Le Film Preservation Board a annoncé ce jour la liste des vingt-cinq films qui seront inscrits cette année au National Film Registry. Les œuvres reconnues de la sorte bénéficieront d’un soin particulier de sauvegarde à la Bibliothèque du Congrès américain, afin de les tenir disponibles et accessibles pour les générations futures. La sélection de l’année 2015 a été effectuée à partir de suggestions soumises par le public sur le site de la Bibliothèque du Congrès.
Depuis l’instauration de cette liste du patrimoine cinématographique américain en 1989, 675 films y ont été inscrits. Chaque film doit avoir au moins dix ans et jouir d’une « importance culturelle, historique ou esthétique ».
Les longs-métrages de fiction
Bienvenue Mister Chance (1979) de Hal Ashby avec Peter Sellers, Shirley MacLaine et Jack Warden
Cette satire magistrale sur un jardinier à l’intelligence limitée qui devient par accident le conseiller du gratin de Washington avait valu à Melvyn Douglas l’Oscar du Meilleur acteur dans un second rôle.
Dracula (1931) de George Melford avec Carlos Villar, Lupita Tovar et Barry Norton
Au début du cinema parlant, longtemps avant l’avènement du doublage, de nombreuses versions parallèles ont été produites pour le marché international. Comme cette version espagnole du classique de Tod Browning, vingt minutes plus longue que l’original et considérée comme supérieur à lui.
Les Evadés (1995) de Frank Darabont avec Tim Robbins, Morgan Freeman et Bob Gunton
Un échec au cinéma, puis une redécouverte en vidéo, cette adaptation d’une nouvelle de Stephen King trône depuis des années tout en haut de la liste des films préférés des ultilisateurs de l’Internet Movie Database. Le premier film de Frank Darabont a été nommé à sept reprises aux Oscars.
A Fool there was (1915) de Frank Powell avec Theda Bara
Le film qui a fait de Theda Bara l’une des plus grandes vedettes du cinema muet. Sous ses airs de vamp, elle a permis à la Fox de gagner en importance grâce à ce succès au box-office. Seuls quatre des films de l’actrice existent encore de nos jours.
Héros d’occasion (1944) de Preston Sturges avec Eddie Bracken, Ella Raines et William Demarest
Adulé par André Bazin qui l’a comparé au génie comique de Chaplin et nommé à l’Oscar, le scénario de Preston Sturges ose se moquer aussi ouvertement que brillamment de l’effort de guerre américain, alors que le conflit est en cours.
Humoresque (1920) de Frank Borzage avec Gaston Glass, Vera Gordon et Alma Rubens
Le premier succès de Frank Borzage traite du quotidien difficile d’immigrés juifs dans la Lower East Side de New York.
L.A. Confidential (1997) de Curtis Hanson avec Kevin Spacey, Russell Crowe et Guy Pearce
Ce film noir sublime avait raflé tous les prix des critiques avant de rencontrer l’iceberg Titanic aux Oscars. Il était néanmoins reparti avec les statuettes du Meilleur scénario adapté et de la Meilleure actrice dans un second rôle pour Kim Basinger.
Mirage de la vie (1959) de Douglas Sirk avec Lana Turner, John Gavin et Sandra Dee
Dix ans après l’inclusion de la première adaptation par John M. Stahl, celle de Douglas Sirk entre enfin au panthéon du cinéma américain. Le dernier film hollywoodien du réalisateur et le dernier d’une longue lignée de mélodrames de génie, il avait inspiré entre autres Rainer Werner Fassbinder.
Notre pain quotidien (1934) de King Vidor avec Karen Morley, Tom Keene et John Qualen
Tandis que Hollywood cherchait à l’époque à faire oublier à son public les difficultés matérielles dues à la grande dépression, ce drame social les affronte directement.
