Revu sur OCS : Entre chiens et loups

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© 2002 Boris Meppiel / Alexandre Films / France 2 Cinéma / Mediapro Pictures /
Metropolitan Filmexport Tous droits réservés

On ne va tout de même pas crier au chef-d’œuvre après avoir revu Entre chiens et loups dans le cadre de notre petite rétrospective personnelle des films de Alexandre Arcady sur la plateforme de vidéo par souscription OCS. Même pas du tout, puisque l’on a un très vague souvenir de l’avoir détesté au moment de sa sortie au cinéma, il y a près de dix-huit ans. Cependant, en comparaison aux deux films antérieurs de ce réalisateur au style ampoulé et à l’agenda politique fort discutable, ce film de gangster ne s’en sort après tout pas si mal. L’engagement gros comme un camion en faveur d’une minorité lâchement trahie par cette vilaine société française y est remplacé par le délire à l’état pur. Bon, d’accord, on n’ira pas non plus jusqu’à reconnaître au douzième long-métrage du réalisateur des qualités hors pair de film de genre survolté.

Il n’empêche que la recette éprouvée des tueurs à gages qui finissent par se retourner contre leurs commanditaires y fonctionne à peu près convenablement, à l’image de la prémisse, aussi farfelue que la coiffure initiale du personnage de Saïd Taghmaoui. Un contrat lucratif en guise de billet en aller simple vers l’au-delà, c’est sûr qu’il y a des points de départ plus crédibles pour des orgies de fusillades qui se veulent crépusculaires. Car, en toute logique, si le scénario ne contenait que cet assassinat politique de pacotille, le film s’arrêterait au bout d’une demi-heure.

Or, cette première partie n’est pas complètement dépourvue d’un certain grain de folie du désespoir, les tendances suicidaires des deux protagonistes se complétant assez bien. Une complémentarité pas sans charme, ni efficacité a en effet tendance à s’installer par intermittence entre la force tranquille du personnage de Richard Berry, comme souvent le pilier de l’édifice chancelant des films d’Arcady, et les penchants morbides de celui de Taghmaoui, un petit jeune surexcité dont la fougue n’est pas plombée par un lourd bagage communautaire, comme l’a été celle des héros empotés interprétés auparavant par Patrick Bruel. La dynamique du duo de choc n’y opère certes pas avec une fluidité à toute épreuve. L’influence bénéfique au niveau du scénario de Alexandre Aja, qui allait devenir un réalisateur de films de genre infiniment plus solide et fiable que son père, s’y fait néanmoins sentir.

© 2002 Boris Meppiel / Alexandre Films / France 2 Cinéma / Mediapro Pictures /
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Après, ne soyons pas non plus trop magnanimes à l’égard d’un film, qui accumule les écarts de route au fur et à mesure que l’intrigue progresse. Le décor a ainsi beau avoir changé depuis K, le regard que le réalisateur porte sur la Roumanie n’est nullement plus valorisant que celui cinq ans plus tôt sur l’Allemagne. Il y pleut également à verse avec une ponctualité ridicule. Et la topographie urbaine de Bucarest est dominée soit par des palaces, de vieux fossiles de l’ère de domination soviétique, soit par des discothèques faussement branchées, le reflet oh si caricatural de l’Europe de l’Est dans les années 2000.

De même, les enjeux de l’intrigue deviennent de plus en plus nébuleux, jusqu’à ce que le méchant de l’histoire, Joaquim De Almeida dans le type de rôle dont il n’a hélas jamais tout à fait su se défaire au fil d’une carrière internationale pas sans mérite, canarde sa luxueuse demeure comme s’il se prenait pour le Scarface de De Palma. Enfin, la pauvre Anouk Grinberg a une fonction encore sensiblement plus basique, puisque elle devra se contenter d’accompagner stoïquement les derniers mois de son compagnon marqué par la maladie.

Notre pari de trouver malgré tout un film à peu près potable dans la filmographie de Alexandre Arcady s’est avéré plutôt gagnant avec Entre chiens et loups. Au risque de nous répéter, il ne s’agit en aucun cas d’un film d’une solidité à toute épreuve et encore moins d’une œuvre d’une qualité exceptionnelle. Toutefois, il fournit une vague confirmation de notre soupçon persistant que ce sont avant tout les œillères idéologiques qui rendent la visée esthétique et discursive des films du réalisateur si peu recevable et beaucoup moins son éventuelle ineptie créative.

© 2002 Boris Meppiel / Alexandre Films / France 2 Cinéma / Mediapro Pictures /
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