NIFFF 2016 compte-rendu 2/2 : les autres sections

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Suite du compte-rendu du NIFFF 2015…

Première partie du compte-rendu ici.

Palmarès .

nifff-2016 AFFICHE

NEW CINEMA FROM ASIA

Chongqing Hot Pot

Si vous aimez les films de braquage avec des personnages aussi maladroits que les souris aveugles de Shrek (oui mes références sont étranges je vous le concède), alors vous adorerez Chongoing Hot Pot de Yang Qing. Cette péloche où trois restaurateurs voulant agrandir leur restaurant percent un trou dans un coffre-fort (sans faire exprès) est très drôle. Les péripéties des trois amis et les quiproquos qui surviendront tout au long de l’histoire vous feront rire et parviendront même à vous émouvoir. Grâce à des personnages convaincants et à des mouvements de caméra particulièrement bien effectués, on se retrouve face à un film sincère et maîtrisé. Si on devait le rapprocher d’un autre film, on pourrait penser à Arnaques crimes et botanique sans le montage nerveux inhérent à Guy Ritchie et en plus…asiatique évidement.

Creepy

Avec Creepy, Kiyoshi Kurosawa choisit, lui, de traiter la figure du manipulateur. En ressort une œuvre avec de bons acteurs et une intrigue policière qui fonctionne mais qui est bien trop tirée en longueur. Nous suivons un ancien détective qui enquête sur son voisin, un homme étrange et inquiétant. Le problème du film réside principalement dans le hors cadre. On ne voit pas comment le voisin manipule les gens, seuls quelques indices sont laissés mais ils peinent à convaincre et à rendre réaliste le tout. On aurait aimé rentrer dans la psychologie des personnages plutôt que juste les voir en action sans réellement saisir leurs raisons d’agir. Vous comprendrez que je reste très vague pour ne pas dévoiler la fin de cette œuvre qui reste toutefois bien fichue d’un point de vue purement technique.

Creepy Kiyoshi Kurosawa

Psycho Raman

Passons maintenant à un film indien qui a été présenté à la Quinzaine des Réalisateurs : Psycho Raman (voir notre critique ici) d’Anurag Kashyap. Un thriller tout à fait recommandable où un policier drogué poursuit un meurtrier s’inspirant d’un tueur en série des années 60. Si l’intrigue peut paraître classique (le policier se transformant peu à peu en l’homme qu’il poursuit), il se démarque grâce à son esthétique et aussi grâce à la performance de l’acteur jouant le meurtrier (Nawazuddin Siddiqui). Il est bon de noter que le film tranche avec l’univers cinématographique indien général car il ne finit pas en happy end (loin de là) ce qui a d’ailleurs posé quelques problèmes pour réunir les fonds nécessaires. Terminons sur le fait que le film a été tourné en 20 jours, seulement !

https://youtu.be/hjDjijTcbRo

FILMS OF THE THIRD KIND

Bad Cat

Commençons cette catégorie avec un film d’animation, le seul que j’ai pu voir durant le festival : Bad Cat d’Arse Ünal et Mehmet Kurtulus. Bien qu’étant un film d’animation montrant les pérégrinations d’un chat, il est destiné aux adultes et en tout cas pas aux enfants. Bad Cat est trash, n’hésitant pas à faire mourir certains personnages violemment, mais il brille aussi par cette violence. Les dialogues à base de références à la pop culture fonctionnent (la plupart du temps) et l’animation (au premier sens du terme) est bonne. Mais tout cela se fait ternir par le caractère très gras des multiples blagues. Ainsi, cette histoire de chat devant faire face à la paternité oscille constamment entre le lourd et le sympathique.

bad cat

Les Enquêtes du Département V : Délivrance (A Conspiracy Of Faith)

Le film suivant est le dernier d’une série visant à adapter au cinéma les six romans policiers de Jussi Adler-Olsen. Les Enquêtes du Département V : Délivrance (en anglais : A Conspiracy Of Faith) est ici réalisé par Hans Petter Moland et met ses deux inspecteurs en face d’une enquête mêlant maltraitance d’enfants et secte religieuse. Ce thriller danois fonctionne avant tout grâce à son duo de personnages très différents et donc complémentaires. Le premier est joué par Nikolaj Lie Kaas que nous avions vu l’année dernière dans Men and Chicken et il faut dire que c’est un très bon acteur à voir la différence entre ces deux rôles ! Fares Fares joue, lui, le deuxième enquêteur et tranche littéralement avec le caractère froid et très sérieux de son collègue. Ces deux acteurs apportent beaucoup à ce film sobre et glaçant qui fait réfléchir sur la foi. Cette dernière est expliquée dans le film avec un point de vue différent. Elle ne veut pas simplement dire croire en Dieu mais plutôt avoir espoir dans le futur.

ULTRA MOVIES

The Alchemist Cookbook

La section Ultra Movies a démarré pour moi avec The Alchemist Cookbook de Joel Potrykus. Une vague histoire de possession où on suit un ermite dans la forêt avec son chat. La volonté du réalisateur d’être flou sur les buts de son personnage et l’histoire générale ont pour conséquence qu’on ne se sent absolument pas investi dans le film. On ne comprend pas pourquoi l’ermite en question fait ce qu’il fait et donc on décroche. De plus, la multitude de plans fixes marquant une approche contemplative de la forêt en rajoute une couche. Ce qui est dommage car le peu de scènes horrifiques présentes et le traitement du son provoquent de réels frissons. Le film aurait sans doute gagné à être un court-métrage…

Carnage Park

Continuons cette section avec une chasse à l’homme peu inspirée. Ai-je dit chasse à l’homme ? Je voulais dire chasse à la femme vu que le protagoniste en est une. Dans le film Carnage Park de Mickey Keating enfilant les lieux communs sans aucune retenue, nous suivons donc une pauvre dame chassée par un maniaque nostalgique du Vietnam dans le désert. Si certaines idées sont sympathiques (le son d’alarme sortant des hauts parleurs est vraiment inquiétant), le reste fait trop déjà vu. L’univers ne semble absolument pas construit et l’histoire censée être basée sur des faits réels (houlala j’ai peur !) ne convainc pas. Un survival très moyen en somme.

