Museo
Mexique, 2018
Titre original : Museo
Réalisateur : Alonso Ruizpalacios
Scénario : Manuel Alcala & Alonso Ruizpalacios
Acteurs : Gael García Bernal, Leonardo Ortizgris, Lynn Gilmartin, Simon Russell Beale
Distribution : –
Durée : 2h06
Genre : Drame
Date de sortie : –
Note : 2,5/5
Même s’il n’en a pas forcément l’air, Gael García Bernal n’est plus qu’à quelques jours de son quarantième anniversaire. Découvert par le public français au début des années 2000 dans des films tels que Amours chiennes de Alejandro Gonzalez Iñarritu et Et ta mère aussi de Alfonso Cuaron, l’acteur endosse donc depuis près de vingt ans la lourde responsabilité d’être l’un des visages internationaux du cinéma mexicain. Son rôle d’un étudiant et braqueur amateur dans Museo, présenté en compétition au Festival de La Roche-sur-Yon, relève par conséquent d’un casting douteux, révélateur de la difficulté du comédien de passer définitivement à des personnages de son âge. Or, son interprétation inadéquate ne constitue que le début des gênes et autres frustrations suscitées par le film de Alonso Ruizpalacios. Il manque en effet une forme narrative fédératrice à cette histoire incroyable, inspirée de faits réels, en dehors d’une voix off guère empruntée à bon escient. La mise en scène paraît souvent aussi déboussolée et dépassée que ses protagonistes, deux bons à rien qui réussissent presque accidentellement le casse du siècle, pour se rendre compte ensuite que leur butin est invendable. Seule la mise en parallèle avec le film dans son ensemble est alors saisissante, à travers un récit qui a surtout tendance à faire du surplace.
Synopsis : L’étudiant vétérinaire Juan Nuñez a passé l’été 1985 à assister à l’archivage photographique des trésors archéologique du Musée national d’anthropologie de Mexico. C’est à ce moment-là que lui est venu l’idée d’y opérer un braquage inouï. Avant que la vénérable institution ne soit fermée pour travaux à la fin de l’année, il s’y introduit donc avec son meilleur ami Benjamin Wilson, afin de voler des dizaines d’objets à la valeur inestimable. L’événement fait sensation et tout le pays se met à la recherche des voleurs. Ceux-ci peinent cependant à récolter les fruits de leur hardiesse, puisque personne ne veut être associé à leurs méfaits.
Tourner en rond
Un acteur quasiment quarantenaire qui s’évertue à jouer les petits jeunes ? Vraiment ?! On veut bien que les traits de Gael García Bernal soient juvéniles. Mais de là à ce qu’il reste bloqué dans une boucle vicieuse digne de Peter Pan, c’est une gestion de carrière qui ne peut mener que dans une impasse prématurée. Mieux vaut donc considérer son rôle de l’immaturité incarnée dans Museo comme une aberration ponctuelle, d’autant plus déconcertante qu’il est l’un des producteurs du film. A priori, elle n’est par contre pas représentative de sa trajectoire artistique, actuellement placée surtout sous le signe de la série Amazon à succès « Mozart in the jungle ». De surcroît, Juan, ce frère et fils indigne, qui est à peine plus fréquentable en tant que meilleur ami, toujours prêt aux pires conneries, n’acquiert jamais le genre de complexité individuelle, susceptible d’en faire plus qu’un instigateur de désastre malgré lui. Il est une pièce majeure du puzzle de la duperie, que le scénario primé au Festival de Berlin assemble sans trop de verve, soit, mais sa progression vers une prise de responsabilité par l’action s’avère beaucoup trop lente pour rendre la conclusion tant soit peu cohérente avec son flottement existentiel antérieur.
Pourquoi t’as fait ça ?
Aussi peu engageant le protagoniste du deuxième long-métrage de Alonso Ruizpalacios soit-il, il est à peu près tout ce qui confère un certain ancrage au film. Car la question du point de vue, avec ce narrateur profondément passif, à l’image du personnage à l’origine de la voix off superflue, interprété de façon transparente par Leonardo Ortizgris, compte parmi les autres problèmes sérieux à ronger l’intrigue. Sans oublier une mise en scène assez décousue, qui se découvre dans ses moments les moins glorieux – la séquence à la plage – des aspirations felliniennes, avant de basculer dans un symbolisme formel encore plus consternant, la caméra chancelante suivant alors Juan catastrophé par la perte temporaire du précieux sac. Bref, nous avons éprouvé beaucoup de mal à déceler autre chose qu’une médiocrité généralisée ici, ce qui reste après tout cohérent avec le projet global de ces criminels de pacotille, incapables de penser jusqu’au bout leur plan insensé. Un plan qui ne rime en fin de compte à rien, faute de repères moraux autres que la génération des pères absents, à laquelle une autre figure de proue du cinéma latino-américain, le Chilien Alfredo Castro, sait au moins conférer un peu de sérieux et de gravité, sinon fâcheusement absents ici.
Conclusion
Notre parcours du combattant festivalier en Vendée s’achève donc avec une légère déception, ce film mexicain ne sachant pas se montrer à la hauteur de la réputation qui l’a précédé depuis son sacre à Berlin en début d’année. Les quelques bonnes idées qui traversent de temps en temps Museo, y compris la prémisse fort riche en potentiel mi-divertissant, mi-philosophique, ne suffisent ainsi pas pour nous faire oublier ni le choix discutable de Gael García Bernal pour un rôle principal au moins de quinze ans plus jeune que son âge réel, ni les partis pris peu concluants opérés par le réalisateur Alonso Ruizpalacios.