Après deux ans d’absence et un cliffhanger à couper le souffle, 2014 marque le retour de Sherlock dans un épisode des plus attendus. Rappelez-vous, la seconde saison se terminait sur la mort de Moriarty, et sur le faux suicide de Sherlock Holmes. Le retour tant espéré a-t-il su convaincre et combler les attentes des fans ? La réponse est oui, à bien des égards, même si l’intrigue de ce premier épisode en a sévèrement pâti.
Alors que tous le croient mort depuis deux ans, Sherlock est ramené à Londres par son frère Mycroft, pour l’aider à anticiper et à empêcher un futur attentat. Désormais revenu sur le territoire britannique, Sherlock décide de révéler son existence à Watson, Mrs Hudson et Lestrade. Mais son retour ne sera pas facile à accepter.
Les fans espéraient beaucoup de ce premier épisode, intitulé The Empty Hearse (que l’on peut traduire littéralement par Le Corbillard vide). Une seule question se posait : Comment Sherlock Holmes a-t-il fait pour simuler son suicide ? Car si l’on quittait un Dr. Watson endeuillé, le spectateur quant à lui, était parfaitement au courant de la supercherie, puisque la dernière image de La Chute du Reichenbach montrait Sherlock Holmes bien en vie, caché derrière les arbres du cimetière.
Sachez que nous n’aurons pas la réponse dans ce premier épisode. Deux potentiels scénarios de sa mort nous sont dévoilés (le premier est imaginé par Anderson, le second par John Watson), mais nous n’en saurons pas plus. Sherlock garde pour lui les détails sur les circonstances de son faux suicide. John lui-même n’en saura rien, si ce n’est le fait que treize scénarios avaient été envisagés. Lequel a été mis à exécution ? Seuls Mycroft, Sherlock, Molly et quelques privilégiés sont dans la confidence. Le mystère reste entier. D’un autre côté c’est ce qui fait le charme de la série et du personnage éponyme.
Le spectateur aura cependant la joie de retrouver un Sherlock aussi loufoque qu’à l’accoutumée, et un Dr. Watson qui aura bien du mal à pardonner. En atteste la scène de leurs retrouvailles au restaurant, qui mêle habilement les capacités de Sherlock à se déguiser à l’aide de presque rien et l’incrédulité d’un John Watson très émouvant qui se laisser avoir (comme si souvent) par la supercherie.
Loufoque mais attentionné, le détective privé semble avoir mûri lors de ces deux années passées loin de ses amis. Plus tolérant qu’avant, il semble faire de nombreux efforts pour ne plus incommoder ses compagnons par son hyper-intelligence. Il se contentera d’un regard inexpressif lorsque Molly lui présentera son fiancé, et demandera plus tard à Watson s’il a bien fait de garder ses commentaires pour lui. De plus, il ne manquera pas de la remercier sincèrement pour tout ce qu’elle a fait pour lui. Venant d’un personnage aussi insensible que le Sherlock que nous avons appris connaitre, cela laisse envisager une certaine évolution émotionnelle chez le détective.
Mais si le retour du détective est le principal événement de cet épisode, la récente situation amoureuse de John est également un sujet important. Mary Morstan (très bien interprétée par Amanda Abbington), semble être une fiancée très compréhensive, intelligente, efficace, et qui ne perd pas contenance face à un Sherlock visiblement sous le charme.
De plus, la série a conservé son humour. Sherlock n’a rien perdu de son éloquence : en témoignent ses retrouvailles houleuses avec John, ainsi que les joutes verbales qu’il livre non sans plaisir avec son frère Mycroft. De ce fait, les relations familiales du détective sont également bien plus mises en avant que dans les saisons précédentes. En témoigne les sous-entendus de Sherlock envers son frère, qu’il soupçonne de se sentir trop isolé, ainsi que la scène très mignonne quoi que sans réelle nécessité dans laquelle Sherlock accueille ses parents en visite à Londres, interprétés par les parents de Benedict Cumberbatch lui-même.
Toutefois, l’intrigue de cet épisode est certainement le point le moins élaboré dont nous parlerons. Car si le retour de Sherlock et Watson était très attendu, une bonne enquête policière n’en était pas moins espérée. Pressé par Mycroft, Sherlock se voit ramené de force à Londres pour déjouer un attentat visant (nous le saurons un peu plus tard au cours de l’épisode) le Parlement britannique. En parallèle, Sherlock doit sauver Watson, kidnappé par de mystérieux individus, et attaché sous un amoncellement de bois en proie aux flammes. Personne ne sait qui tire les ficelles de tout cela, et personne ne sait si les deux événements sont liés. Mais la réponse ne sera pas apportée dans cet épisode, qui manque cruellement d’analyses et de discours suffocants dont seul Sherlock a le secret. La fausse mort du détective éclipse complètement l’intrigue, qui ne réussit pas à trouver sa place dans un épisode placé sous le sceau des retrouvailles.