40 ans, toujours puceau
États-Unis : 2005
Titre original : The 40 year-old virgin
Réalisation : Judd Apatow
Scénario : Judd Apatow, Steve Carell
Acteurs : Steve Carell, Catherine Keener, Paul Rudd
Éditeur : ESC Éditions
Durée : 1h56
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 10 mai 2006
Date de sortie DVD/BR : 21 juillet 2021
Le lundi matin, lorsque ses collègues décrivent avec force détails leurs exploits libidineux du week-end, Andy Stitzer, 40 ans, se sent bien penaud, car il est encore puceau. Partagés entre hilarité, incrédulité et consternation, ses amis David, Jay et Cal décident de prendre en main sa tardive initiation : de gré ou de force, Andy va devoir franchir le Rubicon…
Le film
[4/5]
Si Steve Carell est aujourd’hui un acteur reconnu, tant dans le domaine de la comédie que du drame intimiste, la révélation de son talent en France est surtout venue en 2005 avec la découverte de 40 ans, toujours puceau, qui ressort aujourd’hui au format Blu-ray sous les couleurs d’ESC Éditions. Une bonne nouvelle, d’autant que cette sortie vidéo, couplée à celle d’En cloque : mode d’emploi, nous permettra de revenir un peu sur les années fastes de la carrière de Judd Apatow au cinéma.
Retour en 2005 avec 40 ans, toujours puceau donc. Dans ce film, Judd Apatow faisait éclater au grand jour la personnalité du génial Steve Carell, qui y interprète le rôle-titre d’Andy, le mec de quarante ans toujours vierge. Déjà remarqué dans Présentateur vedette : La Légende de Ron Burgundy (Adam McKay, 2004), il confirmerait par la suite son talent dans le formidable Little Miss Sunshine (Valerie Faris et Jonathan Dayton, 2006) ou dans la série The Office – en l’espace de quelques années, Steve Carell s’est ainsi tout doucement imposé comme un acteur de haut vol et un grand acteur burlesque.
La grande force de 40 ans, toujours puceau réside probablement dans l’humanité débordante de Judd Apatow, dans sa volonté de comprendre plutôt que de simplement montrer du doigt comme le font par exemple les trois quarts des teen movies. Ainsi, Apatow s’efforce de ne jamais prendre Andy en dérision : le personnage central est traité sans condescendance, et même avec un certain respect. Et si 40 ans, toujours puceau délivre certains des gags les plus graveleux et trash de ce début des années 2000’s, ce n’est jamais au détriment de son personnage central, qui s’amuse et prend régulièrement part aux facéties de ses collègues, interprétés par Paul Rudd, Romany Malco et Seth Rogen.
De ce fait, et étant donné que le métrage adopte de façon intelligente le point de vue d’Andy durant quasiment toute sa durée (avant le virage non-sensique du désopilant final musical), Steve Carrel porte quasiment le film sur ses épaules, humanisant le personnage et son parcours inhabituel vers la virginité longue durée. On s’attache donc de façon inhabituelle à ce héros pas si naïf et généreux – un vrai gentil, comme on en croise rarement, autant dans la vie que sur les écrans – au fur et à mesure que se déroule 40 ans, toujours puceau, qui recycle et détourne les codes de la comédie de mœurs potache et transgressive.
Ainsi, et même si une ou deux séquences bien débiles nous rappelleront à coup sûr qu’Apatow fait partie de la « bande » à Will Ferrell, le film se révèle plus subtil que ce à quoi on pourrait s’attendre avec un titre pareil, simple et efficace, alternant les scènes de comédie pure (l’épilation, le sandwich aux crustacés) et les scènes plus subtiles, soulevant d’avantage d’interrogations, voire même d’un humanisme vraiment touchant (la scène du planning familial). Ainsi, avec un talent et une mécanique du rire digne des frères Farrelly, 40 ans, toujours puceau développe finalement une intéressante réflexion sur la détresse affective et sexuelle contemporaine – non sans éviter néanmoins quelques longueurs, et une morale que d’aucuns pourraient finalement goûter comme étant un poil trop cucul la praline.
Impossible de terminer l’évocation de 40 ans, toujours puceau sans évoquer son casting de « bande » composé de plusieurs acteurs qui s’imposeraient comme des incontournables dans les années qui suivraient : outre Leslie Mann, épouse et muse de Judd Apatow, on notera la présence d’Elizabeth Banks (future réalisatrice de Charlie’s Angels), des copains Jane Lynch, Jonah Hill et David Koechner, ou encore de Kat Dennings, alors âgée de 19 ans, mais qui exploserait quelques années plus tard en intégrant l’univers Marvel (Thor, WandaVision) ainsi que le casting de quelques séries à succès (2 Broke Girls, Dollface).
Le Blu-ray
[4/5]
Excellente initiative de la part d’ESC Éditions que de ressortir 40 ans, toujours puceau au format Blu-ray – cette nouvelle édition rectifie en effet les erreurs faites par Universal Pictures lors de la première sortie du film en 2008. Le film de Judd Apatow bénéficie donc d’un joli upgrade Haute-Définition. Le Blu-ray nous propose aujourd’hui un piqué précis tout en conservant la granulation d’origine, et une stabilité exemplaire. La jolie photo de Jack N. Green est bien traitée du côté des couleurs, la profondeur de champ est remarquable, et les contrastes ont été particulièrement soignés : les noirs sont profonds sans être bouchés, les blancs ne sont pas « cramés » ; bref, l’éditeur a fait tout son possible pour nous permettre de (re)découvrir 40 ans, toujours puceau dans les meilleures conditions possibles. Du côté des enceintes, la VO nous est proposée en DTS-HD Master Audio 5.1, nous proposant des ambiances finement distillées. Les scènes musicales profitent d’un pep’s et d’une spatialisation toute particulière. La VF proposée en DTS-HD Master Audio 5.1 est quant à elle d’avantage centrée sur les voix.
Du côté des suppléments, l’éditeur recycle ici une partie des suppléments disponibles sur la précédente édition DVD, en SD et VOST. Il s’agit d’une longue série de scènes coupées ou alternatives (22 minutes), qui s’accompagneront du « Journal vidéo de Judd Apatow » (21 minutes), riche en informations et anecdotes de tournage. On terminera avec la traditionnelle bande-annonce.