Philippe de Broca : Après la cinémathèque, le Blu-ray

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Il aura fallu plus de dix ans après sa disparition pour que Philippe de Broca retrouve les faveurs de la vidéo en France. En effet, comme pour coïncider avec la rétrospective lui ayant été consacrée en mai à la Cinémathèque Française, les éditeurs semblent s’être donné le mot afin de nous faire redécouvrir que le talent de ce grand cinéaste populaire ne se limitait pas à ses collaborations avec Jean-Paul Belmondo.

Après quatre films sortis en Blu-ray sous le label de TF1 Vidéo en mai (Tendre poulet, Le cavaleur, On a volé la cuisse de Jupiter et enfin Le bossu), c’est aujourd’hui Gaumont qui poursuit son travail de restauration / édition du patrimoine cinématographique hexagonal sur support Haute-Définition, qui plus est à petit prix, avec les sorties simultanées d’Un monsieur de compagnie (1964) et des Caprices de Marie (1970) le 26 août, au sein de de la huitième vague de sa collection « Blu-ray Découverte ».

 

 

Un monsieur de compagnie


France, Italie : 1964
Titre original : –
Réalisateur : Philippe de Broca
Scénario : Henri Lanoë
Acteurs : Jean-Pierre Cassel, Irina Demick, Catherine Deneuve
Éditeur : Gaumont
Durée : 1h32
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 7 novembre 1964
Date de sortie DVD/BR : 26 août 2015

 

 

Antoine a été élevé par son très riche grand-père dans le culte du moindre effort. Mais le vieillard meurt, laissant seul et sans argent son petit-fils, qui ne doit plus compter que sur lui-même. Antoine use donc de son charme auprès des femmes pour les séduire et auprès des riches pour vivre selon ses goûts…

 

 

Les caprices de Marie


France, Italie : 1970
Titre original : –
Réalisateur : Philippe de Broca
Scénario : Daniel Boulanger
Acteurs : Philippe Noiret, Marthe Keller, Jean-Pierre Marielle
Éditeur : Gaumont
Durée : 1h32
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 26 février 1970
Date de sortie DVD/BR : 26 août 2015

 

 

Broderick Mac Power, milliardaire américain, fraîchement divorcé cherche une nouvelle femme. Il trouve Marie lors d’un concours de beauté. Celle-ci lui préfère Gabriel, l’instituteur de son village, Angevine. Toutefois elle accepte d’épouser Broderick si son village la suit aux États-Unis. Mais de l’autre côté de l’Atlantique, l’ennui finit par gagner Marie et son village…

 

 

Tourné entre L’homme de Rio et Les tribulations d’un chinois en Chine, Un monsieur de compagnie fait un peu figure de récréation, de bluette amusante et sans conséquence entre deux productions plus « remuantes ». Éloge de la paresse et de l’Art du papillonnage, Un monsieur de compagnie annonce avec quelques années d’avance le magnifique Alexandre le bienheureux d’Yves Robert, partant du principe philosophique que l’homme n’est pas forcé de travailler pour s’accomplir en tant qu’être humain. D’ailleurs, une récente étude menée sur les fourmis montre bien que 50 à 60% d’entre elles sont inactives au sein de la colonie, sans que cela ne crée de déséquilibre dans leur petite société. Car contrairement à ce que voudrait nous faire croire la société et les politiques en général, « inactif » ne veut pas dire « inutile » : l’utilité d’un individu pour la société ne se mesure pas aux tâches qu’il peut faire dans ou hors du groupe social ; cela est d’ailleurs également valable chez d’autres insectes sociaux comme les abeilles, les bourdons, les guêpes ou les termites. Un jour peut-être, plutôt que de nous gonfler avec le taux de chômage qui explose, l’être humain se rendra-t-il compte que la société humaine ne diffère sans doute pas tant que ça, dans ses besoins, des sociétés d’insectes. Mais là est un autre débat.

Construit comme une suite de sketches -forcément un peu inégaux- s’enchainant dans une ambiance très « bande dessinée » (phylactères compris), mais toujours porté par un Jean-Pierre Cassel sautillant dans chaque coin du cadre, Un monsieur de compagnie s’avère une charmante bouffée d’air frais, au discours finalement bien plus subversif qu’il n’en a l’air.

Les caprices de Marie joue quant à lui la carte du joyeux marivaudage, rythmé et réjouissant. Les prestations couplées de Philippe Noiret et Jean-Pierre régaleront naturellement les nombreux admirateurs de ces deux acteurs géniaux. De Broca raille gentiment l’esprit français, au cœur d’un récit mettant en scène un choc des cultures entre une France et une Amérique tout aussi fantasmées l’une que l’autre : même le personnage de Noiret admet dans le film avoir choisi son village comme un choix délibéré de stagnation et de routine, le maire refuse tout changement et découpe les journaux afin d’imposer ses œillères à ses administrés… Bloqués dans le passé, tous les personnages du film -sauf Marie bien-sûr- refusent d’aller de l’avant, ce qui mènera le scénario à un final absurde et désopilant, voyant un village français entier installé dans un quartier de New York.

En deux mots, ces deux comédies signées Philippe de Broca tout juste disponibles en Blu-ray sous les couleurs de Gaumont s’avèrent d’excellents divertissements, pas si mineurs que l’on pourrait les penser à priori. A (re)découvrir !

 

 

 

Les Blu-ray

[4/5]

Disponible chez Gaumont au sein de la huitième vague de sa collection « Blu-ray Découverte », ces deux nouveaux films de Philippe de Broca s’offrent donc un lifting HD sur galette Blu-ray, que l’éditeur propose au prix tout doux de 12,99€ pièce.

Aussi bien côté image que côté son, les masters proposés par l’éditeur sont de très bonne tenue ; les films sont proposés dans leurs formats respectés, et tous deux encodés en 1080p. Le rendu est riche en détails, et les couleurs sont naturelles ; le grain argentique est naturellement préservé, et les deux masters affichent une belle stabilité. Le mixage audio des deux films est proposé en DTS-HD Master Audio mono d’origine, clair et sans souffle. Bien sûr, tout n’est pas exempt de défauts, et on déplorera que les plans à « fondus » accusent de nettes chutes de définition, ce qui était très courant à l’époque et se retrouve malheureusement sur la plupart des Blu-ray de catalogue.

Du côté des suppléments, on trouvera sur le Blu-ray d’Un monsieur de compagnie un intéressant making of rétrospectif, au cœur duquel des collaborateurs réguliers du réalisateur évoquent leurs souvenirs et ses méthodes de travail. Le Blu-ray des Caprices de Marie propose quant à lui un entretien avec Marthe Keller, l’actrice qui incarne Marie dans le film, qui raconte ses souvenirs de tournage.

Il est à noter que le Blu-ray d’Un monsieur de compagnie était précédemment disponible dans un coffret « Philippe de Broca » sorti au mois de Mai.

 

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