Jane Campion n’est certainement pas la plus prolifique des cinéastes. Avec seulement huit longs-métrages en désormais trente-cinq ans de carrière depuis ses débuts avec Sweetie en 1989, sa filmographie est aussi reconnue que clairsemée. Toutefois, en tant que personnalité présente sur la scène du cinéma international, la réalisatrice néo-zélandaise cherche encore son égal. Ainsi, c’est un nouveau prix honorifique qui s’ajoutera cet été à sa collection déjà bien fournie, grâce au Léopard d’honneur du Festival de Locarno. C’est ce que la direction du festival suisse a annoncé ce jour par voie de communiqué de presse. Sa 77ème édition aura lieu du mercredi 7 au samedi 17 août prochains.
Campion recevra son prix le soir du vendredi 16 août, avec à la clef une projection sur la célèbre Piazza Grande de l’un de ses films les plus emblématiques dans une copie 4K nouvellement restaurée : La Leçon de piano, Palme d’or au Festival de Cannes en 1993. Le lendemain, la réalisatrice rencontrera le public lors d’une conversation. Un ange à ma table, le film qui l’avait lancée sur la scène internationale suite à son sacre au Festival de Venise en 1990 où il avait décroché le Grand Prix, sera également projeté pendant le festival.
Jane Campion est la quarantième lauréate du Léopard d’or honorifique depuis son instauration en 1989. Elle succède à des confrères récemment récompensés tels que John Waters, John Landis et Harmony Korine. Avec son inclusion sur cette liste prestigieuse, qui compte également les réalisateurs français Jacques Rivette, Jean-Luc Godard, Leos Carax, Jean-Marie Straub et Bruno Dumont, elles sont à présent quatre réalisatrices à y figurer : la Roumaine Kira Mouratova (Le Syndrome asthénique), la Belge Agnès Varda (Visages villages), l’Américaine Kelly Reichardt (Showing Up) et donc la Néo-Zélandaise Jane Campion.
Jane Campion (* 1954) a beau ne pas disposer d’un lien direct avec le Festival de Locarno, c’est malgré tout grâce à ses sélections récurrentes aux plus prestigieux des festivals qu’elle a bâti sa réputation brillante à l’international. Celui de Cannes pour commencer, où elle avait gagné deux Palmes d’or : celle du court-métrage en 1986 avec Peel Exercice de discipline et celle du long grâce à La Leçon de piano en 1993 donc, devenant alors la première femme honorée de la sorte, voire la seule pendant vingt-huit longues années jusqu’au sacre de Julia Ducournau avec Titane en 2021. Deux autres de ses films y ont été sélectionnés en compétition, Sweetie en 1989 et Bright Star vingt ans plus tard.
Ses quatre passages à la Mostra de Venise ont de même été amplement remarqués. Notamment sa première sélection précitée, ainsi que sa dernière à ce jour avec The Power of the Dog, Lion d’argent de la mise en scène en 2021. Entre-temps, elle y avait présenté Portrait de femme en 1996 et Holy Smoke en 1999. Sinon, Jane Campion est la lauréate de deux Oscars, pour le Meilleur scénario original de La Leçon de piano en 1994 et pour la Meilleure réalisatrice avec The Power of the Dog en 2022, ainsi que du César du Meilleur Film étranger avec La Leçon de piano en 1994. Parmi les autres festivals l’ayant honorée déjà avant celui de Locarno, on peut citer ceux de Cannes et son Carrosse d’or en 2013 et de Telluride en 2021.
Enfin, elle a été la présidente du jury au Festival de Cannes en 2014, l’année de la Palme d’or de Winter Sleep de Nuri Bilge Ceylan.