Critique : Millenium – Les hommes qui n’aimaient pas les femmes

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Millenium : Les hommes qui n’aimaient pas les femmes

Millenium - Les hommes qui n’aimaient pas les femmesMillenium – Les hommes qui n’aimaient pas les femmes

USA : 2011
Titre original : The Girl with the dragon tatoo
Réalisateur : David Fincher
Scénario : Stieg Larsson, Steven Zaillian
Acteurs : Rooney Mara, Daniel Craig, Robin Wright
Distribution : Sony Pictures Releasing France
Durée : 2h38
Genre : Thriller
Date de sortie : 18 janvier 2012

4,5/5

Les Américains sont d’étranges lurons. Plutôt que de sortir un film étranger directement en l’état sur leur sol, le film passe par un processus de réécriture/retournage plus communément appelé remake. La manœuvre avouée est de gommer ce qui ne plairait pas au public américain pour l’adapter à sa sauce: en résumé les majors hollywoodiens prennent les spectateurs pour des imbéciles égocentriques entièrement tournés vers leur cinéma codifié. Elle est également financière: plus de recettes sur une production originale que sur la distribution d’un film ! Pour la transposition d’un livre, l’argument trouvé est que le nouveau projet est une nouvelle adaptation et non un remake du film de départ. Ainsi la trilogie choc Millénium de Stieg Larsson a aujourd’hui droit à une deuxième version, après le film de Niels Arden Oplev sorti en 2009. Avec le génial David Fincher à la réalisation et Daniel Craig dans le rôle principal on ne peut qu’être intrigué et aller voir. Mais cela vaut-il le prix de la place si on a déjà vu l’excellent Millénium suédois ?

Synopsis : Mikael Blomkvist, brillant journaliste d’investigation, est engagé par un des plus puissants industriels de Suède, Henrik Vanger, pour enquêter sur la disparition de sa nièce, Harriet, survenue des années auparavant. Vanger est convaincu qu’elle a été assassinée par un membre de sa propre famille.

Lisbeth Salander, jeune femme rebelle mais enquêtrice exceptionnelle, est chargée de se renseigner sur Blomkvist, ce qui va finalement la conduire à travailler avec lui.

Entre la jeune femme perturbée qui se méfie de tout le monde et le journaliste tenace, un lien de confiance fragile va se nouer tandis qu’ils suivent la piste de plusieurs meurtres. Ils se retrouvent bientôt plongés au cœur des secrets et des haines familiales, des scandales financiers et des crimes les plus barbares…

Millenium : Les hommes qui n’aimaient pas les femmes

Mea Culpa tout d’abord, ce papier fera beaucoup référence au film d’Oplev. Celui-ci étant encore très frais dans nos mémoires il serait difficile de passer outre et de ne pas comparer les deux œuvres même inconsciemment…

Fincher pourtant se démarque dés les premières minutes et frappe un grand coup: un sublime générique vient ouvrir le film. Sous les notes pop-rock de guitaristes déchaînés, des corps se mêlent et s’entremêlent sous le regard d’anges, se transformant parfois en monstres informes, dans une clarté obscur où tout semble fait d’argent liquide – ou de pétrole suivant la lumière. On a l’impression de se retrouver devant le générique d’un James Bond en survitaminé et beaucoup plus sexy. Le ton est donné: le film sera sulfureux, rock, profondément classe, aussi lumineux que sombre parfois: la suite nous donnera raison. Car la grande force de Fincher, Oplev à contrario, est de s’éloigner du roman dont il réalise l’adaptation. Moins fidèle ce qui lui permet non seulement de se démarquer face à la vision du suédois, et apporter sa touche personnelle à cette sombre histoire. Tout d’abord le rapport d’équilibre: là le tandem Lisbeth/Michael penche totalement en faveur de la jeune femme. Si jusqu’à présent l’intelligence et la sagacité des deux personnages était égale sur le plan de l’avancée de l’intrigue, c’est Lisbeth qui tient la corde ici. Ce n’est finalement pas un mal car la jeune Rooney Mara (The Social Network) est fabuleuse. Tantôt forte elle se montre aussi totalement fragile, faisant de Lisbeth Salander un personnage complexe et fascinant, parfois bestiale et implacable comme parfois angélique.

