Sa réputation en tant que l’une des vedettes les plus appréciées, voire admirées de l’âge d’or du cinéma hollywoodien n’est plus à faire. Cary Grant, cette incarnation intemporelle de la classe et de l’auto-dérision élégante ne courait guère le risque de voir ses films tomber dans l’oubli. Pour cela, ses collaborations avec des réalisateurs aussi respectés que Leo McCarey, Howard Hawks, George Cukor, Frank Capra et Alfred Hitchcock passent à un rythme bien trop soutenu en boucle dans les salles de cinéma de patrimoine et sur les chaînes spécialisées. Néanmoins, le fait de lui voir enfin dédié une rétrospective en bonne et due forme ne peut que nous réjouir, tant elle permettra aux nombreux fans de cet acteur hors pair de découvrir ses films en dehors des cinq, six classiques omniprésents.
Cerise sur le gâteau, l’exercice de mémoire cinéphile aura lieu simultanément à deux endroits différents en France, à savoir à l’Institut Lumière à Lyon et dans la salle Christine du Paris Cinéma Club à … Paris. Tandis que le cycle en province a d’ores et déjà commencé depuis la fin du mois d’août et qu’il se terminera le dimanche 6 octobre, les spectateurs de la capitale ont pu y plonger depuis avant-hier et au moins pendant cinq semaines jusqu’au mardi 22 octobre. Le prestige et les moyens de la vénérable institution lyonnaise obligent, ses programmateurs ont pu réunir une petite vingtaine de films avec l’illustre acteur, là où les deux salles de l’ancien Action Christine n’accueilleront que quinze, en très grande majorité en copie numérique, à l’exception de Cas de conscience de Richard Brooks, resté au stade argentique.
Faut-il encore présenter Cary Grant (1904-1986) ? A priori, les grandes lignes de sa carrière exceptionnelle sont largement connues, depuis ses années de galère en tant qu’immigré anglais sans le sou, jusqu’à sa consécration comme l’une des vedettes de cinéma les plus populaires à travers la planète depuis la fin des années 1930 jusqu’au début des années ’60. Eh non, le fait de quitter prématurément les plateaux à 62 ans à peine n’avait nullement porté ombrage à sa célébrité durable. Pas davantage, d’ailleurs, que l’absence de récompenses prestigieuses, à l’exception d’un Oscar d’honneur bien tardif, reçu des mains de Frank Sinatra en 1970. A côté des classiques donc de nouveau visibles à l’Institut Lumière et au Paris Cinéma Club Christine, il reste toutefois un nombre de films pas négligeables qui avaient participé, eux aussi, à fonder le mythe Cary Grant.
A ce sujet, on pense par exemple à l’aventure rocambolesque Gunga Din de George Stevens, aux deux films qui lui avaient valu ses seules nominations à l’Oscar du Meilleur acteur (La Chanson du passé, toujours de Stevens, et Rien qu’un cœur solitaire de Clifford Odets), à ses collaborations avec l’actrice Myrna Loy quasiment coup sur coup dans Deux sœurs vivaient en paix de Irving Reis et Un million clefs en main de H.C. Potter, ainsi qu’à ses comédies d’hommes plus ou moins mûrs, où il croisait des partenaires à peu près de son âge comme Ingrid Bergman (Indiscret de Stanley Donen) ou bien sensiblement plus jeunes telles que Sophia Loren – joyeux 90. anniversaire ! – (Orgueil et passion de Stanley Kramer et La Péniche du bonheur de Melville Shavelson), Doris Day (Un soupçon de vison de Delbert Mann) et Leslie Caron (Grand méchant loup appelle de Ralph Nelson).
Les quatre films projetés en exclusivité à l’Institut Lumière
Blonde vénus (1932) de Josef von Sternberg, avec Marlene Dietrich et Herbert Marshall
Soupçons (1941) de Alfred Hitchcock, avec Cary Grant et Joan Fontaine – Oscar de la Meilleure actrice à Joan Fontaine en 1942
Allez coucher ailleurs (1949) de Howard Hawks, avec Cary Grant et Ann Sheridan
Chérie je me sens rajeunir (1952) de Howard Hawks, avec Cary Grant et Ginger Rogers
Les quinze films à l’affiche et à Lyon, et à Paris
Cette sacrée vérité (1937) de Leo McCarey, avec Irene Dunne et Cary Grant – Oscar du Meilleur réalisateur en 1938
L’Impossible Monsieur Bébé (1938) de Howard Hawks, avec Katharine Hepburn et Cary Grant
Vacances (1938) de George Cukor, avec Katharine Hepburn et Cary Grant
Seuls les anges ont des ailes (1939) de Howard Hawks, avec Cary Grant et Jean Arthur
La Dame du vendredi (1940) de Howard Hawks, avec Cary Grant et Rosalind Russell
Indiscrétions (1940) de George Cukor, avec Cary Grant et Katharine Hepburn – Oscar du Meilleur acteur à James Stewart en 1941
Arsenic et vieilles dentelles (1944) de Frank Capra, avec Cary Grant et Priscilla Lane
Les Enchaînés (1946) de Alfred Hitchcock, avec Cary Grant et Ingrid Bergman
Honni soit qui mal y pense (1947) de Henry Koster, avec Cary Grant et Loretta Young – Oscar du Meilleur son en 1948
Cas de conscience (1950) de Richard Brooks, avec Cary Grant et José Ferrer
On murmure dans la ville (1951) de Joseph L. Mankiewicz, avec Cary Grant et Jeanne Crain
La Main au collet (1955) de Alfred Hitchcock, avec Cary Grant et Grace Kelly – Oscar de la Meilleure photo (couleur) en 1956
Elle et lui (1957) de Leo McCarey, avec Cary Grant et Deborah Kerr
La Mort aux trousses (1959) de Alfred Hitchcock, avec Cary Grant et Eva Marie Saint
Charade (1963) de Stanley Donen, avec Cary Grant et Audrey Hepburn