Etats-Unis, 2014
Titre original : Solace
Réalisateur : Afonso Poyart
Scénario : Sean Bailey et Ted Griffin
Acteurs : Anthony Hopkins, Jeffrey Dean Morgan, Abbie Cornish, Colin Farrell
Distribution : SND
Durée : 1h41
Genre : Policier
Date de sortie : 9 septembre 2015
Note : 2/5
La publicité au début des séances de cinéma commerciales dure généralement entre dix et vingt minutes. Pendant ce temps, le spectateur doit subir un nombre conséquent de spots pour des voitures, des boissons, des voyages ou des parfums, qui deviennent lassants au plus tard la deuxième fois qu’on les voit. Regarder des acteurs comme actuellement Amanda Seyfried et Johnny Depp et auparavant Robert Pattinson, Julia Roberts ou Charlize Theron se tortiller dans des mini-films à l’esthétique clinquante est hélas la contrepartie nécessaire pour un plaisir de cinéma à prix raisonnable, sous certaines conditions. Une fois le générique du prestataire publicitaire passé, le calvaire a heureusement une fin. Le long-métrage nous transporte dès lors vers un monde, qui n’a plus rien à voir avec le raisonnement mercantile de la publicité. Sauf que le premier film hollywoodien du réalisateur brésilien Afonso Poyart persévère largement dans le style tape-à-l’œil si agaçant pendant la première partie de séance, au point de lui soumettre toute cohérence scénaristique dans ce policier à la prémisse abracadabrante.
Synopsis : Trois meurtres ont été commis selon le même mode opératoire. L’enquêteur fédéral Joe Merriweather et son assistante, la psychologue Katherine Cowles, ne disposent d’aucune piste pour élucider ces crimes atroces. Face à la pression de ses supérieurs de produire des résultats, Joe fait appel à un ami ancien, le docteur John Clancy, qui vit reculé depuis que sa fille est morte d’une leucémie. Clancy dispose d’un don surnaturel, qui lui permet d’anticiper instinctivement certaines choses. D’abord réticent à se joindre à l’enquête, le vieux scientifique finit par accepter la proposition de Merriweather, aussi parce qu’il ressent une étrange affinité avec le tueur inconnu. Ce dernier poursuit son œuvre macabre en massacrant des hommes et des femmes, qui n’ont a priori rien en commun.
Vraies stars, faux espoirs
Il fut un temps où le nom de Anthony Hopkins ou de Colin Farrell sur une affiche de cinéma était un gage de qualité. Pour le premier, ce n’est hélas plus vrai depuis une dizaine d’années, puisque la plupart des films issus de ce crépuscule misérable d’une illustre carrière ont avant tout dû enrichir le compte en banque de l’acteur. Farrell, quant à lui, fait encore plus d’efforts pour maintenir sa renommée, même si les ratages ont aussi tendance à s’accumuler chez lui. Sans être un naufrage aussi irrécupérable que Un amour d’hiver de Akiva Goldsman, sorti l’année dernière, Prémonitions est particulièrement avare en éléments susceptibles de nous réconcilier avec son fond et sa forme repoussants. Ni Hopkins, ni Farrell ne réussissent en fait à conférer ne serait-ce qu’un minimum de crédibilité à leurs personnages respectifs. C’était sans doute d’emblée peine perdue avec un scénario aussi bancal. Mais les efforts consentis par les deux têtes d’affiche ne vont guère plus loin que l’indifférence somnambule dans le cas du premier et le cabotinage désespéré chez son cadet. Il faut cependant admettre que la qualité globale du film se conforme plus aisément au talent assez limité de Jeffrey Dean Morgan et de Abbie Cornish, qui font au moins semblant de croire en leurs personnages, aussi caricaturaux et mal écrits soient-ils.
Un plaidoyer pour l’euthanasie esthétique
Le principal coupable de l’échec navrant du film est néanmoins le réalisateur. Entre son fétichisme pour les plans empreints d’une vacuité publicitaire criarde et son agencement narratif de l’histoire sans la moindre adresse, Afonso Poyart s’égare irrémédiablement dans des tics formels. Au lieu de chercher un brin d’intensité et de logique dans son canevas déjà pas très brillant, il s’emploie sans relâche à en exacerber les lacunes. Ainsi, le potentiel des dons surnaturels des deux principaux adversaires n’est à aucun moment épuisé, pas plus d’ailleurs que les implications morales de la croisade du mystérieux tueur en série. Rien ne sonne juste ici, ni le montage catatonique, ni la musique remplie de dissonances et encore moins la conclusion faussement révélatrice. Celle-ci tente en vain de conférer une duplicité morale au protagoniste, après l’avoir poussé à entrer en action lors de l’affrontement final d’une grandiloquence entièrement risible. Or, le fond psychologique de l’histoire est si approximatif, que pareille tentative trop tardive de le rendre plus ambigu est forcément vouée à l’échec.
Conclusion
On aimerait bien avoir un aperçu sélectif de notre avenir, ne serait-ce que pour savoir quels films il vaudrait mieux éviter, pour ne pas perdre notre temps avec. Comme ce policier laborieux, faussement inspiré et réellement raté !