Daniel Craig est très naturel et plutôt drôle : si son personnage n’est pas vraiment l’égal intellectuel de sa complice il apporte tout de même une bouffée d’air frais et un certain panache. La volonté du réalisateur est de les placer l’un dans la continuité de l’autre, ils se complètent : c’est une autre vision du couple qu’ils forment, mais elle fonctionne tout autant. Petit problème à évoquer cependant: les quinze dernières minutes du film sont à jeter. Non pas qu’elles soient inintéressantes, bien au contraire, le problème vient du fait que Fincher étire une sous-intrigue jusqu’à n’en plus pouvoir ce qui provoque un gros problème de rythme. La fin aurait presque pu être le début d’un deuxième film ! Il est fâcheux, alors que le climax est passé, que le soufflé est retombé, que la trame principale est achevée, de continuer autant. Le précédent Millénium l’avait compris et stoppait la machine avant d’en arriver là. Heureusement, Rooney Mara (encore elle) parvient à nous tenir pleinement éveillé malgré cet écart dispensable, les dernières secondes étant très révélatrices de sa personnalité.

Millenium : Les hommes qui n’aimaient pas les femmes

Un sentiment de déjà-vu mais un film à voir absolument

Le problème pour le spectateur ayant déjà vu une précédente adaptation d’une œuvre est l’effet de lassitude. Quel intérêt effectivement de payer à nouveau pour voir une histoire dont on connaît le cheminement -très dommageable pour un thriller- et qu’on a déjà adoré ! Si on prend un film comme King Kong (E.B. Schoedsack, M.C. Cooper, 1933), exemple poussif on vous l’accorde mais attendez la suite: il a fallu attendre 43 ans avant de le voir réadapté (John Guillermin, 1976) puis à nouveau 29 ans (Peter Jackson, 2005), offrant à chaque fois le film à une nouvelle génération de spectateurs qui ne connaissait pas forcément le film d’avant. Dans le cas de Millénium la précédente adaptation date de 2 ans ! Et elle avait été un succès en France attirant plus de 1,2 millions de personnes en salles. Pas assez de recul ?

Ptet ben qu’oui, ptet ben qu’non comme dirait l’adage normand. Si on pourra naturellement comprendre l’argument, le cinéphile qui sommeil en nous (ou qui est pleinement éveillé, c’est selon) sera forcément titillé de voir quelqu’un comme David Fincher, l’homme derrière Seven, Fight Club, Zodiacle maître du thriller en somme, s’intéresser au projet. La photographie est magnifique, neigeuse comme la météo, le casting bon voire très bon, l’histoire passionnante et complexe. Peu de choses à redire en fait. Il faut prendre ce film pour ce qu’il est: une œuvre à part entière. Inutile de vous lobotomiser si vous connaissez le mot de la fin, c’est dommageable mais c’est tant pis. À vrai dire on aurait justement pas pensé avant d’entrer en salle que le film parviendrait malgré sa durée (2h38) à nous passionner du début à la fin (ou presque). L’envie de voir comment Fincher s’en sortirait, comment il nous surprendrait. Challenge relevé tant son onzième long métrage figure probablement dans son hit personnel. Pour tout dire, il se révèle encore plus passionnant et mieux écrit qu’un certain Zodiac.

Résumé

Évidemment il faut voir ce Millénium 2012 ! Ceux qui n’ont pas vu le film d’Oplev n’ont aucun prétexte pour le rater: le métrage de Fincher est tout simplement excellent, maîtrisé, et passionnant de bout en bout. Et pour ceux qui ont la version précédente encore en tête, il faudra faire fi de rebondissements déjà connus et apprécier le voyage plutôt que la destination.

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1 COMMENTAIRE

  1. Un montage remarquable, une bande-son envoûtante et inquiétante, un univers fascinant, une Lisbeth Salander aussi magnétique que touchante et inquiétante, deux acteurs remarquables, une photographie sublime, une réalisation soignée, bref un divertissement de haut niveau malgré une intrigue pas toujours originale. Toutefois, je me suis régalé les 4x que je l’ai vu ^^

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