Made In France ne sortira pas en salles

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made in france affiche

Le long-métrage de Nicolas Boukhrief, Made In France, thriller sur un journaliste infiltré dans une cellule djihadiste, ne sortira finalement pas en salles. Daté pour le mercredi suivant les attentats du 13 novembre, il avait été déprogrammé sine die, le président du distributeur Pretty Pictures James Velaise, précisant alors au Monde : «Nous sommes sous le choc. L’idée est de faire profil bas. Les salles n’ont fait aucune pression pour retirer le film. C’est une décision que j’ai prise avec les producteurs pour éviter toute provocation».

La sortie, forcément moins large déjà, avait ensuite été fixée au 20 janvier, le distributeur précisant déjà qu’il sortirait en VOD dès le 29 janvier, ce qui réduisait clairement sa visibilité. Une centaine de copies était prévue dans un premier temps mais il semblait certain que le nombre serait revu nettement à la baisse. Pretty Pictures précisait pourtant alors dans son communiqué officiel que «il est plus que jamais essentiel de permettre au public de voir le film. Parce que son visionnage éclaire l’actualité, sans jugement ni polémique, le rendre accessible au plus grand nombre fait partie du combat pour la liberté». La mention «Ce film a été tourné avant les attentats de janvier 2015» avait été ajoutée en préambule de la bande-annonce.

Via son compte Twitter, le distributeur a finalement jeté l’éponge pour cette exploitation sur grand écran face aux difficultés de programmation liées au sujet, tout en maintenant la sortie VOD en partenariat avec TF1 Vidéo. James Velaise, interrogé par 20 Minutes, a souligné que «quelques cinémas indépendants ont manifesté le désir de le défendre, mais pas en nombre suffisant pour couvrir toutes les grandes agglomérations». Cette annulation de sortie peut paraître mineure dans l’absolu mais le geste est lourd de sens sur la réalité de la liberté d’expression en France. Si les raisons de cette annulation n’ont pas été explicitées, l’on comprend entre les lignes que la sortie devenait difficile à gérer à de nombreux titres, autant financièrement qu’à cause de craintes plus ou moins fondées sur les troubles pouvant être occasionnés par cette sortie.

De façon symbolique, il serait peut-être bienvenu que l’Académie des César autorise le film à concourir à sa soirée annuelle de récompenses en 2017 pour marquer un soutien même relatif à cette disparition contrainte d’un long-métrage. Pensées pour l’équipe du film, quelle qu’en soit la qualité (je ne l’ai pas vu) qui doit être pour le moins désappointée et choquée par cette décision. Le casting réunissait notamment Malik Zidi, Dimitri Storoge, François Civil, Nassim Si Ahmed, Ahmed Dramé, Franck Gastambide et Judith Davis.

made in france dimitri storoge

Nicolas Boukhrief, fondateur de Starfix aux côtés de Christophe Gans, a réalisé son premier film, Va mourire, en 1994 et signé depuis Le Plaisir (et ses petits tracas), Le Convoyeur, Cortex, Gardiens de l’ordre et est attendu cette année avec La Confession, une libre adaptation du roman Léon Morin, prêtre de Béatrix Beck. Succéder à Jean-Pierre Melville, amateur comme lui de cinéma de genre américain, est un drôle de pari… Il dirigera pour l’occasion Romain Duris et Marine Vacth en lieu et place de Jean-Paul Belmondo et Emmanuelle Riva ainsi que Anne Le Ny, Solène Rigot, Amandine Dewasmes (L’Arnacœur) et Lucie Debay (Melody).

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