Skyfall
États-Unis, Angleterre : 2012
Titre original : –
Réalisateur : Sam Mendes
Scénario : Neal Purvis, Robert Wade, John Logan, Patrick Marber
Acteurs : Daniel Craig, Javier Bardem, Judi Dench, Naomie Harris, Ralph Fiennes, Ben Whishaw, Bérénice Marlohe
Distribution : Sony Pictures Releasing France
Durée : 2h23
Genre : Action, Espionnage, Thriller
Date de sortie : 26 octobre 2012
5/5
Troisième coup d’essai pour Daniel Craig dans le rôle de l’espion de sa Majesté, après l’excellent renouveau apporté par Casino Royale et le décevant action-movie Quantum of Solace. La saga s’offre ni plus ni moins que Sam Mendes (Les Noces Rebelles) à la réalisation. Autant le dire tout de suite, le film frôle la perfection et dépasse (de loin) nos attentes.
Synopsis: Lorsque la dernière mission de Bond tourne mal, plusieurs agents infiltrés se retrouvent exposés dans le monde entier. Le MI6 est attaqué, et M est obligée de relocaliser l’Agence. Ces évènements ébranlent son autorité, et elle est remise en cause par Mallory, le nouveau président de l’ISC, le comité chargé du renseignement et de la sécurité. Le MI6 est à présent sous le coup d’une double menace, intérieure et extérieure. Il ne reste à M qu’un seul allié de confiance vers qui se tourner : Bond. Plus que jamais, 007 va devoir agir dans l’ombre. Avec l’aide d’Eve, un agent de terrain, il se lance sur la piste du mystérieux Silva, dont il doit identifier coûte que coûte l’objectif secret et mortel…
Une gloire passée
Ce nouvel épisode de l’agent 007, qui intervient quatre ans après le décevant Quantum of Solace, se permet de prendre la forme d’un hommage savoureux aux précédents opus de la saga. On pourrait craindre un épisode pastiche qui ne trouve que son inspiration dans la gloire passée de la série ; certains films se sont cassées les dents à trop vouloir faire des clins d’œil appuyés au spectateur. Pourtant, toutes les références de Skyfall aux anciens films servent totalement son propos, comme si il réécrivait les codes d’antan pour les actualiser. On a de fait parfois l’impression d’assister à un James Bond un peu rétro qui reprend les « clichés » de la saga, pourtant laissés de côté par Casino Royale. Notre héros redevient le tombeur de ses dames, l’Aston Martin fait son retour en fanfare, le côté second degré décomplexé à la Roger Moore réapparaît de même que le personnage de Q (incarné avec brio par Ben Whishaw) et ses gadgets. Ce dernier est d’ailleurs introduit dans une scène très bien sentie, qui fera plaisir aux vieux de la vieille et aux cinéphiles de tout poil. Skyfall constitue un bien bel hommage à sa noble ascendance. Un petit mot également pour parler du traditionnel générique: si la chanson d’Adèle est plutôt belle mais classique, les métaphores exprimées dans ces trois minutes sont vraiment bien pensées, le tout est sublime.
Un mélange des genres
Le seul point négatif du métrage -et encore il est à relativiser- tient du fait de sa durée (2h23, un record). Certains passages semblent assez contemplatifs pour un épisode de 007. Il y a bien entendu les traditionnelles grosses scènes d’action (la scène d’introduction pour ne citer qu’elle, classique mais efficace) mais ce Bond paraît parfois plus bavard que ces prédécesseurs, et c’est loin d’être un mal. Le film est également le plus politique de tous avec en ligne de mire les actions du MI6 et le terrorisme qui requiert de nouvelles méthodes d’investigation. Par certains côté, le film de Sam Mendes vous paraîtra incongru et loin des codes évoqués plus haut: une intrigue resserrée qui tient plus compte de la vengeance d’un individu isolé plutôt qu’un conflit mondial, une aventure se déroulant en très très grosse majorité au Royaume Unis (malgré des incursions en Turquie et à Shanghai)… Cet épisode est également celui dans lequel vous risquez d’en apprendre le plus sur 007 et ses origines, une trame scénaristique initiée par les deux précédents films.
