Sur La Route
France, Brésil, Grande-Bretagne, USA : 2012
Titre original : On the road
Réalisateur : Walter Salles
Scénario : Jack Kerouac, Jose Rivera
Acteurs : Sam Riley, Garrett Hedlund, Kristen Stewart
Distribution : MK2 Diffusion
Durée : 2h20
Genre : Drame
Date de sortie : 23 mai 2012
Globale : [rating:2.5][five-star-rating]
Réputé inadaptable, le livre, ou plutôt le parchemin de Jack Kerouac a enfin trouvé un réalisateur en la personne de Walter Salles. Si des grands noms comme Francis Ford Coppola ne sont pas parvenus à en faire un film il y a quelques années, c’est peut-être qu’il y a une raison, et cette nouvelle tentative ne s’avère pas des plus réussies…
Synopsis : Au lendemain de la mort de son père, Sal Paradise, apprenti écrivain new-yorkais, rencontre Dean Moriarty, jeune ex-taulard au charme ravageur, marié à la très libre et très séduisante Marylou. Entre Sal et Dean, l’entente est immédiate et fusionnelle. Décidés à ne pas se laisser enfermer dans une vie trop étriquée, les deux amis rompent leurs attaches et prennent la route avec Marylou. Assoiffés de liberté, les trois jeunes gens partent à la rencontre du monde, des autres et d’eux-mêmes
Une adaptation pas si mauvaise
Qui d’autre que le réalisateur brésilien Walter Salles pouvait réaliser un road-movie ? Après l’excellent Carnets de voyage, Salles nous fait parcourir les États-Unis en voiture et en stop. Comme dans tout bon film de ce genre qui se respecte, les paysages et la musique sont primordiaux. Le réalisateur rempli là son contrat, offrant un film jazzy à souhait, dans une ambiance chaude et colorée de la Beat Generation. On aurait presque envie de danser avec eux.
Quiconque a lu ce livre mythique aura eu une crainte : celle que le film soit trop lisse par rapport à l’histoire originelle. Que ceux-ci se rassurent, même si tout est contrôlé pour qu’on ne voie pas de scènes trop choquantes, les scènes de drogue, de sexe et d’alcool s’enchaînent à toute vitesse, au son de la musique, et le personnage de Dean Moriarty nous emmène dans sa décadence sans fin assez facilement. Les jeunes fans de Twilight risquent bien d’être choqués !
Car le casting est plutôt réussi il faut le dire. La tant attendue Kristen Stewart, même si elle se retrouve au final très en retrait dans l’histoire, interprète la débridée Marylou sans soucis, rappelant à ses détracteurs qu’elle avait fait du vrai cinéma avant Twilight. Sam Riley en Sal Paradise discret colle parfaitement au rôle. Kirsten Dunst, fidèle à elle-même relève le niveau dans son rôle d’épouse bafouée. Quant à Garrett Hedlund, le beau gosse de Tron, il met son physique avantageux au service de son personnage de séducteur. Ça lui va bien, il transpire la fureur de vivre comme dans le bouquin, et il respire la folie et la liberté comme il le faut. Les seconds rôles eux, mêmes s’ils sont plutôt bien interprétés, sont sous-utilisés malheureusement, comme une grosse partie de l’œuvre de Kerouac…
Un message oublié
Car le problème du film qui dure tout de même 2h20, c’est qu’il doit résumer 36m de parchemin. Sur ces centaines de page, le personnage de Sal passe son temps sur la route, à faire des rencontres passionnantes. Or, Walter Salles se concentre dans son film sur le triangle amoureux Sal, Marylou, Dean, et oublie tout le reste. On verra une ou deux rencontres fortuites dans le film, qui dureront quelques secondes cumulées.
Pire encore, pour une histoire se passant sur la route, peu de plans au final se déroulent dans la voiture. Les personnages font des allers retours entre leurs appartements de New-York , Denver et San Francisco, et on ne voit Sal Paradise faire du stop qu’au tout début du film. Pour un road-movie, le rythme du film pâtit donc de tout cet enfermement et des répétitions de scènes sans véritable sens.
Car contrairement à un Into The Wild majestueux où l’on suivait la quête d’un homme qui refusait le capitalisme du monde où il vivait, le film Sur La Route nous livre des scénettes de jeunes junkies sans plus d’explication ni de but, si ce n’est que l’on comprend vaguement que Sal veut voyager après la mort de son père. Au final, on a du mal à rentrer dans l’histoire, ou plutôt on s’en lasse vite, trouvant le temps long voire très long. Jusqu’à ce qu’au final, le film se termine sur tout son intérêt et sur sa meilleure scène.
Le sentiment d’urgence et de joie de vivre que l’on ressent en lisant le livre écrit dans la précipitation n’est pas retranscrit à l’écran, et c’est certainement le plus gros défaut du film. Ceux qui n’ont pas lu le livre apprécieront peut-être, même s’ils risquent fort de s’ennuyer. Dommage, il y avait beaucoup de choses à faire avec la Beat Generation et les paysages américains. Sur la route n’est pas une torture non plus, mais préférez encore Carnets de voyage ou le film de Sean Penn pour vos désirs d’escapades. Et surtout, l’achat du livre s’impose après cela !
Résumé
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