Bienvenue dans le monde merveilleux de la Grande Cuisine ! Après avoir côtoyé de manière vivace les codes de la télé-réalité, après avoir tutoyé le cinéma sous divers aspects, nous voilà plongés dans l’excellence de la cuisine dans notre petite lucarne. Bien que très tenté, je ne vous accablerai pas de la sempiternelle comparaison avec ce jargon culinaire nous amenant souvent à y avoir recours dans les moments clés de nos différentes vies. Ouste, les pincées de rire, exits les soupçons de tendresse ! Ouvrez les portes de ce qui nous fait vibrer au quotidien ! Acceptez de sentir la bonne odeur frissonnante de cette atmosphère ingrate qu’est la cuisine. Invitez-vous à passer un réel moment de détente, bercé par le bruit des ustensiles, bercé par le son d’une brigade se démenant à donner du plaisir à sa clientèle. Bienvenue dans le monde merveilleux de la Grande Cuisine ! Bienvenue dans « Chefs ».
Chefs – Présentation
Depuis le 11 Février 2015, France 2, notre bonne vieille chaîne nationale, diffuse en prime time, la série événement « Chefs ». Je vous avoue, France 2 ne m’a pas mis dans la confidence sur son désir de bien vouloir nous sortir une série un peu différente de ce qu’elle a l’habitude de nous concocter. Je ne leur en veux pas, car je ne suis pas comme ça. Ils auraient pu me prévenir non ? C’est en faisant mes courses de dernières minutes, flânant nonchalamment dans les rayons de mon magasin de proximité que j’ai découvert à la caisse, les programmes télés. Il faut que je me confesse. C’est bel et bien la barbe de Clovis Cornillac qui a attiré mon attention. Ça lui va à ravir ! Cette tendance « hipster chic » lui sied à merveille ! Je ne me contente pas de cela. Ce soir-là, comme par hasard, il y a de la ménagère de compét’ à la caisse, caddies remplis à ras bord, me laissant ainsi le temps de m’arrêter quelques instants sur l’article en question. Ok, France 2 va bientôt nous sortir une série. Je dis « banco ». Je n’ai pas l’habitude de camper sur cette chaîne (ou alors par inadvertance, ou alors parce que je n’ai pas le choix… cher Monsieur Rémy Pflimlin, veuillez accepter mes excuses !). C’est l’occasion ou jamais de me réconcilier avec elle. J’étudie un peu le dossier « Chefs » histoire de ne pas trop passer pour un gros nigaud le moment venu. Je me dis que face à l’engouement que connait le monde de la bonne bouffe à travers toutes ces émissions qui connaissent un succès tout particulier, il est évident, que cette série peut tirer son épingle du jeu. On peut donc remercier « Top Chef » et « Masterchef » d’avoir joué le rôle de précurseur dans ce domaine. Je ne vais pas tous les citer, mais merci aux Chefs Lignac, Piège, Marx, Constant, Darabian, Camdeborde, Etchebest, Chaignot, Anton et bien d’autres, pour leur concours gastronomique à cet effet de mode valorisant à ce jour cette série qui vient de voir le jour. « Chefs » est une série de 6 épisodes créée par Arnaud Malherbe et Marion Festraëts, et produite par Calt Production. Ces épisodes durent une cinquantaine de minutes. Elle met sous le feu des projecteurs un grand restaurant « Le Paris » tenu par un excellentissime chef, salué et respecté de tous dans ce domaine. Chaque année, ce grand chef joué par l’impeccable Clovis Cornillac, dégote et forme un jeune délinquant en période probatoire afin de lui inculquer les vertus et l’art de ce dur métier de cuisinier. Evidemment, cet apprentissage, on doit bien s’en douter, ne doit pas se faire dans la joie et la bonne humeur, la fleur au fusil, le sourire aux lèvres… Compte là-dessus et bois de l’eau mon cher ami ! On se soumet volontiers aux aléas de cette âpre activité, en suivant de très près notre brigade complète, valorisée par un casting qui en jette : Clovis Cornillac, Hugo Becker, Zinedine Soualem, Robin Renucci, Annie Cordy pour ne citer qu’eux.
L’envers du décor… tout n’est pas que meringue et baba au rhum !
