Kaamelott – Premier volet
France : 2021
Titre original : –
Réalisation : Alexandre Astier
Scénario : Alexandre Astier
Acteurs : Alexandre Astier, Franck Pitiot, Thomas Cousseau
Éditeur : M6 Vidéo
Durée : 2h00
Genre : Comédie, Aventures
Date de sortie cinéma : 21 juillet 2021
Date de sortie BR4K : 1 juin 2022
Le tyrannique Lancelot-du-Lac et ses mercenaires saxons font régner la terreur sur le royaume de Logres. Les Dieux, insultés par cette cruelle dictature, provoquent le retour d’Arthur Pendragon et l’avènement de la résistance. Arthur parviendra-t-il à fédérer les clans rebelles, renverser son rival, reprendre Kaamelott et restaurer la paix sur l’île de Bretagne ?
Le film
[3,5/5]
Le phénomène Kaamelott expliqué aux plus jeunes
L’aventure Kaamelott a commencé en 2005 sur M6 : il s’agissait alors d’une série télévisée humoristique au format très court, créée par Alexandre Astier, Alain Kappauf et Jean-Yves Robin dans le sillage de Caméra Café (2001-2004), mais pratiquant un humour décalé évoluant dans un univers plutôt teinté d’Heroic Fantasy. Extrêmement populaire dès ses débuts, la série a permis au public de découvrir Alexandre Astier, qui serait rapidement considéré par la critique comme un des génies contemporains de la comédie française.
A partir de 2006, il écrit le scénario de la série de bande dessinée Kaamelott, dérivée de la série télévisée, et avec le succès, commence à délaisser l’aspect humoristique de la série afin de l’orienter vers davantage de sérieux à partir de sa quatrième saison. Il basculera ensuite plus significativement dans le dramatique lors de la cinquième saison. Au cours de cette évolution, la série a étendu la durée des épisodes, passant d’un format court à une durée plus longue, atteignant le format standard de trois quarts d’heure dans sa sixième (et ultime) saison.
L’évolution du format et des scénarios a peu à peu transformé ce qui était une petite série humoristique sans prétention en un feuilleton télévisé nettement plus ambitieux d’un point de vue thématique et formel, ce que de nombreux fans de la première heure n’ont toujours pas digéré, tandis que d’autres furent au contraire ravis de la mutation de la série, et de l’extension de l’univers Kaamelott. Après l’interruption de la série TV sur M6 en 2009, Alexandre Astier prévoit de la prolonger sur grand écran, sous la forme d’une trilogie cinématographique, et envisage un début de tournage en 2014.
Mais cela sera finalement début 2019 qu’Alexandre Astier commencera le tournage de la version cinématographique de Kaamelott ; après deux reports dus à la pandémie du Covid-19, le premier volet de la trilogie, fort logiquement intitulé Kaamelott – Premier volet, sort le 21 juillet 2021. Et en dépit des presque douze ans de latence ayant séparé la fin de la série et la sortie du premier film, le pari d’Alexandre Astier est remporté haut la main : avec 2,6 millions d’entrées, Kaamelott – Premier volet, est le plus gros succès français de l’année 2021, devant Les Tuche 4 (2,4 millions) et Bac Nord (2,2 millions). Qui l’eut cru ?
Un bon équilibre entre l’humour et l’aventure
Ramenons ce délai à une considération toute personnelle : j’étais un jeune insouciant de 25 ans à ma découverte de la série Kaamelott en 2005, je suis maintenant un vieux con de 42 balais quand débarque enfin Kaamelott – Premier volet au format Blu-ray 4K Ultra HD. Alexandre Astier a vieilli également, bien sûr, et a mis à profit la dizaine d’années qui séparent la fin de la série et le premier volet de sa trilogie. Comme à son habitude, il a pris les choses en main de façon très personnelle, signant tout à la fois la réalisation, le scénario, le montage et la musique du film.
Sans doute conscient des reproches lui ayant été faits lors du virage « sérieux » de la série, Astier prend ici clairement le parti de revenir à davantage d’humour : la trame scénaristique est globalement bien tenue, mais on retrouvera dans Kaamelott – Premier volet un bon équilibre entre la volonté d’instaurer un souffle épique à l’intrigue et la gaudriole, largement représentée à l’écran par les personnages de Perceval et Karadoc (Franck Pitiot et Jean-Christophe Hembert), toujours aussi stupides.
Très influencé par Michel Audiard dans sa façon d’écrire des répliques qui claquent, Alexandre Astier nous réserve de nombreuses saillies hilarantes, et une poignée de « punchlines » efficaces, même si on pourra s’étonner de l’utilisation fréquente du mot suranné « Pif », qui pourra peut-être être vu comme une façon pour Alexandre Astier de soutenir à sa manière le Parti Communiste Français. Comme depuis les débuts de la série, le comique purement verbal est bien plus souvent mis à l’honneur que le comique de situation.
Bien sûr, Alexandre Astier sait d’où il vient, et Kaamelott – Premier volet fait également un peu (trop) dans le fan service, introduisant de nombreux personnages issus de la série, mais de façon un peu trop courte, sans les développer suffisamment. Si on comprend bien l’importance narrative que pouvaient avoir les Burgondes dans le récit, on comprend en revanche plus difficilement comment, pour ne citer que le personnage le plus manifestement sous-exploité, la Dame du lac (Audrey Fleurot) a fini par atterrir dans le script.
