3 from Hell
États-Unis : 2019
Titre original : –
Réalisation : Rob Zombie
Scénario : Rob Zombie
Acteurs : Sheri Moon Zombie, Bill Moseley, Richard Brake
Éditeur : Metropolitan Vidéo
Durée : 1h56
Genre : Thriller, Horrreur
Date de sortie DVD/BR : 15 septembre 2020
Otis, Baby et Spaulding, les trois criminels de l’enfer ont miraculeusement survécu à leurs blessures. Tous trois emprisonnés chacun de leur côté, ils deviennent un sujet de fascination pour les journalistes et un objet de culte pour leurs fans de plus en plus nombreux. Après un repos bien mérité, les faucheurs de vie s’évadent et repartent s’adonner à leur passion : la destruction…
Le film
[5/5]
Esprit de famille
3 from Hell permet à Rob Zombie de retrouver la « famille » Firefly, dont nous avons fait la connaissance en 2003 dans La maison des 1000 morts, puis en 2005 dans The devil’s rejects. Dans la dernière scène du film de 2005, le trio de psychopathes était supposément abattu par la police. Rob Zombie prend donc ici le parti de littéralement ressusciter ses personnages après un résumé-express de leurs frasques dans les deux premiers films.
3 from Hell nous propose donc une balade secouante aux côté de trois agités du bocal. Au fil des séquences, les trois personnages incarnés par Sheri Moon Zombie, Bill Moseley et Richard Brake sèment le chaos et la violence partout où ils passent, le cinéaste n’ayant pas son pareil pour faire brutalement passer l’ambiance de l’humour au chaos le plus choquant, distillant le malaise par l’usage d’une violence excessive et inattendue. Néanmoins, si les héros représentent la lie de l’humanité, on ne peut s’empêcher de s’attacher à eux et de les trouver sympathiques. Car si le clan Firefly est composé de trois ordures, que dire du monde en déliquescence au cœur duquel ils évoluent ? Oui, ils sont « méchants », mais les autres sont encore pires : l’avidité, la haine ou l’appât du gain les entourent, et chacun suivra l’évolution de ces « 3 de l’enfer » à l’aune de sa propre morale.
Parental advisory
Passant d’un genre à l’autre avec une aisance folle, Zombie expérimente, bifurque, change d’humeur comme de style formel, la péloche crasseuse et viciée laissant occasionnellement place à des plans littéralement sublimes, évidemment signés par son complice David Daniel à la photo. L’expérience est certes un peu déstabilisante (d’aucuns pourront penser que l’ensemble manque de cohésion ou d’équilibre), mais puissamment portée par l’énergie et la joie sadiques du trio central de psychopathes. Au final, le seul regret que l’on puisse avoir en tant que spectateur réside en fait dans la relative brièveté de chacune de ces incursions dans les différents genres, qu’on aurait aimé voir durer plus longtemps.
Violent, barge et provocateur, proposant un mélange des genres hétérogène nourri de sauvagerie et d’une certaine culture de la violence, 3 from Hell risque de laisser plus d’un spectateur sur le carreau. Pourtant, avec son récit porté par l’énergie et la décontraction de sa famille de tarés psychopathes, Rob Zombie parvient paradoxalement à imposer une galerie de personnages finalement bien plus fascinants et attachants qu’ils ne sont repoussants.
De l’Art ou du cochon ?
Et si 3 from Hell vire souvent au cauchemar éveillé, le ressenti général se démarque un peu du « feel bad movie » auquel l’ancien leader de White zombie nous avait habitué jusqu’ici. La violence tape certes toujours aussi dur, le sang gicle et les hurlements vont bon train, mais pour la première fois – peut-être grâce à un final ouvertement tourné vers le « soleil » – l’horreur laisse occasionnellement la place à une certaine poésie, dessinant avec un peu plus de précision que ses opus précédents les contours du monde déglingué, crasseux et peuplé de monstres développé par Rob Zombie dans son cinéma depuis 2003. Un univers vaste, déroutant, dérangeant et vicelard, qui s’enrichira vraisemblablement à chacun de ses nouveaux longs-métrages de nouveaux aspects tordus et inédits.
On vous invite à lire notre critique complète de 3 from Hell. En revanche, le mot de la fin nous a été soufflé par le dossier de presse français du film, probablement rédigé de la plume inspirée de Nicolas Rioult : « C’est un pur film d’horreur mais aussi un pur film d’auteur – le geste fort d’un artiste, Rob Zombie, qui transcrit ses visions mentales les plus folles directement sur l’écran. 3 from Hell est une grande œuvre baroque. » Tout est dit !
Le Blu-ray
[5/5]
Comme on l’avait annoncé il y a quelques mois, 3 from Hell nous arrive ce mois-ci sur support Blu-ray sous les couleurs de Metropolitan Vidéo, et nanti d’un transfert 1080p tout simplement impeccable. La forte granulation du film ainsi que la photo signée David Daniel sont littéralement sublimés par un transfert sans faille, le niveau de détail et les couleurs sont carrément épatants et le tout affiche un gros grain argentique du meilleur effet. Niveau son, VF et VO sont proposées en DTS-HD Master Audio 5.1, dans deux mixages très soignés et enveloppants, tous deux très riches en effets multi-canaux. Néanmoins, comme souvent avec le cinéma de Rob Zombie, la version originale imposera sa supériorité artistique de façon écrasante.
Dans la section suppléments, outre un commentaire audio de Rob Zombie (non sous-titré), on trouvera un long making of intitulé To hell and back et réalisé par Steven Addair (1h34, HD & VOST). Formidable plongée au cœur du film de Rob Zombie, ce making of commence avec une anecdote de Bill Moseley et Sid Haig qui, quand on leur demandait s’il y aurait une suite à The devil’s rejects, répondaient en chœur « No, ’cause we’re fuckin’ dead ! ». Rob Zombie s’expliquera ensuite sur le fait que chaque chose vient en son temps. Le documentaire sera par la suite composé de moments volés dans les coulisses et d’entretiens avec l’équipe, dans la bonne humeur et sans langue de bois. Parmi les nombreuses informations que nous glanerons à la découverte du doc, en voici quelques-unes :
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l’influence principale de Zombie concernant l’ouverture du film est le documentaire Manson, réalisé par Robert Hendrickson et Laurence Merrick en 1973 (les curieux pourront aller le regarder sur YouTube)
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Rob Zombie a du modifier une grande partie du scénario deux semaines avant le début du tournage, quand Sid Haig lui a confié qu’il lui serait physiquement impossible d’assurer trois semaines sur le plateau
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malgré les apparences, 3 from Hell n’a pas été tourné sur pellicule – en fait, le dernier film de Rob Zombie a avoir été tourné en péloche est Halloween 2 (2009). Tous les suivants ont été tournés en numérique et trafiqués en post-production afin de prendre l’allure de films tournés en 16 mm
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Sheri Moon Zombie s’est réellement entraînée au tir à l’arc pour les scènes de la fin du film
Bonne nouvelle pour les amoureux du cinéma de Rob Zombie : 3 from Hell, troisième opus de la saga « Firefly », sera accompagné d’une sortie en Blu-ray de La maison des 1000 morts (2003) et de The devil’s rejects (2005), les deux premiers films de la série. Jusqu’ici complètement inédits en Haute-Définition sur le territoire français, ils sont quant à eux annoncés pour le 18 novembre 2020.