Brice de Nice
France : 2005
Titre original : –
Réalisation : James Huth
Scénario : Karine Angeli, Jean Dujardin, James Huth
Acteurs : Jean Dujardin, Clovis Cornillac, Élodie Bouchez
Éditeur : M6 Vidéo
Durée : 1h40
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 6 avril 2005
Date de sortie BR4K : 13 juillet 2022
Éternel ado de presque trente ans, Brice s’est créé un « style » : il est surfeur, winner… Comme Bodhi dans son film culte « Point Break », il attend SA vague… à Nice ! Personne pourtant n’ose se moquer car Brice est le roi de la casse, cet art de la répartie qui n’appartient qu’à lui ! Il fallait bien qu’un jour Brice soit rattrapé par la réalité…
Le film
[3/5]
Il existe dans la critique française un courant assez flagrant d’animosité envers tout ce qui ressemble de près ou de loin à une comédie populaire dont la tête d’affiche est un humoriste. Qu’il s’agisse de critique pratiquée en « amateur » sur les blogs ou autres bouteilles à la mer du Net ou, comme sur critique-film.fr, de façon plus professionnelle avec un talent invraisemblable, il s’agit là d’une constante dans le métier. On ajouterait même que plus les « comiques » reconvertis dans le cinéma sont jeunes, plus les critiques sont véhémentes, avec une mention particulière et un petit surplus de hargne et de gratuité s’ils viennent de la télévision (écurie Canal +, émissions ou séries TV…).
Quand Brice de Nice est sorti sur les écrans en 2005, Jean Dujardin ne possédait pas encore l’aura de « superstar » qu’il a aujourd’hui : il fut en effet révélé comme un des membres d’une troupe d’humoristes, les « Nous Ç Nous », qui remporterait à trois reprises l’émission de M6 « Graines de star » dans la catégorie « comiques », entre 1997 et 1998. C’est dans ce cadre que Jean Dujardin présenterait pour la première fois le personnage de Brice de Nice, surfeur niçois mégalomane, dont il tirerait ensuite plusieurs vidéos qui rencontreront un grand succès sur Internet. Par la suite, Jean Dujardin tournerait quelques sketches pour l’émission « Farce Attaque » sur France 2 avec son camarade Bruno Salomone avant de connaître le succès avec la série télévisée Un gars, une fille, également diffusée sur France 2 entre 1999 et 2003.
Bref, autant dire qu’à l’époque de la sortie en salles du film de James Huth, Jean Dujardin n’était pas l’acteur multi-récompensé (Oscar, Bafta, Golden Globe…) et respecté qu’il est aujourd’hui, et la critique fut sévère avec Brice de Nice – le film fut même nommé aux Gérard du cinéma en 2006 dans la catégorie « Pire film avec Jean Dujardin ». Pour autant, avec 4,4 millions d’entrées, Brice de Nice s’imposa comme un des plus gros succès de l’année 2005. 17 ans plus tard, le film de James Huth débarque au format Blu-ray 4K Ultra HD. Alors, que reste-t-il du film aujourd’hui ? On a vu qu’à l’image de Daniel Auteuil, Jean Dujardin était parvenu à changer complètement son image et à s’imposer comme l’un des acteurs les plus incontournables de sa génération : en est-il de même du film ?
D’une façon générale, plus les comédies prennent de l’âge, plus les critiques se tarissent, au point que dix, quinze, vingt ans après leur exploitation au cinéma, on trouve régulièrement des qualités à des films que l’on avait détestés au moment de leur sortie en salle. Pire : on en viendrait même à les apprécier. C’est le cas pour les films de Louis de Funès, des Charlots, de Coluche ou encore du cinéma de Claude Zidi : copieusement conchiés par la critique au moment où ils ont rencontré leur public, ces films sont aujourd’hui régulièrement considérés comme des « classiques » de la comédie française. S’il ne viendrait peut-être encore à l’esprit de personne de qualifier Brice de Nice de classique de la comédie made in France, le fait est que l’on pourra se montrer un peu plus indulgent avec le film de James Huth qu’il y a 17 ans, moment où on l’avait « subi » en salle.
