Mandela : Un long chemin vers la liberté
Angleterre, Afrique du sud : 2013
Titre original : Mandela: Long Walk to Freedom
Réalisateur : Justin Chadwick
Scénario : William Nicholson
Acteurs : Idris Elba, Naomie Harris, Tony Kgoroge
Distribution : Pathé Distribution
Durée : 2h26
Genre : Drame
Date de sortie : 18 décembre 2013
Globale : [rating:4.5][five-star-rating]
On se souvient de Clint Eastwood et son Invictus qui évoquait déjà Nelson Mandela (formidable Morgan Freeman) sous le prisme assez singulier d’une nation post-Apartheid rassemblée autour d’un événement fédérateur comme une coupe du monde de rugby. Aujourd’hui Justin Chadwick, à qui l’on doit Deux soeurs pour un roi, adapte un roman fleuve sur la vie du célèbre avocat devenu le symbole de tout un peuple.
Synopsis : Né et élevé à la campagne, dans la famille royale des Thembus, Nelson Mandela gagne Johannesburg où il va ouvrir le premier cabinet d’avocats noirs et devenir un des leaders de l’ANC.
Son arrestation le sépare de Winnie, l’amour de sa vie qui le soutiendra pendant ses longues années de captivité et deviendra à son tour une des figures actives de l’ANC.
À travers la clandestinité, la lutte armée, la prison, sa vie se confond plus que jamais avec son combat pour la liberté, lui conférant peu à peu une dimension mythique, faisant de lui l’homme clef pour sortir son pays, l’Afrique du Sud, de l’impasse où l’ont enfermé quarante ans d’apartheid. Il sera le premier Président de la République d’Afrique du Sud élu démocratiquement.
Biopic ultime ?
Le hasard de l’actualité fait que malheureusement Mandela nous quitte seulement quelques jours avant la sortie du film, qui constituera donc un hommage posthume. Cela ne devrait rendre la narration que plus forte car Mandela : Un long chemin vers la liberté devrait vous bouleverser. Sous son apparente densité et sur les nombreux sujets graves qu’il couvre c’est avant tout un grand film humaniste. L’histoire suit assez peu ses jeunes années, se contentant d’une introduction assez expéditive sur un rituel de passage à l’âge adulte. Musique puissante, envolées lyriques, le film impressionne tout de go par sa maîtrise du cadre, des espaces, et son atmosphère. Toute la première partie est centrée sur le jeune avocat Madiba, idéaliste et pourtant conscient de la société inégalitaire dans laquelle il vit. La transition entre cette période et son statut de leader de l’ANC est un peu brutale. Cela n’est pas trop gênant dans la mesure où les différences ethniques sont tellement révoltantes qu’on adhère à ce point de vue sans trop de problème. Et puis le film étant déjà assez long, il fallait bien faire des choix. Il demeure un biopic un peu atypique dans la mesure où il est très écrit avec une mise en scène souvent très recherchée.
Idris Elba, retenez bien ce nom. Encore assez peu connu du grand public (malgré ses seconds rôles dans Thor et Pacific Rim) le monsieur a là tout le potentiel pour exploser et être cité à l’Oscar. C’est en tout cas le mal qu’on lui souhaite tant il devient avec un grand talent l’ancien président sud-Africain. Une gueule et beaucoup de charisme, on passe du coup très vite sur la faible ressemblance physique entre l’acteur et l’homme qu’il incarne.
La relation de Mandela avec sa femme est des plus intéressantes et sûrement un segment assez méconnu. L’ayant soutenu toute sa vie dans son combat (et en ayant payé le prix après un an d’emprisonnement et divers humiliations) elle finira par devenir une révolutionnaire dans les forces armées. Son mari lui, voudra à tout prix éviter le bain de sang et préférera la solution diplomatique, tout en ayant la force de pardonner à ses bourreaux ses vingt-sept ans (!) d’emprisonnement. Naomie Harris joue avec une grande justesse cette femme, mariée très jeune et au départ un peu naïve et utopiste, qui finira en féroce guerrière. Leur relation est à la fois riche et complexe, les deux personnages voulant parvenir aux mêmes fins avec des moyens très différents. L’autre force du film c’est que Mandela n’est jamais totalement idéalisé, notamment dans son rapport avec sa première femme, qu’il trompait ; et envers son premier fils qu’il n’a jamais vraiment connu, étant un père dévoué à sa cause et de fait absent.
La gorge souvent serrée devant les injustices subies par la communauté noire, devant la haine suscitée envers des gens qui n’ont comme seule « différence » que la couleur de leur peau, le film met en exergue les plus vils instincts de l’humanité et demeure souvent révoltant. Et se dire qu’il aura fallu qu’un homme sacrifie sa vie à une cause qui lui aura coûté énormément sur le plan personnel… Pour tout ça merci Madiba !
Résumé
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