À l’occasion de son cinquantième anniversaire, la SRF, la Société des Réalisateurs de Films, fait très fort pour le choix du lauréat de son seizième Carrosse d’or, un trophée «destiné à récompenser un réalisateur choisi pour les qualités novatrices de ses films, pour son audace et son intransigeance dans la mise en scène et la production».
Martin Scorsese est selon le communiqué officiel «un cinéaste d’exception et une source d’inspiration intarissable» révélé aux yeux du monde sur la Croisette en 1974 avec Mean Streets qui a fait ses débuts à la Quinzaine des Réalisateurs. Il avait déjà certes tourné les longs-métrages Who’s That Knocking at My Door et Bertha Boxcar mais c’est ce film qui l’a mis sur la carte mondiale des plus grands cinéastes de l’Histoire du cinéma et un des plus influents depuis. Il est le troisième cinéaste américain à recevoir ce trophée après Clint Eastwood et Jim Jarmusch.
Il ne fait pas partie de la liste des cinéastes ayant présenté le plus de longs-métrages à Cannes, mais reste néanmoins très lié à cette manifestation. Dès l’année suivant son premier passage, il rejoint «la cour des grands» avec Alice n’est plus ici et il reçoit la Palme d’or en 1976 pour Taxi driver. Trois éditions auront ainsi suffi à assurer sa légende. En 1983, il est à nouveau en lice pour la Palme avec La Valse des pantins et en 1986 pour sa dernière participation à la compétition avec After hours, il reçoit le Prix de la mise en scène.
Hors-compétition, il présente notamment le film concert The Last Waltz, le film à sketchs New York Stories co-réalisé avec Woody Allen et Francis Ford Coppola, ainsi que le documentaire Mon Voyage en Italie. En 1998, il est le président du jury qui remet la Palme d’or à L’éternité et un jour de Théo Angelopoulos et le Grand Prix à La Vie est belle de Roberto Benigni. Nouvelle présidence cannoise, celle de la Cinéfondation et des courts métrages, en 2002 avec une Palme d’or pour Eso utan du hongrois Péter Mészáros.
Il est l’un des complices les plus ardents de Cannes Classics, notamment grâce à la World Cinema Foundation consacrée à la préservation et la restauration d’œuvres négligées appartenant au cinéma mondial, dont il est l’un des artisans de la création en 2007. La Servante de Kim Ki-young, Un été sans eau de Metin Erksan, La Loi de la frontière de Lütfi Akad, Touki Bouki de Djibril Diop Mambéty ou A Brighter Summer Day d’Edward Yang sont ainsi passés à Cannes grâce à cette fondation et à son implication forte.
Cinéphile reconnu, il est également l’un des intervenants les plus réguliers des documentaires sur le cinéma présentés dans cette section dont Cameraman: The Life and Work of Jack Cardiff ; Le Monde de Corman : exploits d’un rebelle hollywoodien ; Woody Allen: A Documentary ; Life Itself sur le critique de cinéma Roger Ebert ou This is Orson Welles.
Une journée exceptionnelle sera organisée en sa présence le mercredi 9 mai 2018 au Théâtre Croisette. À 14h30 projection de Mean Streets, suivie d’une conversation avec le cinéaste. Le prix sera remis pendant la Cérémonie d’ouverture de la Quinzaine des réalisateurs.
Il succède à d’autres grands noms du cinéma mondial dont certains ont marqué l’Histoire de la Quinzaine :
2002 : Jacques Rozier (France)
2003 : Clint Eastwood (Etats-Unis)
2004 : Nanni Moretti (Italie)
2005 : Ousmane Sembene (Sénégal)
2006 : David Cronenberg (Canada)
2007 : Alain Cavalier (France)
2008 : Jim Jarmusch (Etats-Unis)
2009 : Naomi Kawase (Japon)
2010 : Agnès Varda (France)
2011 : Jafar Panahi (Iran)
2012 : Nuri Bilge Ceylan (Turquie)
2013 : Jane Campion (Nouvelle-Zélande)
2014 : Alain Resnais (France) (posthume)
2015 : Jia Zhangke (Taïwan)
2016 : Aki Kaurismäki (Finlande)
2017 : Werner Herzog (Allemagne)
Quel grand réalisateur!!!