Il tourne sans arrêt. Certes, ses films ne sortent pas tout à fait à la même fréquence élevée que ceux de Hong Sang-soo, maître incontesté en la matière avec vingt-deux longs-métrages à son actif sur la même période, depuis l’été 2007. Mais parmi les réalisateurs français stakhanovistes, seul François Ozon a fait mieux grâce à ses quatorze sorties. Au détail près que l’homme derrière Mon crime est un touche-à-tout dépourvu d’une signature personnelle, tandis que Quentin Dupieux œuvre inlassablement à créer un univers aussi décalé que cohérent. A l’occasion de la sortie prochaine, le mercredi 7 février, de son nouveau film Daaaaaali !, les cinémas UGC vous convient pendant une semaine, du 31 janvier au 6 février, à une redécouverte partielle de cette filmographie hors du commun.
Y manquent à l’appel les deux premiers films signés Quentin Dupieux, Steak avec Eric Judor et Ramzy Bedia et Rubber avec Roxane Mesquida ainsi que son quatrième Wrong Cops. Pour quelle raison ? Mystère ! Car les huit longs-métrages qui restent ne rentrent pas non plus facilement dans un cycle hebdomadaire composé de sept jours. Ce qui peut être compris comme un clin d’œil à l’état d’esprit toujours très peu orthodoxe qui règne dans les comédies hors des sentiers battus du réalisateur. A savoir que les six multiplexes UGC participant à l’opération – ceux de Bercy et de La Défense en Ile-de-France, puis du nord au sud ceux de Lille, Strasbourg, Lyon et Bordeaux – ont opté pour un rythme de séances fort variable d’une salle à l’autre. Par ailleurs, pour les membres du programme fidélité UGC, ces projections de redécouverte sont proposées au tarif préférentiel de 8€50 la place.
De film en film, on croise les mêmes acteurs chez Quentin Dupieux (* 1974). C’est moins l’idée d’une troupe qui y est de rigueur que celle d’une connivence artistique et tonale. En guise d’ambassadeurs d’un univers très, très singulier, Eric Judor, Alain Chabat, Grégoire Ludig, Adèle Exarchopoulos, Anaïs Demoustier, Gilles Lellouche et Pio Marmaï ont porté au fil des années le flambeau d’un cinéma français qui, s’il n’attire guère les foules, ravit incontestablement les amateurs d’un humour fortement absurde. En effet, impossible de savoir où l’action nous mènera dans un film de Dupieux, dans lequel des objets ou des animaux peuvent prendre le premier rôle, où la logique dramatique classique est à peine respectée et dont on ressort sans exception plus ou moins profondément déboussolé.
La preuve par huit donc à partir de mercredi avec ces délires multiples : un homme à la recherche de son chien (Wrong), un réalisateur en herbe qui rêve de tourner son premier film (Réalité), l’équipe atypique d’un poste de police (Au poste !), un blouson qui exerce une étrange fascination sur son propriétaire (Le Daim), deux crétins qui rêvent d’apprivoiser une mouche géante (Mandibules), un nouveau domicile bien étrange (Incroyable mais vrai), le séminaire d’une équipe de prévention du tabagisme (Fumer fait tousser) et la représentation d’une pièce de théâtre de boulevard qui vire au cauchemar (Yannick). De quoi vous faire patienter de la manière la plus jouissive possible jusqu’à l’arrivée de la biographie filmique que l’on espère nullement académique du célèbre peintre espagnol !