Venons-en à un gros coup de cœur du film: le bad guy. Javier Bardem est excellent et n’ayons pas peur des superlatifs, probablement le meilleur Némésis qu’ait connu Bond. Le personnage apparaît assez tardivement dans l’intrigue, mais sa première scène est l’occasion d’un échange savoureux avec l’agent secret où l’on rigole de bon cœur, loin de la caricature habituelle du méchant. Pourtant, sous ses airs de grand-guignol drolatique se cache un être torturé, totalement fou certes, et totalement fascinant dans sa manière d’être interprété. On regrettera que son rôle soit trop peu étoffé sur la fin mais Javier Bardem donne une telle profondeur à Raoul Silva que l’on est assez bluffé, d’autant plus que sa malveillance sert un objectif intimiste contrairement à d’habitude. Enfin soulignons un gros bémol: les girls aux abonnées absentes. La première fait de la figuration, la deuxième est une faire valoir. Si on ne se place pas exactement dans le cadre misogyne des débuts, et hormis la géniale Judi Dench, il n’y a malheureusement pas de rôle féminin fort.
Une oeuvre forte et lyrique
La grande force de ce James Bond est qu’il se renouvelle intelligemment dans son scénario (on vous laisse le découvrir par vous-même mais attendez-vous à être surpris), la narration est assez sophistiquée et livre un drame profondément humain. Si Skyfall sait être drôle comme on l’a fait remarquer, avec un Bond égratignant gentiment son image, Skyfall se pare de noir abyssal devant la dureté scénique de certains plans. Mieux et plus surprenant encore, Sam Mendes donne à ce James Bond une dimension épique phénoménale, avec des envolées lyriques à donner la chair de poule, impliquant notamment le personnage de M. Encore une fois il paraît difficile de vous révéler la substance de ces scènes sans spoiler horriblement, il vaut donc mieux que nous restions évasifs. Lors de ces moments intenses, la mise en scène du réalisateur, tantôt sobre tantôt énergique, se fait magistrale, le tout porté par la partition d’un Thomas Newman très inspiré. Daniel Craig transcende son personnage en lui apportant une part de fragilité supplémentaire par rapport à ce qui avait été initié dans Casino Royale, faisant de ce Bond le plus humain de toute la saga. Le réalisateur lui offre son plus grand (?) film, sublimant une série cinquantenaire. Le métrage vous portera vers divers émotions: du rire à un sentiment plus brut et plus puissant. Grand film d’action humainement touchant à l’éloquence exceptionnelle, du casting sans faille à la mise en scène recherchée et grandiose. James Bond est une icône, le film est extraordinaire.
Résumé
En soi il ne paraît pas très objectif de mettre la note maximale à une œuvre, quelle qu’elle soit car après tout, la perfection n’existe pas. Une critique n’étant pas un exercice objectif, on dira simplement que les défauts de Skyfall sont largement compensés par son brio narratif. James Bond n’est plus un homme, ni même un héro, mais apparaît comme un mythe dont le film érige toute la gloire. Vive le roi!
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Cette critique – que j’ai lue en diagonale pour me préserver le suspens – me rend fou.
Assez d’accord avec cette critique. Pour ma part, l’absence de « girls » ne m’a nullement gêné car les deux rôles féminins majeurs (j’exclue Dench car son rôle pourrait être tenu par un mec) sont à des années lumières des potiches habituelles, faire valoir de 007. Et Dench a enfin un vrai beau rôle dans cet épisode (qui s’en plaindra) Elles y sont en plus excellentes. Sinon, ce que j’ai trouvé extraordinaire dans ce film, c’est le fil rouge, la nostalgie, traité à travers une multitude de détails. On n’est plus dans l’adrénaline à 100%, une part d’humanité s’invite au scénario (magistral !) et n’empêche pas l’efficacité des scènes d’action (le prologue à la fois décoiffant et finalement très classique, la séquence dans l’immeuble de Shanghai pour ne citer que ces deux-là). Bref, Mendes est un sacré bon metteur en scène !
Je suis content que tu ais apprécié Franck ! Je m’attendais surtout à en prendre plein la figure pour la note (assumée) que je lui ais mis, mais même si toi-même tu es d’accord tant mieux ! Il risque d’être dans notre top 10 à tous.