La raison de cette indulgence est simple. D’une façon générale, on serait tenté d’affirmer que rien ne se périme plus vite que la comédie. Ce qui faisait rire nos aînés ne correspond pas forcément à ce qui nous fait rire aujourd’hui, et parfois, même ce qui nous faisait rire il y a dix, quinze ans ne nous fait même plus sourire aujourd’hui. De fait, quand le cinéphile (re)découvre de nos jours une comédie de « catalogue », datant de 20, 30, 40 ans et même plus, bien souvent, il faut bien avouer qu’il ne rit pas aux éclats, souriant tout au plus à quelques reprises. Mais le fait de ne pas rire à la découverte d’un film tourné « en d’autres temps » n’est pas forcément mauvais signe, dans le sens où le spectateur garde constamment à l’esprit que l’humour évolue rapidement, et que ce qui faisait rire à l’époque peine souvent aujourd’hui à atteindre nos zygomatiques. Et il est vrai que ce décalage, on le ressent tout particulièrement en revoyant Brice de Nice en 2022.
Ainsi, on ne rit pas, on sourit tout au plus, devant le spectacle des grimaces et des pitreries de Jean Dujardin dans Brice de Nice : le rythme du film est d’ailleurs particulièrement mal géré, et le spectacle ne parviendra à réellement prendre son envol qu’après la rencontre avec Marius (Clovis Cornillac), qui intervient au bout de quarante laborieuses minutes. Ensuite seulement, l’ensemble se montrera un peu plus drôle, avec notamment quelques idées savoureuses (l’infirmité de Marius, la rencontre avec les surfeurs participant au championnat) qui permettront au film de reprendre un peu de poil de la bête. Pour autant, et parce que Brice de Nice est déjà souvent considéré comme un « vieux » film par la jeune génération, on se forcera à prendre du recul et à faire preuve d’une indulgence certaine quant à l’enchaînement de vannes tombant complètement à plat que nous propose le métrage. A notre grande surprise, on ira même jusqu’à le trouver globalement sympathique, grâce à l’abattage des acteurs et surtout grâce au talent de metteur en scène de James Huth, un des formalistes les plus doués de sa génération, qui parvient à insuffler de l’énergie à un scénario en manquant cruellement.
Bien sûr, on se rend compte que l’indulgence dont on fait preuve ici pour Brice de Nice est une vue de l’esprit : si on ne rit que très peu devant le film, on sait pertinemment pour l’avoir vu il y a dix-sept ans que le film ne nous avait pas fait davantage nous esclaffer à l’époque. D’ailleurs, on pourra élargir ce constat à toutes ces autres comédies « vintage » qui ne nous ont pas fait rire mais pour lesquels on a fait preuve d’une grande ouverture d’esprit, en se disant simplement qu’il s’agissait d’un humour d’un autre âge, et en mettant l’efficacité du film sur nos zygomatiques en dehors de l’équation quant à notre appréciation générale. Cependant, on est également conscient que quand les comédies sont drôles, elles le restent en dépit des années, et on rit encore aujourd’hui franchement devant les comédies des Monty Python, des Z-A-Z, de Georges Lautner, de Francis Véber, de Bertrand Blier ou même devant certaines « screwball comedies » signées Howard Hawks.
