Paradis : amour
Autriche, Allemagne, France : 2012
Titre original : Paradies: Liebe
Réalisateur : Ulrich Seidl
Scénario : Veronika Franz, Ulrich Seidl
Acteurs : Margarete Tiesel, Peter Kazungu, Inge Maux
Distribution : Happiness Distribution
Durée : 2h00
Genre : Drame
Date de sortie : 09 janvier 2013
Globale : [rating:4][five-star-rating]
Paradis : Amour est le premier volet d’une trilogie, composée de Paradis:Foi et de Paradis :Espoir, dont chaque épisode dresse le portrait de trois femmes appartenant à la même famille, et partant en vacances en différents lieux afin de trouver le bonheur. Ce troisième long-métrage de fiction aborde un thème déjà exploré par Ulrich Seidl avec Import/Export, celui du commerce du corps et des esprits. Et tout comme sur la croisette l’an passé, le film risque d’en bouleverser plus d’un.
Synopsis : Sur les plages du Kenya, on les appelle les « sugar mamas », ces Européennes grâce auxquelles, contre un peu d‘amour, les jeunes Africains assurent leur subsistance. Teresa, une Autrichienne quinquagénaire et mère d’une fille pubère, passe ses vacances dans ce paradis exotique. Elle recherche l’amour mais, passant d’un « beachboy » à l’autre et allant ainsi de déception en déception, elle doit bientôt se rendre à l’évidence : sur les plages du Kenya, l’amour est un produit qui se vend.
Voyage au cœur des tabous brisés
Deux thèmes structurent Paradis:Amour, le colonialisme et le tourisme sexuel féminin.
Les premières minutes du film nous permettent de faire connaissance avec Teresa, l’héroïne du film, et d’observer ce à quoi ressemble sa vie quotidienne. Une vie qui semble bien morose, pleines de routines et sans place pour le rêve. Puis, c’est le départ. Teresa est dans un bus, entourée de touristes tentant d’apprendre quelques mots dans la langue locale. Ils arrivent et sont accueillis par des chants… Le film accumule ainsi les scènes faisant référence au colonialisme, encore présent dans les relations entre Européens et Africains. Il existe deux mondes que tout semble opposer, opposition incarnée par cette scène terrible où les musiciens kényans font face debout à nos touristes occidentaux bien assis dans leurs sièges.
Cette relation dominant/dominé n’est cependant pas claire, et ce car le film aborde un sujet délicat, celui du tourisme sexuel des femmes. Qui domine qui ? Les Autrichiennes au corps flasque et vieillissant ou les jeunes hommes beaux et forts dont elles achètent les services ? La question dérange de même que sa représentation, qui permet d’aborder d’autres sujets comme la sexualité des quinquagénaires, ou la valeur marchande du sexe.
« La réalité sert de support à la fiction » (Ulrich Seidl)
Les films d’Ulrich Seild dérangent en raison des thèmes qu’il aborde et de la façon qu’il a de les mettre en scène. Ayant réalisé un nombre certain nombre de documentaires, il en maîtrise parfaitement les techniques. Ainsi, beaucoup de plans fixes et une manière clinique de filmer confèrent à Paradis : Amour des allures de docu-fiction.
Les acteur kényans jouent pour la première fois dans un film, et sont tous des « beachboys » dont les expériences nourrissent le film. Les dialogues, plutôt rares, n’ont pas été écrits à l’avance mais improvisés par les acteurs. Teresa a été choisie avec soin, elle ne devait pas «correspondre à l’idéal de beauté occidentale, par exemple en étant en surpoids » et « être capable d’improviser tout en restant authentique ».
Cette manière de procéder interpelle et provoque le spectateur, qui parfois aimerait bien détourner le regard.
Résumé
S’il nous fallait décrire Paradis : Amour, en un seul et unique mot, on utiliserait dérangeant. Le film brise les tabous et ne laisse que peu de place à l’espoir. Le film a alors une valeur thérapeutique et nous permet de faire face à des sujets délicats de façon absolument diabolique.
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