Monstres Academy
Etats-Unis : 2013
Titre original : Monsters University
Réalisateur : Dan Scanlon
Scénario : Robert L. Baird, Daniel Gerson, Dan Scanlon
Avec les voix : (VO) John Goodman, Billy Crystal, Steve Buscemi
Distribution : The Walt Disney Company France
Durée : 1h40
Genre : Animation
Date de sortie : 10 juillet 2013
Globale : [rating:3][five-star-rating]
Le voici le voilà, enfin le Pixar annuel est arrivé ! L’année dernière le studio nous avait emmené non sans plaisir en Ecosse avec Merida pour un voyage initiaque riche en rebondissements et qui explorait la relation mère-fille. Cette année le terrain est plus connu car le studio à la lampe nous offre un prequel de leur film culte Monstres et Cie. Pourtant leur premier essai de « franchisation » – Cars 2 – fut un échec qualitatif. Alors est-ce que Monstres Academy permet de renverser la vapeur ?
Synopsis : Même quand il n’était qu’un tout petit monstre, Bob Razowski rêvait déjà de devenir une Terreur. Aujourd’hui, il est enfin en première année à la prestigieuse université Monstres Academy, où sont formées les meilleures Terreurs. Son plan de carrière bien préparé est pourtant menacé par sa rencontre avec James P. Sullivan, dit Sulli, un vrai crack qui a un don naturel pour Terrifier. Aveuglés par leur désir de se prouver l’un à l’autre qu’ils sont imbattables, tous deux finissent par se faire renvoyer de l’université. Pire encore : ils se rendent compte que s’ils veulent que les choses aient une chance de rentrer dans l’ordre, ils vont devoir travailler ensemble, et avec un petit groupe de monstres bizarres et mal assortis…
Fragrance de nostalgie
Qui n’a pas versé sa petite larme devant Monstres et Cie ? La relation touchante entre Bouh et Sully, de supers personnages, beaucoup d’humour et des gags bien sentis. La force de Pixar a toujours été ce mélange subtil entre de vraies émotions, de celles qui vous émeuvent et vous serrent la gorge, et moments de pure comédie, le tout sublimé par une animation superbe. Jusqu’à présent, les films étaient non seulement divertissants mais presque d’utilité publique : le studio faisait du bien, parlait de sujets forts avec finesse et un voile poétique de toute beauté. C’était le cas de Monstres et Cie qui parlait de certains laissés pour compte en s’exprimant de leur point de vue, des différences en général, et puis bien sûr de ce qui est leur sujet favori : l’enfance ! Notre capacité d’émerveillement était toujours à son plus haut niveau. Vous devinez que si on parle de tout cela en préambule c’est qu’il va y avoir un couac derrière… Monstres Academy n’est pas raté – loin de là, et beaucoup plus réussi que Cars 2 dans son genre – mais il y a une vraie déception de ne pas retrouver toutes les émotions que l’on pouvait ressentir du premier. Sympathique est un adjectif déjà frustrant pour un film Pixar…
Le premier problème que l’on peut noter c’est que le film d’animation ne raconte pas grand chose et fait de mauvais choix. Si « Compagnie » mettait plus volontiers Sully en avant, « Academy » a tendance à mettre au premier plan Bob qui est le personnage le moins intéressant des deux. Ensuite l’enjeu dramatique qui était apporté dans le premier par la présence de la fillette qu’il fallait absolument ramener chez elle, et la relation qui en découlait avec Sully était vraiment très forte. Vu qu’il n’y a pas d’enjeux aussi forts ici les scénaristes se proposent de raconter les débuts difficiles de l’amitié entre nos deux compères, d’abord houleuse comme on l’imagine, avant qu’elle ne finisse par exploser. La tension est uniquement ajoutée par la menace qui pèse sur leurs épaules : ils doivent faire leurs preuves pour réintégrer le groupe des Terreurs mais aussi pour ne pas être renvoyés de l’Université. Il en ressort une impression vraiment frustrante : les enjeux sont plats. Ensuite l’opposition Monstres/Humains du premier se transforme en opposition Monstres/Monstres ce qui n’a pas vraiment le même intérêt. Des exclus chez les exclus ? La gradation pourrait être intéressante mais nos monstres ne sont plus que des caricatures d’humains…
Sur 1h40 il y a à peu près cinq minutes d’émotions et il faut attendre la toute fin pour enfin ressentir quelque chose. Le contexte de l’université est un prétexte aux américains pour faire une comédie universitaire spécifiquement US (les monstres n’ont-ils donc pas d’originalité au point de copier le système éducatif yankee ?) : nous autre pauvres européens ne devrions pas beaucoup nous identifier à l’univers présenté. Au-delà de ça il y a quand même des qualités dans cet opus : techniquement c’est toujours irréprochable, la direction artistique est fantastique. Il y a également beaucoup d’humour sous la forme de nombreux sketchs, la caricature de certains étudiants est très drôle, et les facéties du duo Bob/Sully parfois hilarantes. Mais le bon sentiment ne suffit pas, encore faut-il lui donner un supplément d’âme. Comme souvent dans les sequels/prequels le film joue sur la nostalgie qu’on éprouve au souvenir d’un premier essai réussi, d’autant plus que Monstres et Cie a maintenant treize ans au compteur et que les personnages sont devenus cultes. En cela c’est une grande joie de les retrouver, dommage que cela se fasse au détriment d’une base solide. Peut-être qu’on en attendait un peu trop.
À noter le court métrage rituel The Blue Umbrella, qui narre la rencontre entre deux parapluies de couleurs dans un monde pluvieux et uniformisé. Bleu sait que Rouge est faite pour lui, il est intrigué et va chercher à la retrouver, aidé en cela par les éléments urbains qui prennent vie, comme cette bouche d’égout par exemple. Assez proche de Paperman – qui a reçu l’Oscar du court animé – dans sa progression, il s’agit une nouvelle fois d’une histoire d’amour extraordinaire liée aux hasards de la vie, et du fait de braver les éléments pour retrouver l’être aimé. C’est sur les formats courts que Pixar reste le plus pertinent et poétique, The Blue Umbrella bien que déjà vu est magique !
Résumé
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