Bob Marley : One Love
États-Unis : 2024
Titre original : –
Réalisation : Reinaldo Marcus Green
Scénario : Terence Winter, Frank E. Flowers, Zach Baylin
Acteurs : Kingsley Ben-Adir, Lashana Lynch, James Norton
Éditeur : Paramount Pictures
Genre : Biopic, Musique
Durée : 1h44
Date de sortie cinéma : 14 février 2024
Date de sortie DVD/BR/4K : 19 juin 2024
Cassandra Web est une ambulancière de Manhattan qui serait capable de voir dans le futur. Forcée de faire face à des révélations sur son passé, elle noue une relation avec trois jeunes femmes destinées à un avenir hors du commun, si toutefois elles parviennent à survivre à un présent mortel…
Le film
[3,5/5]
Si le phénomène ne date pas d’hier, le succès rencontré par Bohemian Rhapsody (2018, 962 millions de dollars de recettes) puis par Rocketman (2019, 206 millions) a contribué à populariser les biopics centrés sur des personnalités incontournables de la musique contemporaine, qu’elles soient mortes ou pas. Ainsi, ces dernières années, les biopics musicaux se sont multipliés : Respect (2021), Elvis (2022), Whitney Houston – I Wanna Dance With Somebody (2022), Bob Marley : One love (2023)… Tous n’ont pas eu le même retentissement auprès du public évidemment, et on aurait pu penser qu’une certaine lassitude serait peut-être aujourd’hui en train de s’installer, mais le million d’entrées enregistrées en France ces dernières semaines par Back To Black, le film consacré à Amy Winehouse, nous laisse finalement penser que le biopic musical a encore de beaux jours devant lui. Ainsi, on ne serait pas étonné de voir débarquer prochainement des films retraçant l’histoire de Michael Jackson, Kurt Cobain, Madonna, Lady Gaga ou, en France, évoquant celle de France Gall, Françoise Hardy, Jul, Soprano, Johnny Hallyday ou des Rita Mitsouko.
Bénéficiant d’un budget confortable, produit par Plan B pour Paramount Pictures, Bob Marley : One Love a également rencontré un gros succès à travers le monde, en cumulant 180 millions de dollars de recettes à l’international et en attirant presque deux millions de rastamen fumeurs de ganja dans les salles françaises. Un sacré tour de force quand on pense que le reggae n’est finalement pas si populaire que ça dans l’hexagone, surtout auprès de ceux qui se lavent tous les jours, mais on conviendra aisément du fait que Bob, C’EST le reggae à lui tout seul, man. Et Bob, c’est des révoltes, c’est la lutte contre le système et l’oppression ; Bob c’est un cri pour l’égalité des droits humains… Bref, c’est le prophète, la légende, man. Faut pas croire que c’est juste une femme battue et 36 enfants illégitimes. Bob, c’est la vie, man. Vas-y, passe le bong, man. Jah, Rastafari !
Bob Marley : One Love est donc un biopic musical qui tente autant de s’attarder sur la personnalité et les engagements du chanteur (en évitant soigneusement les sujets polémiques) que sur sa carrière musicale. De fait, le film de Reinaldo Marcus Green – qui s’était déjà essayé au biopic avec La Méthode Williams en 2021 – ne s’affranchit pas nécessairement des clichés du genre, mais parvient tout de même plutôt bien à dépasser le statut d’icône et l’aura de « prophète » de Bob Marley et à en retrouver l’humanité. Et si le cinéaste garde l’œil sur le tempo musical que se doit de conserver ce genre de films, on ne pourra que saluer l’Art avec lequel il maîtrise également le rythme « émotionnel » de son film, notamment dans la façon dont il parvient à construire une histoire de cœur touchante et réaliste au milieu du tumulte et des conflits de l’époque.
