SMS
France, 2014
Titre original : –
Réalisateur : Gabriel Julien-Laferrière
Scénario : Gabriel Julien-Laferrière, d’après le roman de Laurent Bénégui
Acteurs : Guillaume De Tonquédec, Géraldine Pailhas, Frank Dubosc, Julien Boisselier
Distribution : Warner Bros. France
Durée : 1h24
Genre : Comédie
Date de sortie : 20 août 2014
Note : 1/5
Synopsis : Mauvaise journée pour Laurent. Le quadragénaire finira suspendu à un câble de téléphone dans le vide, au bord d’une falaise, après s’être fait arracher son portable dans la rue, avoir perdu son fils en poursuivant le voleur, s’être fait quitter par sa femme, avoir vu sa maison inondée puis brûlée jusqu’à ses fondations, s’être fait escroquer par son entrepreneur ou voler 150 000 euros par son comptable et autres malheurs…
Guillaume de Tonquedec, nouveau héros de la comédie française ? Hélas pas encore pour cette fois, doit-on se lamenter à la vision de cette comédie peu inspirée et avare en rires.
Une comédie fatiguée
Pas grand chose à sauver de cette comédie fatiguée qui ne fera pas beaucoup rire avec ses personnages si peu attachants et qui ne doit son léger salut qu’à quelques comédiens inspirés. Géraldine Pailhas est une ex de Laurent qui le sauve de l’isolement le plus complet après une fastidieuse et improbable série de déconvenues dont l’excès annihile la crédibilité. Elle campe un personnage sérieux, pas drôle mais très attachant, loin des ectoplasmes rencontrés jusque là ou après. Son ouh ouh enlevé sur Song 2 de Blur est un joli moment.
Si drôle dans Fais pas ci, fais pas ça et si juste dans un emploi mi-drôle mi-touchant dans Le Prénom qui lui a permis de remporter un César du second rôle mérité, Guillaume de Tonquedec est décevant ici, comme ce fut le cas dans Au bonheur des ogres. Il est désormais devenu un acteur bankable sur lequel des projets se montent et c’est tant mieux mais pas avec un projet si bancal. Le récit est porté par sa voix-off (nulle dans l’écriture) qui s’adresse à son fils Milo alors que sa vie est suspendue à un fil. Les péripéties qu’il doit subir ne sont pas vraiment drôles car totalement incohérentes. Pourquoi est-il arrêté si vite pour avoir soi-disant agressé une banquière alors qu’il a manifestement été poussé ? Il lui arrive tant de malheurs en si peu de temps que l’on s’en moque très vite.
Un duo de policiers hilarants
Le premier rire franc vient tardivement après plus d’une heure de film avec un duo de policiers hilarants campés par Philippe Uchan et Eriq Ebouaney lorsque le premier hausse la voix pour lutter vocalement avec la voix naturellement grave du deuxième qui le toise d’un regard surpris et condescendant, et là enfin, on rit spontanément, avec un presque rien. C’est ça le génie de la comédie, les funny bones, tout simplement. Uchan trop rare à l’écran (il fut notamment l’auteur fantôme du Créateur d’Albert Dupontel) comprend tout simplement que la comédie ne peut pas reposer sur du vide et compose un personnage en peu de scènes et de minutes de présence. Si l’on pouvait passer plus de temps avec ce duo éventuellement supervisé par Aurélia Petit, subtile commissaire de police et humaine dans un autre film, ce ne serait pas de refus. Les éléments sont là pour un chouette buddy-movie avec ces policiers maladroits qui maîtrisent modérément les nouvelles technologies. Eriq Ebouaney évoque ‘Fassebook’ et Philippe Uchan parle de ‘la véritable toile d’araignée numérique’ (comme une expression toute faite qu’il ne comprend pas) qui leur permettra de trouver le frère de Laurent qui a lui aussi beaucoup de chose à se reprocher.
Dans ce rôle d’ermite dépressif, on retrouve Frank Dubosc, un personnage triste, en lutte contre les ondes magnétiques des téléphones, et joliment traité, notamment protégé par son frère dans son exil avec l’aide d’un pigeon voyageur et qui a du mal avec le langage SMS. Enfin, Julien Boisselier certes sous-exploité, est veule, détestable, vicelard, bref un bon méchant dans une comédie affreusement gentille mais plombée par des éléments de grande noirceur mal utilisés, notamment une mort dramatique traitée avec légèreté. Hélas pour elle, Anne Marivin ne peut rien faire pour améliorer son portrait de femme infidèle vite évacué.
Résumé
Si le réalisateur nous offre un joli plan final, la caractérisation approximative du personnage de Guillaume de Tonquedec, la charge presque risible contre les téléphones portables et l’absence de rires font de SMS une comédie ratée malgré quelques acteurs qui donnent de la vie à des seconds rôles souvent bien campés.