Test Blu-ray 4K Ultra HD : Little Buddha

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Little Buddha

France, Liechtenstein, Royaume-Uni : 1993
Titre original : –
Réalisation : Bernardo Bertolucci
Scénario : Mark Peploe, Rudy Wurlitzer
Acteurs : Keanu Reeves, Chris Isaak, Bridget Fonda
Éditeur : Rimini Éditions
Durée : 2h21
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 1 décembre 1993
Date de sortie 4K : 18 septembre 2024

Jesse Conrad, neuf ans, vit à Seattle avec ses parents. Un jour, la famille reçoit la visite surprise d’une délégation de moines bouddhistes venus du coeur de l’Himalaya. Ils sont persuadés que Jesse pourrait être la réincarnation d’un de leurs plus éminents chefs spirituels, mort neuf ans plus tôt, et souhaitent convier l’enfant au monastère pour lui faire subir des tests. Deux autres enfants sont identifiés comme pouvant prétendre être le lama réincarné. Parallèlement, on découvre la véritable histoire du Buddha…

Le film

[3/5]

Ayant longtemps nourri l’idée de faire un film sur le bouddhisme, Bernardo Bertolucci avait profité de sa rencontre avec le producteur et entrepreneur en BTP Francis Bouygues pour enfin concrétiser son projet, Little Buddha Le film raconte en parallèle l’histoire de Jesse (Alex Wiesendanger), un petit Américain de neuf ans supposé être la réincarnation d’un grand lama, et celle du prince Siddhartha (Keanu Reeves), qui vécut au 5ème ou au 6ème siècle avant Jésus Christ, et qui deviendrait le futur Bouddha. Sorti à la fin de l’année 1993, Little Buddha attirerait presque 1,4 millions de curieux dans les salles françaises, et rencontra un confortable succès en Europe. Aux États-Unis en revanche, il ne récolterait qu’un peu moins de cinq millions de dollars de recettes, et ne convainquit que très partiellement la critique, au point même de se voir nominé pour un Razzie Award : celui du « pire nouvel acteur » pour Chris Isaak. Il était en lice pour remporter le trophée aux côtés de Jim Carrey, Chris Elliott et Shaquille O’Neal, mais c’est Anna Nicole Smith qui a remporté la prestigieuse distinction.

Grosso modo, Little Buddha est conçu comme les grandes épopées bibliques Hollywoodiennes qui fleuriraient sur les écrans des années 20 jusqu’aux années 50, et qui mettaient en scène des personnages trouvant le salut à travers la religion, les Écritures étant mises en scène de façon spectaculaire dans d’immenses plateaux remplis de figurants. Pourtant, malgré les décors spectaculaires et le faste déployé par le film, la narration s’avère très lente et peinera à captiver le spectateur. Les images sont belles, certes, mais les personnages parlent comme s’ils lisaient les messages cryptiques contenus dans des fortune-cookies chinois. Pire encore, dans la peau de Siddhartha, Keanu Reeves, le visage peint façon « brownface », nous propose un accent indien à la Hrundi V. Bakshi dans The Party, et son physique longiligne ne ressemble en rien à l’image du bouddha que l’on connaît.

Pourtant, il faut admettre que l’histoire de Siddhartha a un certain potentiel dramatique, mais Little Buddha n’en fait que peu de cas, ignorant le tiraillement du prince, qui doit choisir entre son devoir et ses penchants spirituels. Néanmoins, en dépit du manque de substance de l’ensemble, les séquences qui mettent en scène le personnage sont magnifiquement filmées, et sont racontées à la façon d’une légende ou d’un conte de fées, avec ce que cela sous-entend d’éléments magiques et de CGI bien foireux, à la façon de ce bébé Siddartha capable de marcher et de parler à la naissance, des fleurs qui poussent sous ses pas ou, plus tard, du cobra géant qui s’élève au-dessus de sa tête pour le protéger de la pluie pendant qu’il médite. Filmées en 65 mm avec l’aide de Vittorio Storaro à la photo (L’Oiseau au plumage de cristal, Apocalypse Now…), ces séquences sont composées comme des tableaux de maître.

Du côté des acteurs, en plus de Keanu Reeves (qui, à l’époque, n’était pas l’acteur de Matrix et de John Wick mais plus modestement de Point Break – Extrême limite et L’Excellente Aventure de Bill et Ted), on trouve au cœur de Little Buddha le crooner Chris Isaak (Twin Peaks – Le film) et Bridget Fonda. Si vous ne connaissez pas Bridget Fonda, il s’agit de l’épouse de Danny Elfman, qui a mis un terme à sa carrière d’actrice en 2003 après un grave accident de voiture. Cependant, dans les années 90, elle était incontournable, au point qu’on avait l’impression de « trop » la voir, à la façon de Teresa Palmer entre 2016 et 2019. Pour mémoire, Bridget Fonda a joué, entre autres, dans Le Parrain 3, JF partagerait appartement, Evil Dead 3, le remake américain du Nikita de Luc Besson, à savoir Nom de code : Nina, mais aussi dans Jackie Brown, Un plan simple, Lake Placid ou Le Baiser mortel du dragon.