Les premières notes de musique sont données dans un vacarme assourdissant. On s’affaire, on fourmille. L’orchestre prend place et attend son chef, maître de cérémonie. La première scène, méticuleuse et soignée nous plonge dans ce bruit, dans cette précise désorganisation. On arrive à se rendre compte grâce au regard extérieur de Romain (Hugo Becker), le jeune embauché, que la brigade se lance dans un ballet rudement bien maîtrisé, une fois le feu lancé. Parlons justement de ce Romain. Qui est-il ? Que fait-il ? En période probatoire, il sort de prison, apparemment grisé par ces deux années écopées pour des faits encore méconnus dans ce scénario. Il fait la rencontre, à l’extérieur du restaurant, de Clovis Cornillac, le chef, le big boss, le papa. Hugo Becker, pour les très gros puristes du monde de la série, vous vous demanderez volontiers où vous avez bien pu le croiser celui-là… j’ai cherché, je l’avoue, et pas qu’un peu. J’aime bien ne pas regarder mon smartphone et toutes ses applis salutaires, pour faire jouer un peu mes méninges embrumées. Ce challenge personnel ne servant (je vous le concède) pas à grand-chose, a bien failli me causer nuit blanche, troubles convulsifs, ulcère, et points de suture. Le besoin de savoir était trop obsédant… Mais en me levant… la lumière fut ! Louis Grimaldi de Monaco, dans Gossip Girl ! Himself ! Il a joué le beau prince héritier, in love de Blair Waldorf pendant près d’une saison, et donc adversaire du magnifique Chuck Bass. Me voilà apaisé. Le voilà donc catapulté dans l’équipe « Le Paris » ne maîtrisant rien de cette rigueur perceptible, mais aussi tiraillé par son passé, colorié par de nombreux flashbacks de sa maman, pointillant de temps à autre les deux premiers épisodes. Ces souvenirs noirs et blancs, poussiéreux, vieillis par le poids des années, mettent Romain face à sa situation, face à sa vie, celle qu’il a construit, et qui n’a pas été rudement brillante jusque-là. On voit bien que ce brave type se cherche, cherche à se refaire le puzzle de sa vie et pour cela, il rend visite à sa bonne vieille tante, Miss « Tata Yoyo, qu’est-ce qu’il y’a sous ton grand chapeau !!!??? », à savoir Annie Cordy, lui apportant le soutien qu’une gentille tatie pourrait apporter à un garçon un peu paumé.
Manifestement, « Chefs » appuie sur des réalités importantes dans le monde de la restauration de luxe. Clovis Cornillac, malgré son charisme éléphantesque, malgré le respect qu’il inspire, traverse une délicate période financière, pénible à supporter pour un homme, chef cuisinier de surcroit, dont l’égo pourrait certainement dépasser l’entendement. Il tente, tant bien que mal, de garder la face, à défaut de garder la pêche, devant ses troupes. On lui met dans les pattes, Delphine (Anne Charrier qu’on a pu croiser dans la série « Maison Close »), nommée directrice de l’établissement par Edouard (Robin Renucci), le nouvel investisseur. Son objectif est de redresser la barre, et de bien vouloir trouver LA solution pour éviter la faillite. Moi, cette nana me fait peur, je l’aime pas du tout du tout. Son autoritarisme sabote la mécanique bien huilée de ce restaurant grand luxe, et elle exerce une tension réellement palpable sur toute l’équipe lorsqu’elle approche et donne son point de vue tranchant et tranché.
Dans le rayon sexe opposé, on peut fouiller longtemps dans le garde-manger, on y trouvera pas beaucoup de couettes, de strings, de rouges à lèvres, et d’utérus dedans… Mesdames, mesdemoiselles, j’enfonce une porte ouverte, le monde de la restauration ne vous accorde pas l’importance que vous méritez et que vous apportez à tout le monde lorsque vous vous trouvez derrière les fourneaux. « Chefs » ne déroge pas à cette tradition ancestrale. Une seule ! Oui, une seule gonzesse dans la Team « Le Paris » est à déplorer. On s’en contente grâce à la petite Joyce Bribing qui joue le rôle très intéressant de la jeune Charlène, mère célibataire obligée de se démener et de jouer des coudes pour survivre dans ce monde misogyne. Bon, franchement, elle a pas de chance…elle cumule vraiment les handicaps… Cela fait un peu cliché de travailler dans un grand restaurant avec des horaires à ne plus savoir quand on peut aller chercher le courrier ou sortir les poubelles, d’être la seule femme, d’être toute jeune, d’être mère de famille apparemment depuis pas longtemps, célibataire de surcroît parce qu’apparemment le conjoint à quitter le navire… On peut s’attendre à pas mal de chose à son sujet. La noirceur de la série laisse présager que son rôle aura fort à faire dans ce monde-là. La suite au prochain épisode.
Chefs – Episodes 1 et 2 – Ma conclusion
Ce polar culinaire nous livre ses premières promesses, ses premières images, ses premiers moments de vérité. « Chefs » abandonne sur le bord de la route tous ces codes proprets ancrés dans nos télé-réalités chéries. Manquant un brin de peps et de relief au démarrage, on arrive, sans se forcer, à se convaincre que la brigade de Clovis Cornillac mérite toute notre attention. A contrario, il faut bien le souligner, c’est important : la bande son mérite d’être revue et corrigée, ou tout au pire, être bannie ! Peu subtile, elle terrorise chaque séquence de sa lourdeur. Violon pessimiste, violoncelle dépressif, contrebasse au bord du précipice, l’orchestre tout entier mérite de se mettre au diapason afin de donner une note plus « punchie » à tout cet environnement déjà bien sobre. Malgré tout, cette série montant crescendo, nous transmet de bonnes ondes, et une envie non dissimulée de passer au plat de résistance avec appétit et gourmandise. La suite !!