Test Blu-ray 4K Ultra HD : Bloodsport – Tous les coups sont permis – Édition Collector

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Bloodsport – Tous les coups sont permis

États-Unis : 1988
Titre original : Bloodsport
Réalisation : Newt Arnold
Scénario : Sheldon Lettich, Cizia Zykë, Chris Cosby, Mel Friedman
Acteurs : Jean-Claude Van Damme, Bolo Yeung, Forest Whitaker
Éditeur : ESC Éditions
Durée : 1h32
Genre : Action
Date de sortie cinéma : 27 juillet 1988
Date de sortie DVD/BR : 19 juin 2024

Frank Dux, un champion américain de karaté, n’a qu’une obsession : remporter le Kumite, un tournoi clandestin d’arts martiaux organisé à Hong Kong, une rencontre où tous les coups sont permis, y compris les coups mortels…

Le film

[4/5]

Il y a seulement une petite vingtaine d’années de cela, si d’aventure vous aviez émis votre désir qu’un ou plusieurs films produits par Yoram Globus et Menahem Golan pour la Cannon fassent l’objet d’éditions « collector » de la part des éditeurs vidéo œuvrant sur le marché français, il y a fort à parier qu’on vous aurait copieusement ri au nez, tant on considérait ces films comme « ringards » et sans intérêt. Cependant, le temps a fait son office, et aujourd’hui, la boite de Golan & Globus de redevenir l’objet de tous les fantasmes cinéphiles, et ce pour plusieurs raisons.

Bien sûr, il y a les spectateurs nostalgiques, qui cherchent à retrouver devant les films de la Cannon les frissons ressentis durant leur enfance, mais il s’est également développé une certaine curiosité autour de ces films pour la simple et bonne raison qu’ils sont le fruit d’une époque bien antérieure aux réseaux sociaux et au phénomène de la Cancel Culture, qui sont parvenus au fil des années à ériger la bien-pensance en profession de foi. De fait, les films produits par la Cannon à son âge d’or donnent, de nos jours, la sensation rafraîchissante d’une époque révolue où l’on pouvait tout faire et tout dire sans avoir à se soucier du bourdonnement continu des vuvuzelas venu de la sphère Internet.

Le fait est que certains films de la Cannon sont aujourd’hui devenus de véritables films cultes, à défaut d’être considérés comme des classiques. Distribué en France durant l’été 1988, Bloodsport – Tous les coups sont permis avait attiré un peu plus de 930.000 curieux dans les salles obscures. Il ne s’agit assurément pas du plus gros succès de l’acteur (1,7 millions d’entrées pour Double Impact en 1991), mais il s’agit indéniablement du film qui a « lancé la machine », et qui servirait de modèle ou de mètre-étalon à de nombreux films ultérieurs, à la fois pour Jean-Claude Van Damme et pour d’autres aspirants Action Stars.

Bloodsport – Tous les coups sont permis a donc, assurément, une certaine importance « historique », dans le sens où c’est le film qui a révélé Jean-Claude Van Damme, et l’a immédiatement imposé comme un artiste martial avec lequel il faudrait dorénavant compter. Le film marquait également les débuts de la très fructueuse collaboration entre l’acteur belge et Sheldon Lettich, réalisateur et scénariste américain qui écrira et/ou réalisera six films pour Van Damme entre 1988 et 2006. Sheldon Lettich connait parfaitement son affaire, et s’avère en phase avec ce que voulait voir le public à l’époque : il s’était ainsi fait remarquer en signant le scénario de Rambo III, qui s’avère peut-être bien « LE » film le plus représentatif du cinéma d’action US de la fin des années 80, dans ses qualités et ses défauts.

