Radiostars
France : 2011
Titre original : Radiostars
Réalisateur : Romain Levy
Scénario : Romain Levy
Acteurs : Manu Payet, Clovis Cornillac
Distribution : Mars Distribution
Durée : 1h40
Genre : Comédie
Date de sortie : 28 mars 2012
Globale : [rating:3][five-star-rating]
Qu’attendre aujourd’hui d’une comédie française ? Très peu de choses tant « les dernières fournées » (appelons les films tels qu’ils sont vendus), passent rarement la barre quantitative et qualitative. Avec un titre si peu accrocheur et un pitch si léger pour une comédie française, les meilleurs arguments pour décrocher sourires et rires sont absents. Et pourtant, jusqu’à un certain point, Radiostars fonctionne relativement.
Synopsis : Ben, 25 ans, a tenté sa chance dans les Comedy-Clubs de New-York, mais la célébrité n’a pas voulu de lui et son retour à Paris peut être considéré, en toute objectivité, comme un échec cuisant. Un échec professionnel bien sûr, puisque ses talents comiques n’ont pas trouvé preneurs, mais également un bel échec affectif puisqu’il ne reste de sa love story américaine que le cadeau d’adieu de son ex : un paquet de M&Ms personnalisés avec un simple mot : « Loser ». Pour achever cette image flamboyante du rêve américain, à son retour à Paris, Ben est accueilli par son père, JR, une sorte de fusion entre un père et une mère juive, un coach, un chauffeur et son plus grand fan. Il est convaincu que son fils n’est qu’à cinq poignées de main de la célébrité et lui met la pression pour qu’il rebondisse…
Résonances visuelles d’ondes FM.
Ce n’est malheureusement pas le passif du réalisateur qui parle en sa faveur, entre ses diverses participations aux scénarios du Coursier et de Cyprien, rien ne laissait envisager une comédie solide. Et pourtant.
Il faudra passer le premier quart d’heure, une mise en place indigeste, dû entre autre à une interprétation légère, pour se dire que quelque chose peut émerger. En voulant parler d’un milieu qu’il connaît bien, Romain Levy choisit le bon cap pour guider sa fine équipe. En effet, à l’instant même où l’on rentre dans le on et off de ce milieu, un virage est pris. Première réussite, les dialogues. Le monde des radios libres permet une joute de vannes des plus réussies et l’introduction à ce milieu. Autre avantage que le réalisateur a compris, une séquence lui suffit à présenter ses personnages sur tous les plans avec facilité là où d’autres comédies, par les poncifs du genre, alourdissent le récit. En quelques minutes nous y sommes.
Par une idée toute simple, sous la forme cachée d’un road movie, Romain Levy trouve la route la plus juste pour faire évoluer ses personnages, même si l’ensemble reste léger.
Le film prend alors la forme d’étapes, qui de ville en ville, donnera autant une structure à son récit qu’une facilité de rythme. Peu importe cela fonctionne et contribue, malgré de grosses ficelles, à ne pas donner (ou presque) de ventre mou au film, point noir des comédies françaises. Ressemblant alors plus à un « film de potes » Radiostars prend un bel élan. Certains dialogues feront forcément leur effet (attention cependant à l’effet bande-annonce, qui pourrait en dévoiler trop), d’autres, à défaut de devenir culte ( ?) restent de vraies répliques hilarantes.
Certes le film n’est pas parfait, parfois un peu énorme et se vautre dans la facilité mais une certaine fraîcheur et vérité transparaissent, portées par un casting étonnant d’unité.
Voix off en mode on.
N’oubliant pas son thème principal, Romain Levy, fait le choix d’un casting de charisme et de voix, certes un détail, mais important. On sent immédiatement que toute cette équipe est liée. Et le jeu de chacun est utilisé à bon escient développant le caractère de chaque personnage. Quel plaisir de retrouver le trop souvent absent Pascal Demolon à la voix et au jeu enchanteur, personnage à lui seul. Manu Payet, décidément vrai acteur de comédie et parfait de justesse, soupçonné d’improvisations de qualité, prend le pas. On le sent plus qu’à l’aise et pourvu d’un vrai naturel de jeu. Clovis Cornillac, chef de troupe, revient toutes proportions gardées à un jeu tout en saveur. Simple et efficace. Autour d’eux gravitent d’autres personnages, Douglas Attal (on s’autorise à penser à Jason Biggs), dans un rôle de jeune premier, prend son envol au fur et à mesure du film même si certaines imperfections sont là. Jacky Ido en délicieux Léonard de Vitry, parodiant le milieu rap bling bling.
Là est l’essence même de Radiostars, film simple ne se prenant jamais au sérieux, étant le reflet d’une génération née avec les radios libres et hommage à ses auditeurs. Dans un final certes générationnel, le réalisateur et son compositeur (belle découverte, dans le genre) apportent une esthétique proche de ce que Project X nous offrira probablement dans quelques mois.
Alors oui, le film est ciblé, certaines répliques resteront sans écho passé la quarantaine, mais cette comédie, aux répliques vraies (on n’hésite pas à être vulgaire), réussit où d’autres improbables « mastodontes » à renfort de casting paillettes et pitch post-it échouent. Sa réserve d’économie scénaristique en fait sa force. Le casting choral où personne ne se tire la couverture et où tout est partagé est en place. C’est peut-être là la réussite de Radiostars, sans être la comédie de l’année, le film offre une fraîcheur et une vérité autant de ses personnages que pour le public ciblé.
Résumé
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