La tradition et le respect du calendrier sont saufs du côté de l’Académie du cinéma américain, qui a annoncé hier soir la liste des près de cinq-cents nouveaux membres, invités à rejoindre ses rangs cette année. Ils sont au nombre de 487 pour être exact, ce qui représente une hausse notable par rapport aux moins de 400 de l’année dernière, quoiqu’une baisse considérable, comparé aux près de mille nouveaux membres ajoutés annuellement à la fin des années 2010. Quoiqu’il en soit, le grand chantier de diversification et de représentativité de ses membres, entamé alors par sa présidente de l’époque Cheryl Boone Isaacs, est toujours d’actualité sous la présidence de Janet Yang.
Ainsi, les nouveaux académiciens sont originaires de 57 pays différents, 44 % sont de sexe féminin, 41 % sont issus de minorités ethniques ou raciales et plus de la moitié n’ont pas la nationalité américaine. Tous ces indicateurs affichent des chiffres plus élevés qu’en 2023. Quant à la composition globale de l’Académie, elle est désormais constituée à 35 % de femmes, à 20 % de minorités ethniques ou raciales et au même pourcentage de membres originaires de pays étrangers par rapport aux États-Unis.
Après l’annonce il y a deux semaines des lauréats des prochains Oscars d’honneur (voir notre article à ce sujet ici) et en attendant l’élection du nouveau président ou bien de la réélection de Janet Yang au cœur de l’été, ceci devrait en toute probabilité être la dernière actualité de l’Académie du cinéma américain jusqu’à la publication des différentes listes de présélection et autres candidats à l’Oscar du Meilleur Film international. Pour rappel, la 97ème cérémonie des Oscars aura lieu le dimanche 2 mars 2025, précédée de l’annonce des nominations le vendredi 17 janvier 2025. A condition d’accepter leur invitation, les nouveaux membres pourront y participer pleinement.
L’embarras du choix
Si le fait d’être invité à rejoindre les rangs de la prestigieuse Académie du cinéma américain équivaut déjà à une certaine reconnaissance, voire un honneur, que dire dès lors d’une double invitation dans plusieurs des dix-neuf départements qui composent l’Académie ? Comme souvent, ce groupe doublement mis en avant se compose d’une petite dizaine d’artistes, qui devront à présent choisir à quel groupe professionnel ils souhaitent s’associer et, par conséquent, y voter.
Le cas de figure de doublon le plus courant est – comme le veut la tradition – celui des scénaristes / réalisateurs. Ils sont quatre à y devoir opérer leur choix d’adhésion. À savoir les derniers lauréats de l’Oscar du Meilleur scénario, côté original pour la Française Justine Triet (Anatomie d’une chute) et côté adapté pour Cord Jefferson (American Fiction), ainsi que deux cinéastes qui s’étaient distingués en tant que nommés lors de la 96ème cérémonie dans les catégories du Meilleur Film et du Meilleur Film international, respectivement Celine Song avec Past Lives Nos vies d’avant et Ilker Catak avec le candidat allemand La Salle des profs.
Cela devient un peu plus atypique à travers trois invités du département du documentaire : le réalisateur iranien Bahram Beyzaie (Killing Mad Dogs) également convié chez les scénaristes, le producteur français Nadim Cheikhrouha (nommé cette année pour Les Filles d’Olfa de Kaouther Ben Hania) de même chez ses confrères de la production et la réalisatrice américaine Christine Turner (nommée cette année pour le court-métrage The Barber of Little Rock) auprès du département des courts et de l’animation. Le dernier invité gâté est le monteur de films d’animation Michael Andrews (Spider-Man Across the Spider-Verse de Joaquim Dos Santos, Kemp Powers et Justin K. Thompson), convié en toute logique à la fois par les monteurs et le groupe dédié aux films d’animation.