Le Blu-ray 4K Ultra HD

[3,5/5]

Little Buddha vient de débarquer au format Blu-ray 4K Ultra HD sous la bannière de Rimini Éditions. Le film a la particularité d’avoir été tourné en utilisant deux formats distincts, en fonction des séquences : les scènes se déroulant au Vingtième Siècle ont été filmées en 35 mm, et celles consacrées à la vie de Siddhartha en 65 mm, puis le film a été exploité au format Cinemascope 2.39 – un Scope particulièrement écrasé donc. La restauration dont a hérité l’éditeur a été effectuée en 2022 à partir d’un scan 4K des négatifs originaux, sous la supervision du directeur photo Vittorio Storaro. Ce qu’il faut savoir avant toute chose, c’est que Vittorio Storaro est le cocréateur, avec son fils Fabrizio, du format Univisium, un format 2.00 né en 1998 avec l’avènement des TV en 16/9, et qui était censé être le chaînon manquant entre le Cinemascope et le format 1.78 des télés modernes. On se souvient notamment que Storaro, qui avait également supervisé la restauration de L’Oiseau au plumage de cristal que l’on avait découverte en DVD chez Wild Side Vidéo en 2010, puis en Blu-ray chez Arrow Vidéo l’année suivante, avait fait le choix d’appliquer le même recadrage 2.35 > 2.00 au film de Dario Argento, et de modifier les teintes de certaines séquences.

Le sort aujourd’hui réservé par Vittorio Storaro à Little Buddha est sensiblement le même que celui qu’il avait infligé à Dario Argento il y a presque quinze ans : plutôt que d’élargir le cadre en retirant les bandes noires en haut et en bas de l’écran, le film de Bernardo Bertolucci a été recadré horizontalement, ce qui entraîne forcément une perte d’informations non négligeable à l’image. Bien sûr, Bertolucci n’utilisait pas le format Scope de façon aussi « viscérale » qu’un Dario Argento ou un John Carpenter, et le film en est par conséquent légèrement moins impacté ; cependant, on a du mal à comprendre un tel « révisionnisme ». L’étalonnage du film a également été très fortement modifié, avec des ajouts réguliers de teintes froides sur les séquences prenant place à Seattle (qui apparaissent parfois carrément toutes bleues), et au contraire un boost outrancier des couleurs chaudes et des lumières sur les scènes qui suivent l’histoire de Siddhartha. On comprend bien que le contrastes entre orient et occident / entre tradition et modernité étaient au cœur de Little Buddha, mais à nouveau, le fait de modifier ainsi l’œuvre originale a de quoi faire sérieusement tiquer les cinéphiles.

C’est d’autant plus dommage que techniquement, le master 4K de Little Buddha qui nous est aujourd’hui proposé par Rimini s’avère très satisfaisant : l’image, proposée en HDR10 et Dolby Vision, nous propose en effet un gain sensible en termes de définition, et le grain argentique est parfaitement préservé. Les couleurs sont également assez superbes, notamment sur les scènes les plus chatoyantes que nous réserve le film, les noirs sont riches et profonds, et les hautes lumières sont explosives. Côté son, le film nous proposé en VO et DTS-HD Master Audio 5.1, et ce mixage fait honneur à l’ampleur et l’ambition du film de Bertolucci : les ambiances sont restituées de façon impressionnante, et l’ensemble s’avère d’un dynamisme inattendu. La version française est quant à elle proposée DTS-HD Master Audio 2.0, et bénéficie d’un mixage tout à fait équilibré. Du beau boulot !

La section suppléments s’avère très riche : on commencera par une présentation du film en deux parties (16 minutes), qui avait probablement été réalisée par la production afin d’assurer la promotion du film à sa sortie en 1993. Le réalisateur Bernardo Bertolucci y évoquera, entre autres, les similarités entre Little Buddha et Le Dernier Empereur. On enchaînera ensuite avec une présentation du film par Piero Spila (35 minutes). Le critique de cinéma, spécialiste du cinéma italien, remettra le film dans son contexte de production ainsi qu’au sein de la filmographie de Bernardo Bertolucci. Il évoquera l’importance du Bouddhisme, de la rencontre du cinéaste avec le Dalaï Lama, puis reviendra, entre autres, sur les choix narratifs du film et sur le travail de Vittorio Storaro. On continuera avec un entretien avec Gianni Giovagnoni (19 minutes). Le directeur artistique du film reviendra sur sa rencontre avec le réalisateur, évoquera ses souvenirs du tournage au Népal, ainsi que l’importance déterminante des couleurs et des costumes. L’entretien suivant donnera à nouveau la parole à Gianni Giovagnoni, mais sera davantage centré sur les décors du film (23 minutes), puisqu’il y commentera les photos des décors pour différencier les éléments « naturels » de ceux qui avaient été spécifiquement construits pour le film. Très intéressant ! On terminera enfin avec la traditionnelle bande-annonce.

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