Au mois d’août, en plein cœur de l’été, il ne se passe pas grand-chose au cinéma, vous dites ? Certes, le rythme des sorties hebdomadaires tourne au ralenti et pour se rafraichir, une salle de cinéma n’est qu’une option parmi d’autres, concurrencée pendant une semaine encore par l’euphorie olympique. Il n’empêche que, si vos moyens financiers le permettent et si vous vous sentez d’attaque pour un voyage au cœur des Alpes au bord du lac Majeur, l’actualité festivalière reprendra bien longtemps avant l’ouverture de la Mostra de Venise à la fin du mois. Depuis près de quatre-vingts ans, le Festival de Locarno est le rendez-vous incontournable des festivaliers d’été, ceux qui reviennent à peine de La Rochelle et qui organisent d’ores et déjà fiévreusement leur emploi du temps de la rentrée.
La 77ème édition du Festival de Locarno s’ouvrira dans un peu moins d’une semaine, le mercredi 7 août, pour se terminer une dizaine de jours plus tard, le samedi 17 août. Parmi les personnalités du cinéma qui y feront escale pour récupérer l’un des nombreux prix honorifiques, on peut citer les actrices françaises Irène Jacob et Mélanie Laurent, l’acteur et réalisateur français Guillaume Canet, le réalisateur mexicain Alfonso Cuaró
n et la star de Bollywood Shah Rukh Khan. Dans les différentes sections du festival, on trouvera les nouveaux films de cinéastes aussi reconnus internationalement que le Chinois Wang Bing, le Coréen Hong Sang-soo, l’Allemand Christoph Hochhäusler, le Roumain Radu Jude, l’Italien Marco Tullio Giordana, le Belge Fabrice Du Welz, ainsi que les Français Bertrand Mandico et Isild Le Besco.
Or, la partie du Festival de Locarno qui nous intéresse ici, c’est la grande rétrospective dédiée au centième anniversaire du mythique studio hollywoodien Columbia Pictures. Alors que le thème de l’hommage est connu depuis la fin du mois de mars, la quarantaine de titres sélectionnés n’a été communiquée qu’ultérieurement. Puis, nous avons pris la diffusion cette semaine-ci de la bande-annonce de la rétrospective autour de la dame avec la torche comme prétexte pour y revenir. A savoir que d’autres manifestations autour du centenaire de la Columbia ont déjà eu lieu, par exemple au dernier Festival de Cannes avec la projection de Gilda de Charles Vidor en copie restaurée, ou sont en cours actuellement, comme l’intégrale des films de fiction consacrés à Spider-Man, tous les jeudis soirs avec ce jour The Amazing Spider-Man de Marc Webb avec Andrew Garfield.
Toutefois, c’est la rétrospective de Locarno qui paraît constituer la pièce maîtresse de cette année placée sous le signe de la Columbia. Contrairement à la concurrence aînée de la Warner, qui avait célébré ses premiers cent ans en 2023 avec des ressorties de moult classiques, le studio géré depuis 1989 par les capitaux japonais de la Sony a préféré fouiller dans ses archives pour présenter au public cinéphile du festival un beau florilège de raretés.
Car même si l’on trouve sur la liste d’une quarantaine de longs-métrages et de quatre courts-métrages des films passés à peu près intacts à la postérité, comme le jubilatoire Train de luxe de Howard Hawks, l’édifiant L’Extravagant Mr Deeds de Frank Capra, le très politique Les Fous du roi de Robert Rossen et le très sombre Règlement de comptes de Fritz Lang, la part de la redécouverte y domine largement. De quoi voir des vedettes de l’âge d’or du studio, de 1929 à 1959, comme Spencer Tracy, Edward G. Robinson, Jean Arthur, Rosalind Russell, Cary Grant, Rock Hudson, Gloria Grahame et Randolph Scott dans des films globalement méconnus …
Huit des films programmés à Locarno seront repris à la rentrée à la Cinémathèque Suisse, à Lausanne. Cette reprise partielle sera enrichie de cinq titres mythiques du catalogue de la Columbia Pictures, par ordre chronologique : Seuls les anges ont des ailes de Howard Hawks, Gilda de Charles Vidor, La Dame de Shanghai de Orson Welles, Le Violent de Nicholas Ray et Lawrence d’Arabie de David Lean.
