Restless
USA : 2011
Titre original : Restless
Réalisateur : Gus Van Sant
Scénario : Jason Lew
Acteurs : Henry Hopper, Mia Wasikowska , Ryo Kase
Distribution : Sony Pictures Releasing France
Durée : 1h35
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 21 septembre 2011
Date de sortie DVD : 08 février 2012
Globale : [rating:3][five-star-rating]
Gus Van Sant revient, après Harvey Milk dans Restless, drame américain dans la lignée de Love Story. Avec un univers qui lui est propre, notamment comme dans Elephant, le réalisateur revient pour nous prouver une nouvelle fois son talent. Mais la question est la suivante : comment faire du neuf avec de l’ancien, ici un sujet déjà très souvent traité.
Synopsis : Enoch, jeune lycéen, vient de perdre ses parents dans un accident de la route, auquel il reste l’unique rescapé. Vivant très mal cette nouvelle situation, il écume les enterrements d’inconnus. C’est justement lors d’un enterrement d’un garçon atteint d’un cancer incurable qu’il fait la rencontre d’Annabel, jeune fille qui se fait passer pour une infirmière. Une réelle amitié se tisse entre eux, puis, apprenant qu’il ne lui reste que 3 mois à vivre, celle-ci avoue la terrible vérité à Enoch …
Un deuil
Enoch, tout juste orphelin, vit très mal ce qu’il considère comme un abandon de ses parents. Il vit désormais avec sa tante dans son ancienne maison. S’étant faire virer de son lycée pour cause de violence, celui-ci se refuse à retourner dans un autre établissement, inquiétant sa tante. Pour occuper son temps, il décide donc d’aller aux enterrements. Tout de suite ce qui est frappant c’est son côté « sans vie », il est là sans être là. Il n’a pas l’air d’être triste ni déprimé, c’est un peu une coquille vide, en attente d’autre chose. Il n’est pas prêt à réintégrer le monde des vivants et préfère la compagnie de défunts, d’où son amitié avec un fantôme, imaginaire ou non, Hiroshi. Nous apprécierons ici le jeu de mot de Gus Van Sant (Hiroshi man= Hiroshima). Hiroshi est kamikaze japonais de la Seconde Guerre Mondiale et, c’est avec lui qu’Enoch passe son temps, qu’il joue à la bataille navale, échange sur la vie, se conduit comme un enfant. C’est d’ailleurs par ses échanges avec Hiroshi que l’on apprend qu’Enoch a eu des tentations suicidaires. En effet, le vrai nœud du problème et que l’on apprend tardivement, c’est qu’Enoch n’a pas pu assister à l’enterrement de ses parents, étant lui même plongé dans le comas pendant 3 mois. Il est d’ailleurs intéressant de noter ici le parallélisme entre les 3 mois du comas et les 3 mois qui restent à vivre à Annabel …
Une rencontre
C’est à l’enterrement qu’Enoch rencontre, et on pourrait même dire « reconnaît » Annabel. Tout de suite, dans les premiers regards on sent entre les deux acteurs une réelle attraction. Tout est pour nous faire comprendre que ces deux là, tellement étranges dans leur façon d’être, devaient être amenés à se rencontrer et à partager un bout de vie ensemble ! Plus il passe du temps avec elle plus il délaisse son ami Hiroshi et donc plus il délaisse la mort pour la vie, ce qui reste paradoxale dans la mesure où l’issue du film ne laisse planer aucun doute. Après l’annonce de sa mort future, Enoch décide de l’aider : il veut l’accompagner dans ce processus douloureux, d’abandon de la vie. Certaines scènes restent en tête assez longtemps mais protégeons-nous de tout spoiler !
On pourrait dire que ce film reste très énigmatique par certains côtés : il y a une réelle originalité. Tout ceci tient évidemment aux deux personnages principaux qui ont un regard différent sur la vie mais pas seulement. En effet, Gus Van Sant réussit quelque chose d’extraordinaire : rendre ce film atemporel et a-spatial ! Plus clairement on peut dire que les décors, les musiques, les couleurs ont pour objectif de flouter les cadres spatio-temporels de l’histoire pour la rendre universelle. Dans la même idée on peut dire que le temps est presque suspendu, comme si l’histoire, qu’Enoch et Annabel vivait, suspendait le temps ! Et puis bien sûr il y a le côté assez androgyne des acteurs qui participent de cette perte des cadres.
Un bilan mitigé
Il clair qu’il y a des choses très bonnes dans ce film, notamment certains personnages secondaires, le choix des acteurs assez réussi et puis bien sûr certaines scènes qui sont très délicates, poétiques voire magistrales comme la scène finale ! Mais en même temps il y a quelque chose qui ne prend pas . On n’est finalement pas si attaché à ce couple que cela. Il manque sans doute l’ingrédient magique qui rend un film exceptionnel ! La première heure est très originale, par tous ses côtés, c’est très attachant et puis pour finir les dernières trente minutes s’enlisent dans quelque chose qu’on a tous déjà vu au moins une fois, ce qui est dommageable. Un bel essai, un beau film qui nous fait nous sentir assez étrange en sortant mais qui n’atteint pas l’explosion qu’on aurait crue voir venir.
Résumé
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