Le Blu-ray 4K Ultra HD
[5/5]
Sorti dans les salles obscures au printemps 2005, Brice de Nice n’avait pas encore fait l’objet d’une édition Blu-ray en France, même au moment de la sortie en vidéo de Brice 3 en 2017. Et étant donné que l’on n’avait pas de master HD auquel le comparer, le choc ressenti devant la remasterisation 4K du film de James Huth n’en sera finalement que plus grand. L’image upgradée qui nous est proposée sur ce Blu-ray 4K Ultra HD édité par M6 Vidéo est tout simplement spectaculaire. D’une propreté inégalée, ce nouveau master écrase tout ce qui avait été fait avant, en termes de définition et de piqué, mais également en ce qui concerne la restitution du grain 35MM, solide et d’une finesse à toute épreuve. L’étalonnage des couleurs a également été revu, et le film baigne dans des couleurs chaudes du meilleur effet. Le HDR10 fait des merveilles, et du côté des contrastes, intensité et saturation semblent être les maitres-mots. Les noirs sont profonds, denses, bref, si l’on excepte une poignée de plans malheureux nous proposant de légères baisses de définition, M6 Vidéo nous livre ici une présentation littéralement époustouflante du film de James Huth. Côté son, le film est proposé en DTS-HD Master Audio 5.1, et bénéficie d’un mixage puissant et bien équilibré. Si l’ensemble est peut-être un poil trop centré sur l’axe frontal, la restitution des ambiances lors des scènes de fête et les scènes musicales est réellement spectaculaire. Les canaux surround sont régulièrement sollicités, et utilisés à bon escient. Les voix sont bien placées, et toujours de la plus parfaite clarté. Du très beau travail.
Du côté des suppléments, la galette Blu-ray 4K Ultra HD de Brice de Nice nous propose de découvrir le film en « version cassée », c’est-à-dire séparé en deux parties avec une courte intervention de Jean Dujardin, Clovis Cornillac, Bruno Salomone et James Huth en son milieu. On pourra également se régaler d’un commentaire audio de Jean Dujardin et James Huth, à la fois informatif et assez drôle. Ceux-ci évoqueront au détour d’autres informations qu’ils étaient les seuls à comprendre l’humour du film sur le plateau, et que les membres de l’équipe étaient souvent circonspects quant aux vannes qu’ils filmaient. On terminera par une série de bandes-annonces et spots TV. On notera cependant que d’autres suppléments (making of, bêtisier, scènes coupées) sont disponibles sur le Blu-ray du film, également disponible dans le boitier, en plus d’une carte sérigraphiée et numérotée.
VOus pouvez critiquer ce film tant que vous le voudrez. D’autres le trouverons fabuleux. Dites juste je n’aime pas, mais ne faites pas le jeu de la critique bidon et intolérante. Merci.
Bonjour Pesket,
Ce que vous soulignez ici est le lot de toute critique – qu’il s’agisse de Brice de Nice ou de la dernière Palme d’Or, il y en a toujours qui aiment, et d’autres qui n’aiment pas. Mais en fait, plutôt que de dire « juste » j’aime ou je n’aime pas comme vous nous le conseillez, on trouve quand même que dans les deux cas, il vaut mieux tenter d’expliquer pourquoi on aime ou on n’aime pas. C’est un peu le but de toute critique, et de tout débat d’idée, même si cela vous apparait peut-être bidon et intolérant quand on n’exprime pas tout à fait le même son de cloche que le votre.
Cependant, si vous aviez pris la peine de lire l’article, vous vous seriez rendu compte qu’on était certes peut-être « bidon », mais qu’au contraire notre seuil de tolérance concernant ce film s’était plutôt assoupli en l’espace de 17 ans, et qu’on le trouvait globalement sympathique. Pas fabuleux, certes. Mais sympathique.
Bonsoir, quoi qu’il en soit, vous dénigrez le film alors que d’autres l’adorent. Je pense qu’il vaut mieux donner son avis et son ressenti, mais pas son pouvoir d’influence. (Je vous rassure, vous êtes 90% à parler de la sorte niveau critique. ) Et je ne parle pas des amateurs sur les sites les plus connus et qu’il ne faut surtout pas lire. Le mieux serait de parler du film normalement avec son ressenti, sans aigreur, et le plus court possible.