Les 15 films présentés en copie numérique (DCP)
Ceux de la zone (1933) de Frank Borzage, avec Spencer Tracy et Loretta Young
Umpa (1933) de Archie Gottler, avec Jack Osterman et Gloria Shae [court-métrage]
Train de luxe (1934) de Howard Hawks, avec John Barrymore et Carole Lombard
Toute la ville en parle (1935) de John Ford, avec Edward G. Robinson et Jean Arthur
L’Extravagant Mr Deeds (1936) de Frank Capra, avec Gary Cooper et Jean Arthur – Oscar du Meilleur réalisateur en 1937
You Natzy Spy ! (1940) de Jules White, avec les Three Stooges [court-métrage]
La Justice des hommes (1942) de George Stevens, avec Cary Grant et Jean Arthur
Pas un n’échappera (1944) de André De Toth, avec Marsha Hunt et Alexander Knox
Les Fous du roi (1949) de Robert Rossen, avec Broderick Crawford et John Ireland – Oscars du Meilleur Film, du Meilleur acteur à Broderick Crawford et de la Meilleure actrice dans un second rôle à Mercedes McCambridge en 1950
Le Maître du gang (1949) de Joseph H. Lewis, avec Glenn Ford et Nina Foch
Bataille sans merci (1953) de Raoul Walsh, avec Rock Hudson et Donna Reed
Une femme qui s’affiche (1954) de George Cukor, avec Judy Holliday et Peter Lawford
Ma sœur est du tonnerre (1955) de Richard Quine, avec Janet Leigh et Jack Lemmon
Picnic (1955) de Joshua Logan, avec William Holden et Kim Novak – Oscars du Meilleur montage et des Meilleurs décors (couleur) en 1956
Amère victoire (1957) de Nicholas Ray, avec Richard Burton et Curd Jürgens
Le Salaire de la violence (1958) de Phil Karlson, avec Van Heflin et Tab Hunter
La Chevauchée de la vengeance (1959) de Budd Boetticher, avec Randolph Scott et Karen Steele
Les 24 films présentés en copie argentique (35 mm)
Wall Street (1929) de Roy William Neill, avec Ralph Ince et Aileen Pringle
Brothers (1930) de Walter Lang, avec Bert Lytell et Dorothy Sebastian
Three Wise Girls (1932) de William Beaudine, avec Jean Harlow et Mae Clarke
Vanity Street (1932) de Nicholas Grinde, avec Charles Bickford et Helen Chandler
Washington Merry-Go-Round (1932) de James Cruze, avec Lee Tracy et Constance Cummings
La Fiancée imprévue (1935) de William A. Seiter, avec Herbert Marshall et Jean Arthur
Disorder in the Court (1936) de Jack White, avec les Three Stooges [court-métrage]
L’Obsession de Madame Craig (1936) de Dorothy Arzner, avec Rosalind Russell et John Boles
Laissez-nous vivre (1939) de John Brahm, avec Maureen O’Sullivan et Henry Fonda
Pest from the West (1939) de Del Lord, avec Buster Keaton et Lorna Gray [court-métrage]
Girls under 21 (1940) de Max Nosseck, avec Bruce Cabot et Rochelle Hudson
Under Age (1941) de Edward Dmytryk, avec Nan Grey et Alan Baxter
Ma sœur est capricieuse (1942) de Alexander Hall, avec Rosalind Russell et Brian Aherne
Sahara (1943) de Zoltan Korda, avec Humphrey Bogart et Bruce Bennett
Adresse inconnue (1944) de William Cameron Menzies, avec Paul Lukas et Carl Esmond
Coup de foudre (1944) de Charles Vidor, avec Irene Dunne et Charles Boyer
Don Gale Agent privé (1946) de William Castle, avec Richard Dix et Barton MacLane
Les Aventuriers du désert (1949) de John Sturges, avec Randolph Scott et Ella Raines
La Cité de l’épouvante (1950) de Earl McEvoy, avec Evelyn Keyes et Charles Korvin
La Racoleuse (1951) de Hugo Haas, avec Hugo Haas et Beverly Michaels
Catch conjugal (1952) de Frank Tashlin, avec Robert Cummings et Barbara Hale
Les Frontières de la vie (1953) de Maxwell Shane, avec Vittorio Gassman et Gloria Grahame
Règlement de comptes (1953) de Fritz Lang, avec Glenn Ford et Gloria Grahame
La Charge des tuniques bleues (1955) de Anthony Mann, avec Victor Mature et Guy Madison
Femmes en prison (1955) de Lewis Seiler, avec Ida Lupino et Jan Sterling
Meurtre sous contrat (1958) de Irving Lerner, avec Vince Edwards et Phillip Pine