De plus, grâce à sa construction à rebrousse-temps, qui prend comme point de départ la tentative d’assassinat dont fut victime le chanteur en 1976, Bob Marley : One Love parvient à éviter l’écueil du « Film Wikipédia », et ce même si de nombreux moments-clés de la carrière et de la vie de Bob Marley sont évidemment abordés. La construction du film en flash-backs évite l’évolution linéaire habituelle du biopic musical, et permet d’adopter un changement de point de vue intéressant, dans le sens où tous les éléments qui nous seront montrés au fil du film seront en fait présentés à travers le prisme d’un événement dramatique, lié à l’existence de Bob Marley évidemment, mais également à un contexte social, politique et historique bien plus large.
Bob Marley : One Love est donc, à sa manière, un film sur l’histoire récente de la Jamaïque ; cependant, la façon dont le scénario mêle ensuite la vie personnelle / la musique de Bob Marley et les événements socio-politiques est assez remarquable. La performance est à saluer, surtout si l’on considère que le film parvient finalement à nous donner une image assez fidèle de qui était l’homme en n’évoquant pourtant dans le détail que les cinq dernières années de sa vie. Ajoutez à cela une facture technique et esthétique solide, et vous obtiendrez un biopic musical parmi les plus intéressants de ces dernières années, même si on peine toujours à croire que la vie, les aspirations et les failles d’un homme puissent être résumées en deux heures. Bien sûr, ce qui marquera le plus le public à la découverte de Bob Marley : One Love, c’est la façon dont sa musique et les morceaux légendaires de Bob Marley semblaient prendre le pouls de son pays. Le film de Reinaldo Marcus Green souligne le fait que parfois, la musique peut servir un objectif, et que celle de Bob Marley avait vraiment un but à atteindre.
Le Blu-ray 4K Ultra HD
[4,5/5]
Après avoir réuni presque deux millions de joueurs de djembé dans les salles françaises, Bob Marley : One Love débarque donc ces jours-ci au format Blu-ray 4K Ultra HD, sous les couleurs du plus rastafari des éditeurs, Paramount Pictures. Et côté image, le résultat est assez sublime : le film a naturellement été tourné en 4K, et l’ensemble nous propose un piqué d’une finesse absolue, renforcé par des textures et des couleurs épatantes, qu’il s’agisse des gros plans ou des plans d’ensemble. Le pep’s de l’image est indéniable, et les couleurs sont encore renforcées par la technologie Dolby Vision qui permet aux éclats de rouge, de bleu, de jaune, d’orange et de vert d’exploser à l’écran avec une profondeur et une vivacité impressionnantes. Les niveaux de noir sont également excellents, les blancs sont irréprochables et les tons de la sont naturels. En deux mots, il s’agit d’une présentation visuelle au top, et on retrouvera le même niveau d’excellence du côté des pistes son, avec deux mixages (VF et VO) Dolby Atmos absolument phénoménaux, qui prendront toute leur ampleur durant les scènes musicales, incroyablement riches et vibrantes. La spatialisation est redoutable, et conserve tout au long du film une grande clarté et une équilibre parfait entre les dialogues, la musique et les sons d’ambiance. L’immersion du spectateur est totale, et les basses sont explosives.
Dans la section suppléments, on trouvera un intéressant making of divisé en plusieurs featurettes thématiques. La première est évidemment consacrée à la performance de Kingsley Ben-Adir dans le rôle principal (7 minutes). L’acteur principal y revient sur sa transformation physique et mentale qui lui a été nécessaire afin de retrouver la philosophie de Bob Marley, ainsi que son apprentissage accéléré de la musique. On reviendra ensuite sur le scénario du film (7 minutes). L’équipe du film évoque le choix de s’écarter de la narration traditionnelle du biopic musical, ainsi que celui de raconter l’histoire de Rita parallèlement à celle de Bob. On continuera ensuite avec un sujet plus général consacré au casting (10 minutes), avec certains acteurs-clés du film, et on terminera sur une exploration des décors (8 minutes), en Jamaïque et en Angleterre,et sur la musique du film (10 minutes), en compagnie des musiciens qui ont contribué à donner vie à Bob Marley : One Love. On terminera enfin avec une poignée de scènes coupées et/ou alternatives (10 minutes).