Si l’on essaie de tenir à distance le côté « madeleine de Proust » du film, qui fera à coup sûr vibrer plus que de raison les fans de Van Damme et plus largement du cinéma d’action des années 80, force est d’admettre que Bloodsport – Tous les coups sont permis a également des qualités, mais pas mal de défauts, dans le jeu des acteurs, limité, dans la mise en scène de Newt Arnold, pas forcément toujours à la hauteur, et surtout dans l’écriture et la caractérisation des personnages, qui est vraiment too much, en mode « Bigger than life », mais c’était très courant à l’époque. Bref, autant dire que le film ne peut pas résister à un regard critique impartial, et qu’il pourra même volontiers devenir l’objet de moqueries et de quolibets de la part de spectateurs un poil trop cyniques.

Soit. Bloodsport – Tous les coups sont permis n’est, en effet, peut-être pas le meilleur film sur la philosophie des Arts Martiaux. Le film n’est peut-être pas non plus très fin dans son cheminement narratif, et globalement, il n’est probablement pas non plus le mieux fagoté de tous les films d’action des années 80. Mais le fait est qu’au-delà de ces défauts qu’il ne nous est pas permis d’ignorer, il nous semble bien en fait que Bloodsport est une véritable déclaration d’amour au Kumite autant qu’au cinéma de baston populaire des années 70. Tout cela nous est délivré avec un vrai supplément d’âme, sans calcul ni prétention, à la manière de ces colliers de nouilles que vous recevez de vos enfants lors de la fête des mères/pères. Plus largement, on perçoit presque dans sa chair la sincérité derrière chaque image du film, ce qui fait de Bloodsport – Tous les coups sont permis une œuvre qui fonctionne malgré ses nombreux défauts, et qui parvient à nous toucher malgré un style un peu branlant et ne résistant pas forcément très bien au poids des années.

Mais on l’a dit quelques lignes au-dessus, Bloodsport – Tous les coups sont permis est une expérience cinématographique placée sous le signe de l’emphase, et tout y apparaît « bigger than life », en mode Chuck Norris à fond les ballons. Le film n’est pas une production Cannon pour rien : tout y est sciemment poussé à l’extrême. Qu’il s’agisse du jeu des acteurs et/ou de leurs expressions corporelles et faciales ou des coups portés – au ralenti – qui déchaînent une violence destructrice, on s’attendrait presque à voir débarquer Ken le Survivant et ses « Atatatata !!! Atatatata !!! » au détour d’un plan ou d’un autre. Bien évidemment, le manichéisme primaire de l’ensemble en rajoute encore au plaisir ressenti par le spectateur lors des affrontement mis en scène par le film.

En substance, Bloodsport – Tous les coups sont permis illustre l’éternelle lutte du Bien contre le Mal. Construit autour d’une prémisse très basique, le film oppose Frank Dux (Jean-Claude Van Damme), un héros qui se bat pour l’honneur, à Chong Li, interprété par l’excellent Bolo Yeung – un méchant cruel, sans noblesse et sans valeurs, qui se bat pour son propre profit et pour prouver qu’il est le meilleur combattant du monde. Ces personnages sont dépeints d’une manière si extrême et unilatérale qu’il n’existe aucune « zone grise » entre eux, ce qui permettra naturellement au public d’éprouver un sentiment de satisfaction fondamentale lorsque le Bien l’emporte sur le Mal.

Par ailleurs, on dit souvent que la réussite d’un bon film de genre est intrinsèquement liée à la qualité de son « méchant », et le principal adversaire de Frank Dux/Jean-Claude Van Damme dans Bloodsport – Tous les coups sont permis, Chong Li, a probablement également pesé dans la balance quant à la pérennité du film de Newt Arnold. Avec presque quarante années de recul, il est difficile de se rendre compte à quel point le personnage de Chung Li a su, à la fin des années 80, déchaîner les imaginations, notamment auprès du jeune public. Ainsi, dans les cours de récréation de l’époque, quand il s’agissait de jouer un « méchant » inspirant immédiatement la terreur, le nom de Chong Li revenait très souvent, au même titre que ceux de Shredder, Lo-Pan ou encore Clarence Boddicker. « Seuls les vrais savent » comme le dit l’expression consacrée…

