Chaque année, on se trouve face au même dilemme par rapport à la soirée des Oscars. Cela vaut-il la peine de faire nuit blanche, avec tout ce que cela implique en termes de décalage du rythme de sommeil pour nos vieux os, afin de regarder une cérémonie à l’issue prévisible et au mode opératoire répétitif à la fin d’une longue saison de prix ? Mais le risque est tout de même réel de passer à côté de moments exceptionnels, susceptibles de rentrer dans la légende du prix suprême du cinéma … Cette année-ci, on a préféré aller se coucher et consulter les résultats des 92èmes Oscars au matin. Un choix qu’on regrette déjà, puisque l’Académie du cinéma américain a plutôt fait dans l’innovation cette année, à travers le sacre du thriller coréen Parasite de Bong Joon-ho, le grand gagnant de la soirée avec quatre trophées, au détriment de son concurrent principal 1917 de Sam Mendes, qui a dû se contenter de trois prix techniques.
Parasite devient ainsi le premier film en langue étrangère et produit en dehors des circuits anglo-saxons à remporter l’Oscar du Meilleur Film, ainsi qu’accessoirement le premier à remporter à la fois cet Oscar majeur et celui du Meilleur Film étranger (le changement du nom de la catégorie en « Meilleur Film international » cette année n’aurait pas pu tomber mieux). Bong Joon-ho n’est que le deuxième réalisateur asiatique à gagner l’Oscar du Meilleur réalisateur, après Ang Lee, et il fait désormais partie du club exclusif de cinéastes honorés de la sorte sans avoir auparavant été récompensés par le syndicat des réalisateurs américains, aux côtés de Carol Reed, Bob Fosse, Sydney Pollack, Mel Gibson, Steven Soderbergh, Roman Polanski et Ang Lee. Enfin, Parasite est le premier film à recevoir à la fois la Palme d’or du Festival de Cannes et l’Oscar du Meilleur Film depuis Marty de Delbert Mann en 1955, qui était par ailleurs le premier à recevoir ce qui était connu jusque là comme le Grand Prix du festival sous sa nouvelle appellation de Palme d’or.
Parmi les autres faits historiques de cette cérémonie des Oscars, on peut citer que Laura Dern devient la deuxième actrice oscarisée dont les deux parents avaient également été nommés aux Oscars, après Liza Minnelli, Meilleure actrice en 1973 pour Cabaret de Bob Fosse, dont le père Vincente Minnelli avait reçu l’Oscar du Meilleur réalisateur en 1959 pour Gigi et la mère Judy Garland avait été nommée entre autres pour Une étoile est née de George Cukor. Dern est par contre la première aux deux parents acteurs : sa mère Diane Ladd, nommée entre autres pour Sailor et Lula de David Lynch, et son père Bruce Dern nommé récemment pour Nebraska de Alexander Payne. Quant à Brad Pitt, il devient le deuxième acteur oscarisé après avoir déjà obtenu le prix suprême d’Hollywood en tant que producteur du Meilleur Film, Michael Douglas ayant accompli l’exploit plus de trente ans plus tôt grâce à Vol au dessus d’un nid de coucou de Milos Forman et son interprétation dans Wall Street de Oliver Stone. Enfin, Renée Zellweger n’est que la quatrième actrice à gagner l’Oscar de la Meilleure actrice après avoir déjà été récompensée dans la catégorie de la Meilleure actrice dans un second rôle après Meryl Streep, Jessica Lange et Cate Blanchett.
Meilleur Film : Parasite, produit par Kwak Sin-ae et Bong Joon-ho
Meilleur réalisateur : Bong Joon-ho pour Parasite
Meilleure actrice : Renée Zellweger dans Judy, sortie française le 26 février
Meilleur acteur : Joaquin Phoenix dans Joker
Meilleure actrice dans un second rôle : Laura Dern dans Marriage Story, sans date de sortie cinéma en France
Meilleur acteur dans un second rôle : Brad Pitt dans Once Upon a Time in Hollywood
Meilleur scénario original : Parasite par Bong Joon-ho et Han Jin-won
Meilleur scénario adapté : Jojo Rabbit par Taika Waititi
Meilleur Film international : Parasite (Corée du Sud) de Bong Joon-ho
Meilleur Documentaire : American Factory Un milliardaire chinois en Ohio de Steven Bognar et Julia Reichert ( Steven Bognar, Julia Reichert et Jeff Reichert), sans date de sortie cinéma en France
Meilleur Film d’animation : Toy Story 4 de Josh Cooley (Josh Cooley, Mark Nielsen et Jonas Rivera)
Meilleure photo : 1917 – Roger Deakins
Meilleur montage : Le Mans 66 – Michael McCusker et Andrew Buckland
Meilleure musique : Joker – Hildur Guðnadóttir
Meilleure chanson : « I’m gonna love me again » de Rocketman – Elton John et Bernie Taupin
Meilleurs décors : Once Upon a Time in Hollywood – Barbara Ling / Nancy Haigh
Meilleurs costumes : Les Filles du docteur March – Jacqueline Durran
Meilleurs maquillage et coiffure : Scandale – Kazuhiro Tsuji, Anne Morgan et Vivian Baker
Meilleur son : 1917 – Mark Taylor et Stuart Wilson
Meilleur montage sonore : Le Mans 66 – Donald Sylvester
Meilleurs effets spéciaux : 1917 – Guillaume Rocheron, Greg Butler et Dominic Tuohy
Meilleur court-métrage : The Neighbor’s Window – Marshall Curry
Meilleur court-métrage documentaire : Learning to Skateboard in a Warzone (If You’re a Girl) – Carol Dysinger et Elena Andreicheva
Meilleur court-métrage d’animation : Hair love – Matthew A. Cherry et Karen Rupert Toliver