Considéré – selon la formule consacrée – comme le Prix Goncourt du cinéma, le Prix Louis-Delluc honore le meilleur long-métrage français de l’année. Le jury est présidé de Gilles Jacob, ex délégué général du Festival de Cannes entouré de journalistes cinéma cooptés et membres à vie.
Deux lauréats cette année, une première depuis 2003 lorsque la trilogie Un couple épatant / Cavale / Après la vie de Lucas Belvaux et Les Sentiments de Noémie Lvovsky avaient été honorés en duo. Le jury a ainsi choisi de primer ensemble Pacifiction – Tourments sur les îles d’Albert Serra et Saint Omer d’Alice Diop. Deux visions différentes du cinéma, le premier étant une odyssée onirique autour d’essais nucléaires françaises en Polynésie avec Benoit Magimel en Haut-commissaire Français, l’autre étant un film de procès plus ancré dans un naturalisme frontal. Ces deux films distribués par Les Films du Losange succèdent à Onoda, 10 000 nuits dans la jungle d’Arthur Harari.
Albert Serra n’est pas le premier cinéaste étranger primé. Avant lui on retrouve notamment le Belge André Delvaux (1971, Rendez-vous à Bray), le Grec Costa Gavras (1972, État de siège), le Polonais Andrzej Wajda (1982, Danton), le Suisse Jean-Luc Godard (1987, Soigne ta droite), le Géorgien Otar Iosseliani (1999, Adieu, plancher des vaches !), le Chilien Raul Ruiz (2010, Mystères de Lisbonne) et le Finlandais Aki Kaurismäki (2011, Le Havre), certains ayant – avant ou après l’attribution du prix – la double nationalité française.
Alice Diop est la huitième femme à recevoir ce prix après Nicole Védrès (1947, Paris 1900), Agnès Varda (1964, Le Bonheur), Diane Kurys (1977, Diabolo menthe), Christine Pascal (1992, Le petit prince a dit), Sandrine Veysset (1996, Y aura-t-il de la neige à Noël ?), Noémie Lvovsky donc et Pascale Ferran (2006, Lady Chatterley). Saint-Omer a été choisi pour représenter la France à l’Oscar du film étraner, le dernier lauréat français étant Indochine de Régis Wargnier en 1993 !
Les autres finalistes non cités ci-dessus étaient Les Harkis de Philippe Faucon, L’innocent de Louis Garrel et Le Lycéen de Christophe Honoré.
D’autres femmes ont été primées dans la catégorie du Louis-Delluc du premier film, inauguré en 1999 : Valeria Bruni-Tedeschi (2003, Il est plus facile pour un chameau…), en lice cette année pour Les Amandiers ; Yolande Moreau (co-réalisé avec Gilles Porte) (2004, Quand la mer monte…) ; Céline Sciamma (Naissance des pieuvres) et Mia Hansen-Løve (Tout est pardonné) ex-aequo en 2007, la deuxième étant aussi présente cette année avec Un Beau Matin ; Léa Fehner (2009, Qu’un seul tienne et les autres suivront) ; Rebecca Zlotowski (2010, Belle Épine), la troisième en course cette année pour Les Enfants des autres ; Maud Alpi (2016, Gorge coeur ventre) et Julia Ducournau (2017, Grave).
Elles sont rejointes cette année par la comédienne Canadienne Charlotte Le Bon pour Falcon Lake, drame fantomatique autour de la rencontre fusionnelle entre un adolescent et une jeune fille très légèrement plus âgée que lui. Face à elle, on retrouvait Les Années super 8 d’Annie Ernaux et David Ernaux-Briot, Méduse de Sophie Levy, La Passagère d’Héloïse Pelloquet et Les Pires de Lise Akoka et Romane Gueret
Deux de ces trois films ont été dévoilés à Cannes, Pacifiction en compétition officielle (non primé) et Falcon Lake dans la section parallèle de la Quinzaine des Réalisateurs depuis rebaptisée Quinzaine des Cinéastes. Saint Omer a reçu le Lion d’argent (Grand Prix du Jury) lors de la dernière Mostra de Venise.