Avec les félicitations du jury
Pour ces professionnels du cinéma, l’année 2024 a d’ores et déjà été couronnée de succès, puisqu’ils ont été nommés aux Oscars. Pour certains d’entre eux, la cérémonie du 10 mars dernier s’était même soldée par la victoire dans leurs catégories respectives. Ce qui était le cas de l’actrice américaine Da’Vine Joy Randolph, Oscar de la Meilleure actrice dans un second rôle pour Winter Break de Alexander Payne. Sa concurrente directe Danielle Brooks (La Couleur pourpre de Blitz Bazawule) pourra également rejoindre les rangs de l’Académie. Tout comme les deux nommées à l’Oscar de la Meilleure actrice Lily Gladstone (Killers of the Flower Moon de Martin Scorsese) et Sandra Hüller (Anatomie d’une chute de Justine Triet).
Sont également dans les bons papiers des votants à l’Oscar depuis cette année-ci : les scénaristes Samy Burch (May December de Todd Haynes), Arthur Harari (Anatomie d’une chute), David Hemingson (Winter Break) et Tony McNamara (La Favorite et Pauvres créatures de Yorgos Lanthimos), le monteur Laurent Sénéchal (Anatomie d’une chute), les décorateurs James Price, Shona Heath et Zsuzsa Mihalek (Pauvres créatures) et Ruth De Jong et Claire Kaufman (Oppenheimer de Christopher Nolan), le compositeur Jerskin Fendrix (Pauvres créatures) et la maquilleuse Karen Hartley Thomas (Golda de Guy Nattiv).
Mieux vaut tard que jamais ou on a failli vous oublier
Alors que l’Académie du cinéma américain compte plus de dix mille membres, chaque année on est de nouveau étonné de trouver des noms sur cette liste qu’on croyait depuis longtemps fermement établis dans le microcosme hollywoodien. Après, il est difficile de savoir, si ces illustrés ignorés jusqu’à présent ont refusé dans le passé des invitations survenues à un moment plus pertinent ou bien, si, réellement, personne n’avait jugé bon de les inviter avant 2024 …
Puisque l’industrie du cinéma se nourrit avant tout de visages frais, c’est l’apparition de têtes d’actrices et d’acteurs qui nous sont familières depuis longtemps qui constitue le gros de ces inclusions tardives. Par ordre alphabétique, nous sommes donc ravis que les comédiens suivants pourront désormais mettre « membre de l’Académie du cinéma américain » sur leur CV : Jessica Alba (Sin City de Frank Miller), Sergio Castellitto (Fortunata de lui-même), Alfredo Castro (Les Colons de Felipe Galvez), Jason Clarke (Oppenheimer), Kate Mara (Morgane de Luke Scott), Catherine O’Hara (Argylle de Matthew Vaughn), Fiona Shaw (Blue et compagnie de John Krasinski), D.B. Sweeney (Megalopolis de Francis Ford Coppola) et Jasmine Trinca (La Nouvelle femme de Léa Todorov).
Derrière la caméra, on y croise de même des noms parfois établis depuis des lustres, tels que les réalisateurs Jayro Bustamante (La Llorona), Alice Diop (Saint Omer), Kogonada (After Yang), Sergueï Loznitsa (Babi Yar Contexte), Boots Riley (Sorry to bother you), Bernard Rose (Candyman), Gene Stupnitsky (Le Challenge) et David Yates (Les Animaux fantastiques), la costumière Jill Taylor (Mission : impossible Dead Reckoning de Christopher McQuarrie), ainsi que Iris Knobloch, depuis deux ans la présidente du Festival de Cannes.
Parlez-vous Oscar ?
Grâce au succès planétaire de Anatomie d’une chute, la France est assez bien représentée cette année. En dehors des noms précités associés à la Palme d’or de Justine Triet, on trouve sur la liste des nouveaux membres de l’Académie du cinéma américain l’acteur Swann Arlaud (Anatomie d’une chute, encore et toujours), la chef opératrice canadienne Josée Deshaies (La Bête de Bertrand Bonello) et le chef opérateur Aurélien Marra (L’Homme debout de Florence Vignon), le compositeur Philippe Rombi (Mon crime de François Ozon), le maquilleur Frédéric Lainé (Le Règne animal de Thomas Cailley), l’ingénieur du son Frédéric Le Louêt (Sous la Seine de Xavier Gens) et l’attachée de presse Michèle Abitbol-Lasry.