Dark waters
Etats-Unis : 2019
Titre original : –
Réalisation : Todd Haynes
Scénario : Matthew Carnahan, Mario Correa, d’après un article de Nathaniel Rich dans le New-York Times
Interprètes : Mark Ruffalo, Anne Hathaway, Tim Robbins
Distribution : Le Pacte
Durée : 2h08
Genre : Biopic, drame
Date de sortie : 26 février 2020
Date de sortie VOD : 19 mai 2020
4/5
Un an après la parution dans The New York Times Magazine d’un article écrit par l’écrivain Nathaniel Rich et intitulé « The Lawyer Who Became DuPont’s Worst Nightmare » (« L’avocat qui est devenu le pire cauchemar de DuPont »), le comédien Mark Ruffalo a proposé à Todd Haynes de réaliser Dark Waters, un film retraçant le combat de Rob Bilott contre la multinationale du Delaware.
Synopsis : Robert Bilott est un avocat spécialisé dans la défense des industries chimiques. Interpellé par un paysan, voisin de sa grand-mère, il va découvrir que la campagne idyllique de son enfance est empoisonnée par une usine du puissant groupe chimique DuPont, premier employeur de la région. Afin de faire éclater la vérité sur la pollution mortelle due aux rejets toxiques de l’usine, il va risquer sa carrière, sa famille, et même sa propre vie…
David contre Goliath
Sorti le 26 février, Dark waters était loin d’avoir terminé sa carrière dans les salles de notre pays lorsque, le 14 mars, la décision de les fermer a été prise. Heureusement, dans sa grande mansuétude, le CNC a autorisé la sortie anticipée, avant le délai de 4 mois après la sortie en salles, d’un certain nombre de films très récents et Dark waters en fait partie. L’occasion est donc belle de se plonger dans ce passionnant thriller tiré d’une histoire vraie.
Assez nombreux sont les films qui nous ont plongés dans un combat David contre Goliath, véridique ou totalement fictionnel, entre un fragile lanceur d’alerte et une importante puissance économique ou politique, des films dont une grande partie provenait des Etats-Unis. De toute évidence, Dark Waters entre dans cette catégorie mais, pour de nombreuses raisons, ce film y apporte un sang nouveau. En effet, ces films sont toujours le reflet d’une époque et Dark Waters n’y échappe pas : de plus en plus de citoyens commencent enfin à s’intéresser à l’avenir de notre planète, à l’avenir de l’espèce humaine sur cette planète. Un frein, toutefois, est toujours très présent dans les esprits : la sauvegarde des emplois. Quant à ce qui se passe du côté des grandes entreprises et de la plupart des gouvernements, c’est encore très souvent un comportement de façade qui domine, quand ce n’est pas, comme c’est ici le cas pour DuPont, un comportement négationniste d’un grand cynisme, avec achat d’un maximum d’experts scientifiques et utilisation des meilleurs spécialistes pour tirer partie des failles de la législation, la seule motivation résidant dans l’appât du gain. Particularité de Rob Bilott, le héros du film : c’est un homme du sérail puisque, avant sa rencontre avec les effets du PFOA de DuPont sur les animaux et les humains, sa spécialité professionnelle en tant qu’avocat était de défendre les entreprises de l’industrie chimique.
Le combat d’une vie
Tourné sur les lieux mêmes où se sont déroulés les faits, dans des décors naturels à Cincinnati et en Virginie-Occidentale, allant même jusqu’à utiliser les véritables bureaux du cabinet d’avocats Taft, lieu de travail de Robert Bilott, Dark Waters prend parfois l’allure d’un véritable documentaire. A la vision du film, on croit facilement que, pour le véritable Robert Bilott, le combat en faveur des habitants de Parkersburg et contre DuPont soit devenu le combat de sa vie, un combat obsessionnel qui a mis sa vie de famille et sa santé en péril et qui lui a permis de recevoir en 2017, comme Edward Snowden en 2014 et Greta Thunberg en 2019, le « Right Livelihood Award », connu sous le nom de « Prix Nobel alternatif », qui récompense les combats en faveur de causes urgentes en matière d’environnement, de droits de l’homme, de développement durable et de santé.
La distribution
A l’initiative du film, c’est Mark Ruffalo lui-même qui interprète le rôle de Robert Bilott avec, en plus de son talent de comédien, un petit détail qui n’a rien d’anecdotique : une grande ressemblance physique avec le personnage incarné ! A ses côtés, on ne sera pas surpris de trouver Tim Robbins, toujours prêt à soutenir les causes qui lui paraissent justes. Ce support de Ralph Nader en 2000 et de Bernie Sanders en 2016 interprète ici le rôle de Tom Terp, un homme qui a eu le grand mérite de permettre à Robert Bilott de se lancer dans une aventure judiciaire qui n’était pas du tout dans l’ADN du cabinet d’avocats dont il était le chairman. Autre personnage important, Wilbur Tennant, le fermier, un voisin de la grand-mère de Robert Bilott, l’homme qui va tout déclencher en se déplaçant à Cincinnati pour l’engager comme avocat. Son interprète : Bill Camp, très à l’aise en homme têtu et sûr de la justesse de sa cause.
Conclusion
Une histoire vraie qui, au cinéma, devient un véritable thriller. Un combat en faveur de la défense de l’environnement mené par un avocat spécialisé dans la défense des sociétés de l’industrie chimique et qui s’attaque à l’une des plus grosses d’entre elles, DuPont. Et … ici, la critique écrite par Tobias lors de la sortie du film en salles, dans la vie d’avant. Un peu sévère, Tobias !