L’Académie des Oscars a révélé la liste des neufs longs-métrages encore en lice sur les 83 soumis par leurs pays respectifs pour faire partie de la liste des cinq films qui seront nommés à l’Oscar du film étranger. Avec l’élimination des représentants français (Saint-Laurent de Bertrand Bonello), belge (Deux jours, une nuit de Luc Dardenne et Jean-Pierre Dardenne) et canadien (Mommy de Xavier Dolan), le cinéma francophone semble boudé, ou presque : Timbuktu d’Abderrahmane Sissako représentera la Mauritanie.
Le représentant de la Pologne (Ida) devient le favori après l’élimination de ces trois films et de la Palme d’or 2014 (Winter Sleep). D’autres films cannois sont plus chanceux : Leviathan d’Andrey Zvyagintsev (Russie), Les Nouveaux sauvages de Damián Szifrón (Argentine) et Timbuktu d’Abderrahmane Sissako (Mauritanie) donc présentés en compétition et Snow Therapy de Ruben Östlund (Suède) vu à Un Certain Regard sont les candidats les plus sérieux pour rejoindre Ida dans le quintet final. Depuis quelques années, le Festival de Cannes est nettement représenté dans cette catégorie, quatre des nommés de 2014 avaient été officiellement révélés sur la Croisette : L’Image manquante de Rithy Panh, La Chasse de Thomas Vinterberg, Omar d’Hany Abu-Assad et le lauréat La Grande Bellezza de Paolo Sorrentino. Ironie du sort, le représentant italien de cette année, Les Opportunistes de Paolo Virzì, qui a remporté le David di Donatello du meilleur film aux détriments du Paolo Sorrentino, est déjà éliminé.
Les autres finalistes ont a priori moins de chances de finir dans le quintet final mais on n’est jamais à l’abri d’une surprise. Il s’agit de films relativement peu soutenus par les critiques : Accused de Paula van der Oest (Pays-Bas), nommée en 2003 pour la comédie Zus & zo et qui change de registre avec cette adaptation de l’histoire réelle d’une infirmière accusée à tort d’avoir mis fin à la vie de patients en fin de vie, The Liberator d’Alberto Arvelo (Venezuela), une biographie de Simon Bolivar (joué par Edgar Ramirez) et Tangerines de Zaza Urushadze (Estonie). La Terre éphémère de George Ovashvili (Géorgie), drame inégal avec des images fortes qui sort en salles en France ce 24 décembre complète cette liste. L’histoire d’un paysan et de sa fille qui cultivent du maïs sur une île à la durée d’existence limitée, menacés par la montée des flots et par un conflit qui se rapproche d’eux.
Au final, ce sont 6 films européens (dont quatre de pays de l’est!), un africain et deux d’Amérique Latine qui vont essayer de se retrouver dans le quintet final. Les nominations seront annoncées le 15 janvier, la 87ème cérémonie des Oscars aura lieu le 22 février. Les Pays-Bas ont reçu 3 oscars pour 7 nominations, la Suède 3 sur 14, la Russie 4 sur 13, l’Argentine 2 sur 6. La Géorgie a été finaliste une fois, il s’agirait d’une première pour le Venezuela, l’Estonie et la Mauritanie. Si Ida remportait l’Oscar, ce serait le premier trophée pour le pays qui a pourtant participé neuf fois à la compétition finale, grâce à Andrzej Wajda, Agnieszka Holland ou Roman Polanski entre autres grands noms locaux.
Saint-Laurent avait été préféré à La Vie d’Adèle d’Abdellatif Kechiche, inéligible l’an dernier car sorti après le 1er octobre en France, choisi par un comité formé des membres suivants : les membres de droit Thierry Frémaux (en tant que délégué général du Festival de Cannes) et Serge Toubiana, Président de l’Avance sur recettes, accompagnés de cinq personnalités désignées par la Ministre de la culture et de la communication : Alain Terzian (président de l’Académie des César), Jean-Paul Salomé (président d’Unifrance) et les réalisateurs Régis Wargnier, Agnès Jaoui et Mia Hansen-Løve. Le dernier film français apparu parmi les cinq finalistes était Un Prophète de Jacques Audiard en 2010.
Parmi les éliminés, on retrouve encore White God de Kornél Mundruczó (Hongrie), Le procès de Viviane Amsalem de Ronit Elkabetz et Shlomi Elkabetz (Israël), Golden Era d’Ann Hui (Hong Kong), 1001 Grammes de Bent Hamer (Norvège), Charlie’s Country de Rolf de Heer (Australie), Au premier regard de Daniel Ribeiro (Brésil), Le Promeneur d’oiseau de Philippe Muyl (Chine), Tuer un homme d’Alejandro Fernández Almendras (Chili), le film d’animation Rocks in My Pockets de Signe Baumane (Lettonie), Norte, la fin de l’histoire de Lav Diaz (Philippines) ou le documentaire Et maintenant ? de Joaquim Pinto (Portugal)
La réaction de Xavier Dolan (@Xdolan) sur son compte se limite à ce bref commentaire suffisamment éloquent sur le niveau de sa déception : Um..