Le Blu-ray 4K Ultra HD – Édition Collector

[5/5]

Il n’y a pas si longtemps, c’était une centaine d’euros que le fan de Jean-Claude Van Damme aurait dû débourser afin de faire l’acquisition de Bloodsport – Tous les coups sont permis au format DVD : les droits du film étaient alors détenus par la branche française de Warner Bros, qui n’avait jamais ressenti le besoin de le ressortir au format Blu-ray. D’ailleurs, jusqu’il y a peu, la filmographie de l’âge d’or de Jean-Claude Van Damme n’était pas très bien représentée sur support Blu-ray, mais ces dernières années, les efforts de Metropolitan Vidéo puis d’ESC Éditions avaient finalement permis aux amateurs de compléter un peu leur collection.

ESC Éditions fait encore plus fort cette année, puisque l’éditeur nous permet de redécouvrir Bloodsport – Tous les coups sont permis non seulement en Blu-ray, mais également au format Blu-ray 4K Ultra HD. Il s’agit du premier film de Jean-Claude Van Damme à voir le jour sur ce nouveau format [EDIT : Mea Culpa – notre lecteur Steeve Meurin nous a fait remarquer à juste titre qu’Universal Soldier était dispo en 4K en France, ce qui en fait le deuxième film à sortir au format UHD], et le moins que l’on puisse dire, c’est que le résultat est époustouflant. La granulation d’origine a été préservée, le grain est fin et le niveau de détail est extraordinaire, et ce même durant les scènes en basse lumière. Le Blu-ray Katka bénéficie des technologies HDR10 + Dolby Vision, et les couleurs et les contrastes sont impressionnants, de même que la gestion des noirs, qui sont profonds sans signe d’écrasement ou de perte de détails. Le film a peut-être subi une légère réduction du bruit numérique, les lèvres des différents personnages apparaissant comme un poil trop brillantes sur certains passages du film, mais on ne saurait en jurer, et dans l’ensemble, cette présentation est vraiment bluffante. Le master est stable et la copie a été débarrassée de tous les outrages liés au temps : en deux mots comme en cent, le rendu visuel est vraiment enthousiasmant, on n’a littéralement jamais vu le film dans de telles conditions. Même constat d’excellence et de fidélité au matériau d’origine du côté des pistes sonores : la version française est mixée en DTS-HD Master Audio 1.0, et nous propose un bon équilibre et une excellente stabilité d’ensemble, sans souffle ni craquements intempestifs. La VO quant à elle a bénéficié d’un upgrade très solide, avec une piste en Dolby Atmos respectant l’esprit du film et amplifiant essentiellement ses moments les plus intenses ; pour le reste, les dialogues sont placés à l’avant, et la musique à l’arrière, les bruits d’ambiance et les cris de la foule bénéficient d’une spatialisation plus nette et intéressante. On notera également la présence d’une piste VO en DTS-HD Master Audio 5.1 qui fait preuve de la même cohérence, sans en rajouter dans tous les sens. C’est parfait !

Du côté des suppléments, le Blu-ray 4K Ultra HD ne contient que deux bandes-annonces, mais le Blu-ray du film est quant à lui blindé de bonus. On y trouvera tout d’abord la neuvième partie du documentaire consacré à la carrière de Jean-Claude Van Damme par Arthur Cauras (28 minutes), qui fait suite aux sujets disponibles en bonus sur les Blu-ray consacrés à Jean-Claude Van Damme par ESC Éditions depuis quelques années. Cinéaste, notamment connu pour ses travaux dans le domaine du MMA et/ou pour le compte des productions Forge, Arthur Cauras fait partie, avec son ami Ludovic De Gaillande qui signe les prises de vue de ce documentaire, de la nouvelle vague du cinéma de genre made in France. Dans ce sujet, Arthur Cauras reviendra, de façon toujours aussi passionnée, sur les films tournés par JCVD entre 2004 et 2007 (de L’Empreinte de la mort à Jusqu’à la mort). S’il n’évoque pas ici Bloodsport – Tous les coups sont permis, Arthur Cauras reviendra en revanche longuement sur le film de 1988 dans les autres suppléments.

