Où va la nuit
France, Belgique : 2010
Titre original : Où va la nuit
Réalisateur : Martin Provost
Scénario : Marc Abdelnour
Acteurs : Yolande Moreau, Pierre Moure, Edith Scob
Distribution : Diaphana Films
Genre : Drame
Durée : 1H45
Date de sortie : 4 mai 2011
Réalisation : [rating:4.0]
Scénario : [rating:4.0]
Acteurs : [rating:3.5]
Musique : [rating:3.0]
Globale : [rating:3.5]
[five-star-rating]
Où va la nuit est un film de Martin Provost adapté du roman Mauvaise pente de Keith Ridgway. Sorti en 2011, le long-métrage réunit à nouveau Provost et Yolande Moreau après le très réussi Séraphine. Le réalisateur nous propose un film noir tout en prenant le risque de confier le rôle principal à la reine de la comédie.
Synopsis : Parce qu’elle a été trop longtemps victime, Rose Mayer décide de prendre son destin en main et assassine son mari. Elle part alors à Bruxelles retrouver son fils, qui a fui l’enfer familial depuis des années. Mais la liberté apparente n’efface pas la culpabilité, et les histoires de famille ne peuvent se résoudre sans l’accord de l’autre. Rose trouvera-t-elle sa place dans ce nouveau monde ?
Où va la nuit est une sombre histoire de violence conjugale que l’on peut diviser en deux parties. Tout d’abord, la maltraitance subie par Rose, une femme d’une cinquantaine d’années, de la part de son mari. Dès l’entame, l’atmosphère est définie : le film sera noir et angoissant. Arrive alors la vengeance de la femme soumise : Rose assassine son mari, réalisant alors le fantasme du spectateur après l’avoir vue se faire frapper, ignorer et humilier durant d’interminables minutes. La victime est enfin libérée d’un poids énorme et peut recommencer à vivre. On se serait bien contenter de ce meurtre jouissif et d’une fin heureuse, mais la seconde partie arrive à son tour imposant la suite logique des choses : comment se reconstruire en portant le poids d’un assassinat ? Comment garder la tête froide face à sa famille et la menace d’une enquête policière ? Toute l’originalité du scénario apparaît à cet instant, et l’angoisse revient au galop ne laissant pas une minute de répit au public. Pour enfoncer le clou, Rose ne trouvera pas de réconfort auprès de son entourage car son fils la rejette et lui reproche de n’avoir jamais su faire preuve de courage en quittant son mari une fois pour toute. La reconstruction s’avère donc plus difficile que prévue.
Durant tout le film, on se pose des questions, on ne sais pas quelles directions va prendre Rose. On reste scotché à notre siège, toujours sur nos gardes, à cause de cette atmosphère oppressante superbement travaillée. Les jeux de lumières appuient aussi cette ambiance sordide. La réalisation est très soignée et le sujet pourtant difficile à traiter est maitrisé. En effet, jamais le réalisateur ne tombe dans les clichés ou la lourdeur qui auraient très vite pu plomber le scénario. On peut néanmoins reprocher à Où va la nuit son rythme lent et son manque d’action. Le personnage principal parle peu, ce qui accentue cette impression, mais ce choix est justifié par son état de choc. En revanche, c’est bien sur les mots que repose la seconde partie du film, après « l’action » (le meurtre).
Yolande Moreau (La Meute) dans un drame… Ma première pensée est de me dire qu’elle ne sera pas forcément crédible, elle à qui l’image d’humoriste colle si bien à la peau. Et pourtant, l’actrice est étonnante, je dirai même fabuleuse dans ce rôle dramatique. Elle nous prouve qu’elle est capable d’endosser tous les rôles même les plus difficiles. On s’attache dès le début à ce personnage fragile qui, par la suite sera déchiré entre les remords et la liberté de vivre. Sa vie misérable ne s’arrête pas le jour ou elle tue son bourreau, c’est ça qui est triste. Pire encore, elle ne bénéficie pas de l’appuie de son fils car il lui en veut de n’avoir pas quitté son mari par faiblesse. On s’attache d’autant plus à Rose lorsque les flashbacks qui parsèment le long-métrage nous expliquent un peu mieux sa vie. On reste toutefois sur notre faim quant à la relation mère/fils assez peu creusée. C’est dommage car ensemble ils forment un duo familial rempli d’amour de haine à la fois, des rapports conflictuels qui ajoutent une part de tension au film.
Un dernier mot au sujet de la fin : elle est tout simplement bouleversante !
Résumé :
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