AMAZING SWITZERLAND

Vampire Auf Der Couch

Comment ? Qu’ouïe-je ? Vous dites que les suisses sont incapables de faire de bons films de genre ? Et bien jetez donc un œil à Der Vampire Auf Der Couch de David Rühm ! Cette coproduction suisse/autrichienne vous convaincra du contraire, tellement elle est imaginative et drôle. On y voit un vampire dépressif faire appel aux services de Freud (le mec qui dit qu’on veut « pécho » nos mamans). En somme, on se retrouve devant un Dracula revisité où les effets visuels sont tellement imaginatifs qu’il est impossible de ne pas prendre plaisir à voir les pouvoirs et les handicaps de nos chers suceurs de sang favoris. Les dialogues sont inspirés et font réfléchir sur la vision de la femme par l’homme. Est-elle vue comme ce qu’on voudrait qu’elle soit ou comme ce qu’elle est vraiment ? Qu’elles sont les répercussions de ces visions (fantasmes) dans un couple ? Les interprètes sont doués et convaincants, bref c’est un très bon film qui fait honneur au cinéma suisse et autrichien. On pourrait juste lui reprocher une intrigue répétitive arrivé à la moitié. Il faut bien que je trouve un point faible sinon je passe pour quelqu’un de trop subjectif (oui je suis suisse).

CARTE BLANCHE A UNE PERSONNALITE SUISSE : DARIUS ROCHEBIN

Le Bal des Vampires (The Fearless Vampire Killers)

Comme expliqué dans la news sur le festival, Darius Rochebin était là et est venu présenter trois films de son cru. J’ai donc pu me refaire The Fearless Vampire Killers (Le Bal des Vampires) de Roman Polanski avec beaucoup de plaisir. Certes, la bobine choisie altérait beaucoup la qualité de l’image et le son n’était pas très bon mais il faut avouer que cette comédie sur les vampires reste un classique. On rigole beaucoup en suivant le professeur Abronsius et son élève dans leur traque aux vampires. Certaines scènes sont fantastiques comme le moment du fameux bal ou la rencontre avec le vampire homosexuel. Merci monsieur Rochebin de nous avoir fait revoir ou découvrir cette petite pépite qui a vieilli mais reste drôle.

EL DORADO

Pura Sangre

La catégorie El Dorado a permis de mettre en lumière des films latinos récents comme anciens. Ainsi, j’ai pu découvrir le premier film de vampires colombien réalisé par Luis Ospina : Pura Sangre. Une histoire effrayante mais non à cause de la créature. Des malfrats kidnappent et prennent le sang d’enfants (après les avoir violer la plupart du temps) pour le transfuser à un vieux monsieur mourant. Le mythe du vampire y est donc complètement revu et nous fait comprendre que les vrais monstres sont bel et bien humains. Le film brille par sa symbolique. En effet, la référence au petit chaperon rouge apporte beaucoup à la seconde lecture de l’œuvre. Finalement, le caractère abject des personnages montre une réelle prise de risque. On reprochera toutefois, un déroulement lent au possible qui a provoqué chez moi un terrible ennui pendant de bonnes parties du film. Ce dernier n’est pas récent vu qu’il a été réalisé en 1982.

TRIBUTE TO JOHN CARPENTER

Le Village des Damnés (Village Of The Damned)

Pour clore ce compte rendu, je parlerai de Village Of The Damned réalisé par John Carpenter. Ce film racontant l’histoire d’une invasion extraterrestre à travers de jolis enfants aux cheveux blancs était un film de commande. En effet, les producteurs ont approché Carpenter pour qu’il réalise le remake du même nom de 1960 adapté, lui, du livre The Midwich Cuckoos de John Wyndham. La première chose qui frappe dans la version de Carpenter c’est le côté assez kitsch des manifestations du pouvoir des enfants extraterrestres. Mais sinon, le reste fonctionne plutôt bien, la métaphore du communisme dans la version de 1960 a laissé sa place à quelque chose de plus moderne, on pourrait voir dans les enfants une sorte de mai 68 en plus violent ou une personnalisation de la race aryenne (pour les amateurs de Godwin). Christopher Reeve jouant un des personnages principaux est vraiment bon et Mark Hamill nous montre qu’il sait se distancier du rôle de Luke Skywalker. En définitive, on est face à une œuvre sympathique, certes « too much » dans certains passages mais en tout cas pas vide de sens. Je vous recommanderai plutôt des films comme The Thing, Le Prince Des Tenèbres ou L’Antre De La Folie dans la filmographie du Big John.

Voilà, le NIFFF touche à sa FFFIN, mais sachez que mon compte rendu n’est pas aussi exhaustif qu’il peut paraître, je n’ai pas parlé de tous les films et surtout je n’ai pas listé tout le palmarès (disponible ici).

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