L’Opération diabolique (1965) de John Frankenheimer avec Rock Hudson, John Randolph et Murray Hamilton
Ce chef-d’œuvre du cinéma fantastique explore sans ménagement la paranoïa de la société américaine pendant les années ’60. Rock Hudson tient son meilleur rôle dans ce cauchemar filmique, qui était ressorti en France en juillet 2014.
S.O.S. Fantômes (1984) de Ivan Reitman avec Bill Murray, Dan Aykroyd et Sigourney Weaver
L’une des comédies les plus populaires des années ’80, qui a eu droit à une suite cinq ans plus tard et dont le remake au féminin devrait sortir d’ici l’été prochain.
Le Signe de Zorro (1920) de Fred Niblo avec Douglas Fairbanks Sr., Marguerite De La Motte et Noah Beery
Le premier film de cape et d’épée de Douglas Fairbanks, l’une des plus grandes vedettes des années 1910 et ’20.
Top Gun (1986) de Tony Scott avec Tom Cruise, Kelly McGillis et Val Kilmer
L’exemple parfait de l’esthétique clinquante à la mode dans les années ’80 et le film qui a fait de Tom Cruise une star internationale. (critique)
Winchester ’73 (1950) de Anthony Mann avec James Stewart, Shelley Winters et Dan Duryea
Le premier western que le réalisateur Anthony Mann et l’acteur James Stewart ont tourné ensemble, ce film a fait progresser sensiblement le processus de maturité des personnages interprétés par Stewart, jusque là un héros américain par excellence.
Les documentaires et films institutionnels
Eadweard Muybridge Zoopraxographer (1975) de Thom Andersen
Essai filmique sur le travail de Muybridge, l’un des pères du procédé cinematographique.
The Inner world of Aphasia (1968) de Naomi et Edward Feil
Film d’entraînement medical sur l’incapacité de parler suite à des séquelles cérébrales.
Portrait of Jason (1967) de Shirley Clarke
Un représentant du cinéma vérité et l’un des premiers à choisir comme sujet un homme homosexuel, ce documentaire avait été considéré comme perdu avant qu’une copie ne soit retrouvée en 2013. Celle-ci a depuis été restaurée par les archives de l’Académie du cinéma américain et était sortie en France au printemps 2014.
Sink or Swim (1990) de Su Friedrich
Le récit autobiographique en vingt-six vignettes d’une adolescence malheureuse.
Symbiopsychotaxiplasm: Take One (1968) de William Greaves
Ce film collectif sur un tournage dans Central Park à New York a été refusé par le festival de Cannes, suite à quoi il est tombé aux oubliettes. Vingt ans plus tard, il a été redécouvert et notamment soutenu par l’acteur Steve Buscemi.
Les courts-métrages
Black and Tan (1929) de Dudley Murphy avec Duke Ellington
Court-métrage musical sur la scène du jazz afro-américain.
Dream of a Rarebit Fiend (1906) de Edwin S. Porter
Un court-métrage de sept minutes qui se démarque par ses recherches dans le domaine des effets spéciaux.
Edison Kinetoscopic Record of a Sneeze (1894) de W.K.L. Dickson avec Fred Ott
L’un des plus anciens films de l’Histoire du cinéma et le premier à disposer de droits d’auteur.
John Henry and the Inky-Poo (1946) de George Pal
L’un des premiers courts-métrages d’animation à montrer la culture afro-américaine sous un jour positif.
The Old Mill (1937) de Wilfred Jackson
Peu de temps avant la révolution dans le domaine de l’animation qu’était Blanche Neige et les sept nains, ce court-métrage employait d’ores et déjà des techniques inouïes pour l’époque.
The Story of Menstruation (1946) de Walt Disney
Court-métrage éducatif et publicitaire sur les règles féminines, montré à l’école à près de cent millions de jeunes femmes au fil de ses vingt ans d’exploitation.
National Film Registry 2015 : 25 films pour l’éternité: Le Film Preservation Board a annoncé ce jour la liste … https://t.co/y9xsrc89s9