Des problèmes de rythme
Si on est content de retrouver l’humour qui faisait tout le sel des premières saisons de la série, Kaamelott – Premier volet n’en est cependant pas parfait. Il ne pourra ainsi échapper à personne que les effets spéciaux ne sont pas au niveau de l’ambition affichée par Alexandre Astier et son équipe. Le film souffre également d’une structure plutôt déséquilibrée, tenant de la suite de vignettes, avec des personnages qui vont, viennent et souvent disparaissent pour ne plus réapparaitre, à la manière du Duc d’Aquitaine (Alain Chabat). De fait, le rythme du film en pâtit très clairement, avec un gros ventre mou en milieu de métrage. On comprend bien le dilemme d’Alexandre Astier, pour qui chaque élément du script a sa place et son importance au cœur de l’intrigue, mais Kaamelott – Premier volet ne décolle réellement qu’à partir de la scène de la prison, pour la simple et bonne raison qu’elle réunit enfin tous les personnages, qui étaient jusque-là séparés.
A sa décharge, il est sûr et certain cependant qu’Alexandre Astier a déjà dû se résoudre à se débarrasser au montage de quelques séquences de Kaamelott – Premier volet, même si ces dernières lui tenaient probablement à cœur. On en veut pour preuve l’ellipse brutale qui fait suite à la partie de « robobrole » – à peine Arthur s’est-il emparé d’Excalibur que l’on retrouve tous les personnages à table avec les Burgondes au château de Léodagan.
Mais quitte à sacrifier encore un peu plus les personnages incarnés à l’écran par Clovis Cornillac et Guillaume Gallienne, on est assez convaincus que quelques coupes eurent sans doute été nécessaires durant la première demi-heure de métrage.
Cela dit, ces problèmes de rythme ne parviendront pas à réellement gâcher le plaisir pris par le spectateur devant le spectacle du retour d’Arthur. Certaines scènes s’imposent ainsi comme de véritables classiques instantanés, et les acteurs sont excellents. On notera ainsi quelques apparitions remarquées de Pascal Vincent, François Morel, mais aussi bien sûr de Sting, superbe dans la peau du mercenaire Saxon Horsa. Antoine de Caunes, François Rollin et Christian Clavier forment un trio de conseillers hilarants, et si son personnage est plutôt effacé dans cet épisode, Thomas Cousseau (Lancelot) devrait prendre une importance capitale dans les prochains volets. Ainsi, même si la narration plie régulièrement sous le poids d’un trop grand nombre de personnages, Kaamelott – Premier volet laisse augurer du meilleur pour la suite…
Le Blu-ray 4K Ultra HD
[4,5/5]
Jusqu’ici uniquement disponible au format Blu-ray 4K Ultra HD au sein d’un onéreux coffret qui n’intéressait à priori que les fans hardcore de la série, Kaamelott – Premier volet débarque le 1er juin dans une édition Blu-ray 4K Ultra HD + Blu-ray autrement plus abordable par le commun des mortels, et toujours sous les couleurs de M6 Vidéo. Cela sera l’occasion pour les cinéphiles de découvrir le film d’Alexandre Astier en bénéficiant des technologies Dolby Vision et HDR10, et honnêtement, la différence entre la version Blu-ray et la version 4K du film s’impose comme une véritable publicité pour le support. Cette version Ultra Haute-Définition supplante tellement haut la main la version Blu-ray en termes de finesse, de définition et de couleurs que l’on en viendrait à se demander si l’éditeur M6 Vidéo n’a pas volontairement salopé son Blu-ray juste pour permettre au Blu-ray 4K de briller de mille feux. Des couleurs sublimes, un piqué de folie, bref, une véritable merveille, qui fait clairement honneur à la photo de Jean-Marie Dreujou, et à ses plans régulièrement soignés et magnifiques. Du côté du son, le film est mixé en Dolby Atmos et nous propose un spectacle acoustique aux dimensions tout simplement épiques : l’immersion est optimale pour le spectateur, la spatialisation joue la carte de l’ambiance, de l’efficacité et de la finesse : une pure démo acoustique.
Pour les suppléments, le Blu-ray 4K Ultra HD ne comporte que le commentaire audio d’Alexandre Astier, enregistré « à la maison » et en compagnie de ses enfants Ethan et Ariane. Il reviendra sur de nombreux aspects du film, dans la bonne humeur, débattant par moments avec ses enfants qui ne partagent pas (forcément) son point de vue. Quelques indices concernant les suites à venir sont lâchés, surtout concernant le personnage de Lancelot. Certains passages sont assez amusants, tels que ceux évoquant le personnage de Perceval ou celui revenant sur la séquence du Robobrole. Alexandre Astier évoquera également son choix – visiblement critiqué – de revenir à l’adolescence d’Arthur par le biais de flashbacks. Pour le reste des suppléments, il faudra se tourner vers la version Blu-ray du film. On y trouvera tout d’abord un passionnant making of signé Fred Mortagne (44 minutes). Présenté sans voix off ni le moindre entretien avec les membres de l’équipe, ce documentaire enchainera donc les moments volés sur le tournage, dominés dans un premier temps par la présence de Christian Clavier, puis nous donnant à voir davantage de détails sur la production, les effets spéciaux, la mise en place de certaines scènes. On continuera ensuite avec un montage des différentes photographies de plateau (5 minutes) prises par Alexandre Astier et Fred Mortagne sur le tournage de Kaamelott – Premier volet. Quelques-unes d’entre elles avaient déjà été vues dans le making of, mais le sujet s’avère tout à fait intéressant. On terminera enfin avec les traditionnelles bandes-annonces.