Retour au film donc, avec pour ouvrir les hostilités une sélection de scènes commentées par Arthur Cauras et Mohamed Qissi (46 minutes). Acteur, réalisateur, scénariste et cascadeur belgo-marocain, Mohamed Qissi s’était occupé – sous le pseudonyme de Michel Qissi – des chorégraphies des scènes martiales de Bloodsport (en plus d’incarner un petit rôle dans le film), mais a surtout marqué les mémoires du public pour avoir tenu le rôle de Tong Po, le méchant de Kickboxer (1989). Ensemble, ils reviendront sur les multiples « scènes cultes » du film : la scène d’ouverture, le dim mak, la méditation sur les chaises, les combats. On continuera ensuite par un entretien avec David Da Silva par Arthur Cauras (45 minutes), qui permettra à David Da Silva, auteur du bouquin « Jean-Claude Van Damme et ses doubles », de revenir en détail sur la genèse et la production du film. Place ensuite à un entretien d’archive avec Jean-Claude Van Damme (4 minutes), durant lequel Jean-Claude s’entraîne avec la journaliste qui l’interviewe. Il reviendra notamment sur sa rencontre avec Menahem Golan, dans une version encore légèrement différente de celles que l’on connaissait déjà, et le tout se terminera sur un gag digne de Charlie Chaplin. On terminera enfin avec un court retour sur Bloodsport 2, la suite avortée avec Van Damme, toujours avec David Da Silva (3 minutes). Vu la durée de cette anecdote et le fait qu’elle a été enregistrée en même temps, on comprend mal pourquoi ne pas l’avoir intégrée à l’entretien avec Da Silva.

On notera par ailleurs que Bloodsport – Tous les coups sont permis est également disponible dans une édition « Collector VHS » qui, en plus des goodies, nous propose un Blu-ray supplémentaire, qui contient de nombreux bonus. On passera rapidement sur le film en version VHS (1h29), en plein écran et VF, qui sera surtout une occasion de mesurer la qualité de l’upgrade que nous propose cette édition Blu-ray 4K Ultra HD. On embrayera ensuite avec un passionnant entretien avec Mohamed Qissi (1h04), dans lequel l’acteur reviendra sur leur amitié indéfectible et ses souvenirs de leurs débuts à Los Angeles. Cela nous permettra de revenir sur des années peu connues de la carrière de Van Damme, comme par exemple l’épisode Predator, ou la rencontre avec Menahem Golan, dans une version encore un peu différente de celles que l’on connaissait déjà.

On continuera par un entretien avec David Worth (24 minutes), dans lequel le directeur photo de Bloodsport évoquera, entre autres, sa rencontre avec Charles Wang, les prises de vue en extérieur, le travail sur les combats, la barrière linguistique, etc. On poursuivra ensuite avec un entretien avec Sheldon Lettich (47 minutes) qui, d’entrée de jeu, nous présentera son livre « From Vietnam to Van Damme ». Le scénariste de Bloodsport abordera ensuite différents sujets, tels que ses premiers projets avortés sur le Vietnam, sa collaboration avec Stallone sur Rambo III, sa collaboration avec Van Damme, sa rencontre avec le vrai Frank Dux, etc. Passionnant ! Enfin, on terminera avec un sujet sur « l’héritage de Van Damme » (16 minutes), qui est en fait une façon détournée pour Arthur Cauras d’aborder ses deux passions, en liant – de façon un peu artificielle avouons-le – la carrière de Van Damme et le MMA. On terminera enfin par une galerie d’affiches et de photos (2 minutes).

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