les effusions de sang et le os brisés sont montés avec force et rapidité, au point que Dev Patel, très impliqué dans son film, s’est cassé la main et plusieurs orteils mais a tout de même tenu à aller au bout du tournage. Plusieurs caméras cassées n’ayant pu être remplacées le cinéaste a du tourner certaines scènes à l’aide de son téléphone ou de caméras GoPro, ce qui donne une densité et un petit cachet visuel supplémentaire au film… mais n’a pas forcément plu à Netflix, qui produisait le film à l’origine, et qui s’est retiré en plein milieu du tournage. Heureusement, Jordan Peele a sauvé le projet des oubliettes par le biais de sa société Monkeypaw Productions, ce qui a finalement permis à Monkey Man de rencontrer son public dans les salles obscures plutôt que devant le petit écran.

Le Blu-ray 4K Ultra HD

[4,5/5]

Monkey Man vient juste de sortir au format Blu-ray 4K Ultra HD sous les couleurs de Universal Pictures, et côté transfert, c’est du tout bon. Dès le début du film, les couleurs s’avèrent pleines de vie et richement saturées, tandis que les noirs affichent des nuances remarquables. Le piqué est d’une précision absolue, et les séquences nous offrent un niveau de détail étonnant. Les tons de peau sont naturels, et les passages se déroulant dans des éclairages radicaux (rouge, violet, bleu) ont un sacré punch. Le film bénéficie par ailleurs de la technologie HDR10, qui apporte encore un peu plus de relief à l’ensemble : il n’y a rien à redire ! Du côté des pistes sonores, la VO nous est proposée en Dolby Atmos (avec un « core » Dolby TrueHD 7.1), et s’avère vraiment bluffante, en particulier sur les scènes d’action, qu’il s’agisse des combats sur le ring, durant lesquels le spectateur est littéralement happé par les sons de la foule, ou des autres environnements où se déroulent les scènes de fight, qui nous plongent au cœur du déchaînement de violence. La musique reprend par moments ses droits, grâce à une bande-son qui mélange allégrement le gros son de boites de nuit et la musique traditionnelle indienne. Les dialogues sont par ailleurs toujours correctement placés, et la spatialisation est souvent mise en valeur. La VF n’est pas en reste puisqu’elle est mixée en Dolby Digital+ 7.1 et propose de nombreux et excellents effets multicanaux, pour un rendu acoustique absolument ébouriffant.

On commencera la section bonus avec un intéressant commentaire audio du réalisateur Dev Patel (VOST). Le cinéaste, accompagné de ses « trois mousquetaires », à savoir les producteurs Jomon Thomas et Sam Sahni et le coproducteur Raghuvir Joshi, reviendra sur les douze années de travail ayant été nécessaires afin de réaliser Monkey Man, mais également sur les lieux de tournage, les diverses difficultés rencontrées pendant la production, les solutions de contournement au Covid et au désistement de ses producteurs, les questions budgétaires, ou encore les hommages conscients qu’il a rendu à d’autres films. Très intéressant ! Les amoureux du film pourront ensuite se régaler de 55 minutes de suppléments passionnants, et on commencera par environ une demi-heure de scènes coupées et/ou alternatives. On commencera avec une ouverture alternative (4 minutes), plus sombre et désespérée puisqu’elle familiarisait le spectateur avec la légende d’Hanuman par le biais d’un autre personnage, que l’on soupçonnera d’avoir clairement d’avoir abusé du « Kid » lorsqu’il était enfant. On aura également le droit à une fin alternative (3 minutes) légèrement différente de celle ayant finalement été choisie par Dev Patel, et qui s’avérait techniquement plus complexe. Parmi les séquences les plus intéressantes, on notera une scène mettant en scène Baba Shakti face à un parrain de la Mafia indienne (3 minutes), qui nous révèle un peu davantage la cruauté impitoyable du personnage, une scène rallongée de la mort de la mère (4 minutes), qui rajoutait un viol à son calvaire, ainsi que la mort d’Alphonso (4 minutes), torturé par Rana (Sikandar Kher). On trouve également une version un peu plus longue du montage dédié à l’entraînement du Kid (9 minutes), une scène suivant le jeune Lucky après son pari gagnant (1 minute) et une scène post-générique (1 minute). Le reste des bonus sera composé de plusieurs featurettes qui, mises bout à bout, composent un making of assez intéressant de Monkey Man. Le premier sujet reviendra sur la passion de Dev Patel pour son projet (9 minutes), et évoque l’arrivée du Covid-19, le rapatriement du tournage en Indonésie, du choix des costumes et de la collaboration avec Monkeypaw pour mener le projet à son terme suite à l’abandon de Netflix. On continuera ensuite par un focus sur les scènes d’action / cascades du film (9 minutes) : on y apprend la façon dont le chorégraphe des combats Brahim Chab est arrivé sur le projet parce qu’il réside en Thaïlande, et comment l’équipe a du faire face à une blessure inattendue. On enchaînera ensuite par un sujet consacré aux personnages du film (7 minutes) et on terminera par un focus sur Hanuman et la culture indienne (3 minutes), au cœur de l’intrigue de Monkey Man.

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