Livre : Tony et Ridley Scott, frères d’armes

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Titre : Tony et Ridley Scott, frères d’armes

Auteur : Marc Moquin

Editeur : Playlist Society

Date de publication : 23 mai 2018

Nombre de pages : 160

Format : 14×18.3

Prix : 14 euros

 

Contrairement à de nombreuses fratries de réalisateurs (Coen, Dardenne ou même Russo), Tony et Ridley Scott, eux, ne travaillent pas ensemble. Mais, comme le démontre cet essai de Marc Moquin (cofondateur de Revus et corrigés que l’on avait d’ailleurs interviewé ici), les filmographies des deux frères se répondent entre elles, tout en étant singulières. Il ne s’agit peut être pas de deux faces d’une même pièce, mais de deux échos qui ne cessent de se répondre – et ce même après le décès prématuré de Tony Scott.

Si Ridley Scott est un cinéaste que le public a du mal à cerner, il n’en demeure pas moins respecté pour avoir signé coup sur coup deux immenses films de l’Histoire du cinéma, Alien : Le 8eme passager et Blade Runner. Tony Scott, par contre, peut aujourd’hui encore être considéré comme un (bon) faiseur de films d’action, mais pas vraiment un auteur respectable. Dans ce nouveau livre des éditions Playlist Society, l’auteur nous montre – entres autres – la richesse thématique du papa de Top Gun, qui partage avec son frère une vision similaire du monde, que tout deux expriment différemment.

On se rend ainsi compte au fil des pages des multiples thèmes qu’ont en commun les deux frères. En faire une liste exhaustive ici n’aurait aucun intérêt, surtout qu’ils se suivent et s’imbriquent logiquement au fur et à mesure de notre lecture. Parmi les thèmes forts de ces filmographies sœurs, on retient par exemple « l’homme face à lui-même » : des doubles des héros apparaissent de manière récurrente chez les frères Scott, et Marc Moquin va ainsi jusqu’à mettre en parallèle deux films presque jumeaux (Uss Alabama et A armes égales).

Bien entendu, l’auteur ne se borne pas à une analyse seulement littéraire, mais s’attarde longuement sur les images crées par Ridley et Tony Scott. Des images aux références multiples (d’Anthony Mann aux Sentiers de la gloire, en passant par Leni Riefenstahl pour Gladiator par exemple), mais dont on trace une base commune. On retrouve d’ailleurs un héritage étonnant dans le premier long-métrage de chaque Scott : Barry Lyndon, musicalement dans Les Prédateurs, visuellement dans certains plans de Les Duellistes ! Plus largement, l’essai ne se borne pas à des références cinématographiques, mais va puiser chez des peintres italiens du XVIe-XVIIe siècle, dont l’influence est presque logique vu la formation des deux frères.

Si couvrir exhaustivement les deux filmographies est mission impossible en 150 pages, quelques films clés reviennent dans plusieurs chapitres. On retrouve ainsi une belle analyse de Man on fire, qui semble être l’apogée de Tony Scott, tant d’un point de vue thématique que d’un point de vue formel. La description de son tournage, avec d’innombrables moyens de captation, révèlent la recherche constante du cinéaste de nouvelles images – et cela inclut filmer un blockbuster avec des caméras à manivelle.

L’essai est donc passionnant de bout en bout. Analysant les filmographies de Ridley et Tony Scott en les liant le plus possible, l’amour de l’auteur pour Tony devient contagieux. Pour l’un comme pour l’autre, on ressort de notre lecture avec l’envie de revoir leurs chefs d’œuvres, de rattraper leurs films moins connus. Un des buts de l’ouvrage semblait être de réhabiliter un certain cinéma de la sensation : c’est réussi !

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