Test Blu-ray 4K Ultra HD : Les Rivières pourpres

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Les Rivières pourpres

France : 2000
Titre original : –
Réalisation : Mathieu Kassovitz
Scénario : Jean-Christophe Grangé, Mathieu Kassovitz
Acteurs : Jean Reno, Vincent Cassel, Nadia Fares
Éditeur : Gaumont
Durée : 1h46
Genre : Thriller
Date de sortie cinéma : 27 septembre 2000
Date de sortie BR4K : 30 octobre 2024

Guernon. Un corps mutilé est découvert suspendu à une falaise. Le commissaire Niémans est dépêché sur les lieux. A 300 km de là, Kerkérian, jeune loup solitaire, enquête sur une profanation de sépulture. Deux flics, deux affaires… mais une même piste pour un horrible secret…

Le film

[3,5/5]

A la découverte des Rivières pourpres il y a 24 ans, beaucoup de cinéphiles et autres aspirants-critiques avaient pu avoir la dent dure avec le film de Mathieu Kassovitz. Peut-être un peu dépassé par la fougue de ses vingt ans, l’auteur de ces lignes avait ainsi considéré que le film du jeune Kasso n’était pas à la hauteur de son essai précédent (La Haine), et ne parvenait jamais à dépasser son statut de sous-Seven. Pour être tout à fait honnête, on avait qualifié à l’époque Les Rivières pourpres de film « aussi palpitant que de la mie de pain ».

Seulement voilà : vingt-quatre ans ont passé – l’auteur de ces lignes est certes moins jeune et moins fougueux, mais surtout, il a aujourd’hui davantage de recul sur la place qu’a pu occuper Les Rivières pourpres dans le cinéma français de l’époque. Il connaît également mieux le roman de Jean-Christophe Grangé ayant inspiré le film, ainsi que le reste de l’œuvre de l’auteur. Plus posé, il a appris à apprécier les scènes d’introduction à priori lentes, et la façon dont un cinéaste parvient à faire infuser une atmosphère, une tension, en l’espace de quelques séquences. Il remarque davantage les artifices de mise en scène, les habiles compositions de plans, ainsi que les tours de force techniques.

Mais l’auteur de ces lignes va arrêter de parler de lui à la troisième personne, pour reconnaître s’être planté dans son appréciation du film à l’époque de sa sortie en salles. Ne nions pas l’évidence : Les Rivières pourpres est un excellent petit thriller, qui a considérablement changé la donne en termes de polar à la française, et dont on trouve, encore aujourd’hui, de nombreux enfants illégitimes dans le cinéma et la série TV made in France : on pense par exemple au lourd tribut que leur doivent des films tels que Le Mangeur d’âmes (Julien Maury et Alexandre Bustillo, 2024), ou d’autres œuvres évoluant dans la même veine, telles que les mini-séries Glacé, créée par Gérard Carré, Pascal Chaumeil et Caroline Van Ruymbeke en 2017, ou Anthracite : Le mystère de la secte des Écrins, créée par Fanny Robert et Maxime Berthemy en 2024.

Les Rivières pourpres marque la première apparition à l’écran du personnage de Pierre Niemans, sous les traits de Jean Reno. Le scénario lui colle dans les pattes un jeune flic, Max Kerkerian, incarné par Vincent Cassel, et dont l’enquête finira par trouver un point de convergence avec celle de Niemans. Le personnage de Max Kerkerian constitue probablement la plus grande liberté avec le roman de Jean-Christophe Grangé, puisque dans le bouquin, le deuxième flic était un maghrébin nommé Karim Abdouf, dont l’origine était un élément important de l’intrigue, et une façon pour Grangé de placer son récit dans un certain climat de violence sociale. Mathieu Kassovitz a tenté de retrouver une partie de cette atmosphère dans les premières scènes prenant place à Sarzac, mais elle n’interfère jamais autant avec l’intrigue générale que dans les pages du roman de Grangé.

A n’en point douter, c’est le succès rencontré par le Seven de David Fincher en 1995 qui a convaincu Gaumont et Mathieu Kassovitz de se lancer dans l’adaptation du roman – et gros succès de librairie en 1998 – Les Rivières pourpres. Avec l’aide de son directeur photo Thierry Arbogast, le jeune cinéaste s’amusera même à reproduire certains plans du film de Fincher, mais dans un contexte montagnard. Les scènes les plus graphiques sont filmées de manière experte, de même que les scènes d’action en général. Les acteurs sont assez savoureux, avec notamment un Vincent Cassel ayant du faire face au cadavre de son père Jean-Pierre Cassel, Nadia Farès est convaincante et on notera une petite apparition – pas forcément remarquée à l’époque de la sortie du film – d’un tout jeune Laurent Lafitte dans le rôle du fils du doyen de l’université.

