Stranger Things – saison 1 sur Netflix

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Netflix aux frontières du réel, quand la télévision rejoint le cinéma

Stranger Things est-il un futur cas d’école ? C’est une question qui vient légitimement à l’esprit après avoir découvert la nouvelle série des frères Duffer, suscitée par une impression rétinienne, celle d’avoir regardé un film hybride de 8 heures. Alors, quand les épisodes ne sont plus épisodiques, peut-on encore parler de télévision ?

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Tout le monde l’a évidemment souligné, pas besoin d’être un cinéphile aguerri pour ressentir l’influence du cinéma eighties qui transcende ce show, par sa bande originale rétro, ses personnages attachants et un story telling d’une simplicité délectable. En surfant sur la vague nostalgique qui fait les yeux doux à la génération E.T, cette œuvre se révèle bien plus futée que ces comparses sur grand écran. Elle se réapproprie des codes, ne cède pas sous le poids des géants à qui elle rend hommage et fait le pari de ne pas succomber aux sirènes des CGI outranciers. (Une menace qui pèse sur le nouveau Ghostbusters). Less is more, et l’effet est là. On retrouve deux éléments clés du cinéma des années 80 qui semblent avoir été perdu en chemin : l’atmosphère et le frisson, tous deux au service d’une authenticité qui nous parvient comme une bouffée d’air frais.

Stranger Things revient à une notion essentielle, la famille nucléaire, ce roc fissuré par l’intrusion de l’inquiétante étrangeté. Mais ce qui fait le succès du show est avant tout son casting, constitué d’une pléthore d’acteurs attachants. Point de gros noms se traînant une réputation trop encombrante, juste des inconnus pétris de charisme et de talent. C’est l’innocence qui se dégage de la performance des cinq enfants et c’est peut être ça le plus gros hommage à l’époque Goonies. Les personnages naviguent dans une époque encore vierge de technologies envahissantes. Exit whatsapp et facebook, Mike et ses amis se contentent de talkie-walkies pour communiquer.

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Si de prime abord, le potentiel d’Eleven intrigue le plus, c’est finalement un personnage comme Dustin qui attire l’attention, plus accessible et touchant. Quant à Wynona Rider, flamme d’une période de transition entre les décennies 80 et 90, elle transmet avec succès l’étincelle à une nouvelle génération. Son portrait de mère désemparée peine à convaincre au début mais fait mouche dans la seconde moitié. L’avantage du format Netflix permet évidemment un développement plus conséquent de chaque arc narratif. Tous viennent enrichir la trame principale pour être réunis au cours des deux derniers ‘segments’. Certains archétypes liés aux personnages fonctionnent comme des repères (la première de la classe, l’athlète décérébré, le geek etc…) qui seront ou non déconstruits selon les cas.

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En outre, le choix de réduire l’histoire à 8 épisodes nous éloigne de cette sensation d’être devant un show. L’expérience du binge watching trouve ainsi tout son sens. Si l’intrigue aurait pu être réduite à 6 épisodes, on pardonne de bon cœur les créateurs qui nous permettent de passer plus de temps devant des parties de Donjons & Dragons.

Il semblerait qu’avec un été en demie teinte au box-office, Netflix ait donné une raison supplémentaire aux spectateurs de rester chez eux. Stranger Things est intrinsèquement un voyage immersif dans les années 80 et l’histoire du cinéma. Si la plateforme a prouvé avec House of Cards qu’elle était capable de proposer un contenu mature et sophistiqué destiné à la télévision, elle dévoile ici une nouvelle grammaire de cinéma.

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