Dès ce soir, 19h30, et jusqu’au 16 novembre, la MCJP propose de se plonger dans l’oeuvre d’un cinéaste japonais qui s’est imposé depuis l’année dernière dans nos salles avec pas moins de trois films, à commencer par Senses, œuvre fleuve de cinq heures découpée en trois chapitres lors de sa sortie en mai 2018 et découvert sous la forme d’un marathon à Locarno trois ans plus tôt. C’est cette version d’origine qui sera présentée lors de ce cycle qui se déroulera, les premiers jours, en présence du cinéaste né en 1978. Peu après la sortie de Senses au succès inattendu (150 000 pour les trois parties additionnées, ce qui est inattendu pour ce format atypique), Ryusuke Hamaguchi a participé à la compétition du Festival de Cannes avec le très beau Asako et a connu un joli succès en début d’année avec un peu plus de 100 000 entrées, un doublé qui a permis la sortie, dix ans après son tournage, de Passion, son film de fin d’études, certes moins abouti mais déjà très intrigant.
Élève de Kiyoshi Kurosawa à l’Université des arts de Tokyo, Ryusuke Hamaguchi évoquera son parcours lors des trois rencontres prévues entre le 5 et le 7 septembre, autour de ses films pour l’instant inédits en salles en France : The Depths ce jeudi 5 septembre à 19h30, Storytellers à la même heure le lendemain puis Like nothing happened samedi 7 à 14h, suivi d’une master class d’une heure.
Dans une déclaration d’intention écrite en juin dernier pour cette rétrospective et à lire en intégralité sur le site de la MCJP, il s’exprime ainsi sur sa notoriété relativement tardive : «En mai de cette année, j’ai eu l’immense plaisir de voir mon film de fin d’études, Passion, projeté dans plusieurs salles en France. C’est un peu comme si mon œuvre elle-même en tremblait de joie et d’embarras à l’idée que ce film d’étudiant, qui n’avait jamais bénéficié d’une avant-première dans son propre pays au Japon, allait avoir la chance d’être présenté au regard d’un public aussi nombreux à l’étranger. Si le film a finalement pu rencontrer son public, ce n’est pas tant que c’était un joyau caché jusque-là mais plutôt parce qu’il offre aux spectateurs une perspective sur les éléments en germe qui ont abouti plus tard à Senses ou Asako I & II. Dans ce cas, le même raisonnement peut être tenu pour toutes les œuvres projetées durant cette rétrospective à Paris, et toutes ont le même droit à bénéficier de cette chance».
Il serait bien dommage pour les amateurs de son travail de manquer cette série révélatrice de son parcours sur dix ans, avec courts et longs-métrages, documentaires et fictions. Comme il le dit lui-même, découvrir ses œuvres antérieures apportent un éclairage a posteriori sur Senses et Asako, car «certains motifs reviennent de manière récurrente, si bien que les spectateurs peuvent suivre le processus au cours duquel je cherche à établir mes propres méthodes», mais en plus elles portent peut-être déjà en elles les prémisses «dont je n’ai pas encore conscience et qui préfigurent mes œuvres futures. Je serais extrêmement heureux s’il se trouvait des spectateurs qui puissent repérer cette potentialité et m’en faire part».