Blanche Neige
USA : 2011
Titre original : Mirror Mirror
Réalisateur : Tarsem Singh
Scénario : Melisa Wallack
Acteurs : Lily Collins, Julia Roberts, Armie Hammer
Distribution : Metropolitan Filmexport
Durée : 1h45
Genre : Drame, Fantastique
Date de sortie : 11 avril 2012
Globale : [rating:1.5][five-star-rating]
Ces derniers mois, Tarsem et Blanche Neige voient double: deux films pour Tarsem Singh qui a signé il y a à peine quelques mois le décevant « Les immortels » et deux films mettant en scène la belle princesse des frères Grimm (Blanche-Neige et Blanche Neige et le chasseur, sortie prévue en juin 2012). Pour donner vie à la princesse aux cheveux noirs comme de l’ébène, Tarsem a choisi la jolie Lily Collins (fille de Phil) et la grande Julia Roberts pour incarner la méchante belle-mère.
Synopsis : Lorsque son père, le Roi, meurt, Blanche Neige est en danger. Sa belle-mère, cruelle et avide de pouvoir, l’évince pour s’emparer du trône. Quand la jeune femme attire malgré tout l’attention d’un Prince aussi puissant que séduisant, l’horrible marâtre ne lui laisse aucune chance et la bannit. Blanche Neige se réfugie alors dans la forêt… Recueillie par une bande de nains hors-la-loi au grand cœur, Blanche Neige va trouver la force de sauver son royaume des griffes de la méchante Reine. Avec l’aide de ses nouveaux amis, elle est décidée à passer à l’action pour reconquérir sa place et le cœur du Prince…
Une féérie de couleurs
Ce n’est plus à prouver, Tarsem sait faire de ses films des œuvres d’art sublimées par un défilé de couleurs et de merveilles. Un soin tout particulier a donc été apporté aux costumes et au décor pour transposer à l’écran l’un des plus célèbres contes des frères Grimm et le résultat est convaincant : certaines scènes de Blanche-Neige sont comme des friandises pour les yeux avec leurs explosions de couleurs. D’ailleurs, les couleurs tiennent une place primordiale dans le film et on retrouve un jeu de contraste entre blanc et noir (qui n’est pas sans rappeler la description de la jeune Blanche-Neige) mais aussi un palais où le doré suinte de partout tandis que les couleurs fades et sombres du village transmettent toute la douleur de ce peuple appauvris et impuissants sous le joug de la méchante reine. Ce parti pris évident semble légèrement simpliste néanmoins et l’on aurait préféré peut-être plus de subtilité. Cependant, cet excès peut aussi être envisagé comme une manière de parodier les clichés de conte de fées et d’offrir des codes clairs aux plus jeunes.
La féérie commence dès la scène d’introduction où des poupées relatent et mettent en scène le début de l’histoire, offrant une esthétique qui rappellent les illustrations de contes.
Le ridicule ne tue pas…
En revisitant le conte des frères Grimm, Tarsem s’englue dans une niaiserie que l’on ne lui connaissait pas jusqu’à présent. Adapter un conte à l’écran n’est pas chose aisée, compte tenu du public visé. En effet, les contes ne s’adressent pas qu’aux enfants, même si l’on les associe beaucoup à ces derniers.
Le parti pris de Tarsem semble être d’exagérer le côté enfantin et espiègle du conte, idée recevable certes, mais dangereuse. Le film évolue sur ce fil extrêmement tenu entre innocence et humour puéril, mais tombe très vite du côté du grotesque. Le film est truffé de passages cocasses qui vous laissent parfois échapper un sourire, mais malheureusement Tarsem perd les spectateurs en cours de route, désintéressés et fatigués par le cabotinage des personnages principaux et par le manque de subtilité de l’humour.
Pour couronner le tout, le réalisateur a cru bon d’ajouter une bête féroce, mais là encore l’espoir de voir enfin apparaître un peu d’action et de noirceur dans cette histoire s’envole bien vite, car la bête sauvage en question est à l’image du reste du film : ridicule.
Cependant, Julia Roberts parvient à trouver un certain équilibre dans son interprétation et le contraste entre sa cruauté et les couleurs sirupeuses de son palais donne un caractère singulier à son personnage.
Un jour mon prince viendra…
Le Prince, parlons en. Le prince charmant est sûrement LE personnage que l’on s’attend à voir majestueux, beau et fort, fier et courageux. Blanche-Neige, un jour ton prince viendra… Le prince charmant de Blanche-Neige est venu. On l’a vu. On a été déçu. Tarsem transforme un de ses personnages principaux en espèce de bouffon, personnage grotesque et risible. Dès sa première apparition, il est tourné en dérision, vaincu par les nains, laissé à demi-nu dans le bois. Le priver ainsi de ses vêtements signifie aussi le priver de sa majesté et de cette admiration que l’on devrait avoir pour lui. Le prince atteint le summum du ridicule quand il est soumis à une potion d’amour de la reine, le réduisant à un simple chiot frétillant.
Armie Hammer (The social network) avait le physique de l’emploi avec ses dents blanchissimes et son sourire aveuglant. Malheureusement, la succession de scènes grotesques lui font perdre toute crédibilité au point de se demander ce que Blanche Neige peut bien lui trouver. Même les nains sont plus attirants, à la fois attendrissants, drôles et joviaux.
D’ailleurs, Blanche Neige a elle aussi bien évolué… De jolie princesse innocente qui fait le ménage et sert la soupe aux sept nains, la voici promue au rang de bandit des grands chemins en pleine quête identitaire. Les féministes le répéteront assez : «Non! La place de la femme n’est pas à la maison!», mais quand même… Tarsem n’a-t-il pas confondu Blanche Neige et Robin des bois?
Dans la lignée des libertés prises avec le conte originel, on notera également l’absence remarquée de l’une des stars de l’histoire, à savoir la pomme empoisonnée, qui ne nous offre qu’une apparition inutile et inaboutie…
Résumé
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Je suis bien d’accord, ce film est d’une niaiserie surprenante…