Avec presque 25 ans de recul, force est donc de reconnaître que Les Rivières pourpres tire son épingle du jeu, notamment dans la façon dont il utilise les fausses pistes pour nous amener à un final inattendu que les plus fougueux d’entre-nous ont pu un temps comparer – à tort – au dénouement d’un épisode de Scooby-Doo. Et si le film met du temps à assembler toutes les pièces du puzzle de son intrigue, à quelques exceptions près, aucun cliché ou facilité trop évidente ne nuisent réellement à son aura et à son atmosphère générale. Du beau travail donc !

Le Blu-ray 4K Ultra HD

[5/5]

Disponible en DVD et en Blu-ray depuis quelques années, Les Rivières pourpres s’offre aujourd’hui une édition Blu-ray 4K Ultra HD pour le moins attendue des amateurs, toujours sous les couleurs de Gaumont. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le résultat est assez époustouflant. Proposé en HDR10 + Dolby Vision, le film de Mathieu Kassovitz s’offre un niveau de détail absolument excellent, un grain d’une finesse absolue, tout en respectant à la lettre la granulation argentique de l’ensemble. Les couleurs sont vives et profondes tout au long du film, et les scènes en basse lumière ne sont pas en reste : les scènes nocturnes ou en montagne créent une ambiance plus froide, et les extérieurs affichent d’avantage de chaleur. Du côté des pistes son, Les Rivières pourpres nous est proposé en DTS-HD Master Audio 5.1 dans un mixage multicanal époustouflant et immersif, mais pour ceux qui regardent encore leurs films tranquilou sur une TV sans système de spatialisation sonore, le film est également disponible en DTS-HD Master Audio 2.0, dans un mixage proposant des voix claires et un bon équilibre acoustique.

Du côté des suppléments, on commencera avec l’intégralité des bonus déjà disponibles sur l’édition DVD Collector de 2001, ainsi que sur l’édition Blu-ray de 2009 : on se régalera donc d’un Commentaire audio de Mathieu Kassovitz, Jean Reno et Vincent Cassel, de la Bande originale du film isolée et commentée par Bruno Coulais, d’un long documentaire revenant sur l’adaptation du livre (52 minutes), d’une featurette sur la scène de l’autopsie (27 minutes), qui sera complétée par un sujet sur la conception du cadavre par Jean-Christophe Spadaccini et Denis Gastou (10 minutes). On continuera avec une featurette dédiée à l’entraînement physique de Vincent Cassel, commentée par Vincent Cassel et Nicky Naudé (8 minutes), un retour sur la scène de poursuite (9 minutes) dans lequel Mathieu Kassovitz expliquera avoir du renoncer à la moitié de sa scène par manque de moyens, un sujet consacré au tournage en altitude (10 minutes), et un dernier dédié aux effets spéciaux visuels mis en place pendant la dernière séquence du film (16 minutes). La traditionnelle bande-annonce fermera le bal, mais avec Gaumont, quand y’en a plus, y’en a encore !

En effet, sur le Blu-ray 4K Ultra HD du film, on trouvera deux suppléments inédits. Le premier est un entretien avec Thierry Arbogast (18 minutes), qui révélera être très fier de ce film, des cadres et des « codes lumières » utilisés pour le genre polar. Il reviendra sur la personnalité de Mathieu Kassovitz, angoissée et pleine de doutes, qui s’oppose à celle de Luc Besson, toujours très sûr de lui. Il reviendra sur l’utilisation de lumières « praticables », sur les courtes focales et les contre-plongées utilisées sur le film, et mine de rien, il s’attribuera gentiment la paternité de certaines séquences (le face à face Cassel / Reno dans le café). Il terminera en évoquant sa passion pour Vittorio Storaro. Le deuxième bonus inédit est un passionnant entretien avec Jean-Christophe Grangé (31 minutes). Le romancier reviendra, avec une certaine humilité, sur la genèse de son deuxième roman Les Rivières pourpres. Il reviendra sur l’inspiration, qui lui est venue d’un concours de beauté de souris au Royaume-Uni. Il évoquera la disparition du personnage de Karim Abdouf, mais fera contre mauvaise fortune bon cœur, puisqu’il affirme que ce que le film perd en fidélité par rapport au roman, il le gagnait en complicité avec le réalisateur, puisqu’à l’époque, Vincent Cassel et Mathieu Kassovitz étaient très amis. S’exprimant sans la moindre langue de bois, il révélera avoir toujours été étonné par les acteurs qui jouaient des dans adaptations de ses films mais refusaient de lire le livre « pour ne pas être influencés ». Il admettra par ailleurs qu’il est rare qu’on ait a la fois un bon film pour un bon livre, et qu’en général, le résultat de l’équation adaptative était un mauvais film pour un bon livre ou à l’inverse, un bon film pour un mauvais livre.

On notera par ailleurs que ce Combo Blu-ray 4K Ultra HD + Blu-ray des Rivières pourpres édité par Gaumont nous est proposé dans une Édition Digipack collector limitée avec étui.

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